La transition durable ne pourra se faire sans la mobilisation des entreprises dotées des compétences recherchées
Représentante des intérêts des entreprises établies au Luxembourg, la Chambre de Commerce veut promouvoir et faciliter le développement durable au cœur des organisations, en s’appuyant sur le maillage des acteurs phare de la « sustainability ». Une stratégie qui passe par une pédagogie constante et un accès aux bonnes formations.
« Tirer tout un écosystème vers le haut »
La Chambre de Commerce, dans une stratégie qui doit fédérer l’ensemble du tissu économique luxembourgeois, s’est impliquée dans le développement durable et l’avènement officiel prochain de la House of Sustainability (une plateforme fédérant les acteurs du domaine, pour un accompagnement efficace des entreprises et une veille permanente) en sera un nouveau jalon.
Sous le slogan « Notre cap 2030 commun – ensemble, vers un avenir durable », la Chambre de Commerce a poussé le curseur et présenté, en juillet 2021 déjà, une stratégie orientée par les « 10 Luxembourg Sustainable Business Principles ».
Pour Anne-Marie Loesch, Head of Business Development & CSR à la Chambre de Commerce du Luxembourg, c’est « la continuité de nos actions placées notamment dans le contexte européen, le Green Deal, les réglementations en cours et à venir, la vision Zero Emission. Mais il faut aussi une approche intégrée, au niveau de l’écosystème luxembourgeois et de ses spécificités. Dans tous les cas, on doit garder à l’esprit la vue holistique du développement durable. Les multiples facettes concernent toutes les entreprises et tous les niveaux d’une organisation. Les enjeux sont donc énormes : il s’agit de bien faire passer les messages et d’anticiper les besoins ». Et, pour développer cette vision du futur de l’économie et des entreprises et générer de réelles avancées en matière de développement durable, « on se doit de bien appréhender l’évolution des métiers en entreprises et des compétences ».
Des entreprises vertueuses dotées de compétences qui s’adaptent
Pour Anne-Marie Loesch, l’évolution de l’économie, notamment dans le sens d’une « croissance qualitative », est liée à l’évolution des compétences et donc à des besoins en formation continue. « C’est une question de générations. On demande aujourd’hui des entreprises vertueuses et des valeurs intégrées dans l’économie. Cela engendre des besoins nouveaux, liés aux fonctions métiers des entreprises. Il importe de s’adapter aux évolutions réglementaires européennes et nationales, d’être informé et à jour sur des thèmes majeurs comme le changement climatique, l’adaptation climatique, la neutralité carbone, l’investissement durable… Les techniques ne cessent d’avancer, en s’intéressant notamment au bilan carbone, à l’analyse du cycle de vie, aux aspects circulaires… On a vu apparaître de nouveaux métiers spécifiques aux approches durables, dans différentes fonctions de l’entreprise. Ces compétences doivent être acquises et maintenues. Il est donc nécessaire d’avoir des panels de formations certifiantes, même à un niveau exécutif, puisque les administrateurs et les top managers sont porteurs du projet d’entreprise auquel toute l’organisation doit adhérer pour qu’elle soit efficace ».
Afin d’anticiper et de développer cette vision stratégique pour l’entreprise luxembourgeoise, un groupe de travail rassemblant quelque 150 participants d’horizons divers a planché pendant 18 mois. « La formation est un levier indispensable pour développer les compétences nécessaires à la mise en œuvre de la transition durable au sein des entreprises. D’où l’importance d’assurer une coordination et de développer une stratégie en termes de formation en développement durable via un groupe de travail dédié. Il a été décidé de répertorier les formations autour du développement durable au Luxembourg et de créer un inventaire de ces formations existantes. Il s’agit aussi de piloter ces offres de formation dans la durée. Ce qui implique d’identifier les nouveaux besoins en formation et d’y répondre, soit en adaptant le contenu de formations existantes, soit en développant de nouvelles formations ». Cela fait partie des raisons qui ont mené la Chambre de Commerce à développer la House of Sustainability, en tant que plateforme de coordination autour des sujets du développement durable.
L’approche est transversale et collaborative. « La House of Training est un partenaire majeur, qui fait appel notamment à l’INDR pour les formations en développement durable. Il y en a également beaucoup d’autres, comme la Chambre des Métiers qui propose des formations spécifiques pour ses membres, notamment dans le secteur de la construction, avec l’OAI ou l’IFSB, ou encore l’IMS, pour des formations quasiment sur mesure. Et puis, dans une vision holistique, il est important de valoriser les experts du Luxembourg et de faire monter en compétences les entrepreneurs de demain. Il s’agit de tirer tout un écosystème vers le haut. »
Transfert d’expertises et certifications
Exemple concret de cette réflexion, la House of Training, en partenariat avec la Chambre de Commerce et Solvay Lifelong Learning, a lancé deux nouvelles formations certifiantes pour dirigeants, autour des thématiques du développement durable. Ainsi, le « General Management & Sustainability Programme - MBA Highlights » est une formation générique sur les thématiques les plus importantes de la stratégie, de la durabilité, de la finance, des RH et du leadership (elle se déroule à partir du 27 mars), tandis que le programme « Luxembourg Sustainability Management Series » (LSMS) s’appuie sur les 10 principes directeurs du développement durable précités.
« Ces formations sont à la fois autonomes et complémentaires. Leur particularité, c’est qu’elles font appel à des expertises étrangères, mais aussi à des experts locaux et à des cas pratiques adaptés au Luxembourg. La pluralité des intervenants permettra aux participants d’acquérir des connaissances théoriques mais aussi de bénéficier d’expériences de terrain. »
Les formations se déroulent en 11 modules de 4 heures chacun, répartis sur toute l’année 2023. Les participants seront ainsi en mesure d’identifier les opportunités de développement découlant de l’intégration des critères ESG (pour Environnementaux, Sociaux et de Gouvernance) dans une stratégie globale avec les opportunités de croissance qui en découlent.
Réalisé pour la Chambre de Commerce
Extrait du dossier du mois « Former pour agir »