Le carsharing, un nouveau modèle basé sur le partage
City Mov’, faisant partie du groupe Enovos, est une société spécialisée dans les solutions de mobilité. Ses services : le car & ebike sharing. Interview de Julien Friederich, co-gérant.
Comment définiriez-vous le carsharing aujourd’hui ?
Le carsharing existe sous différentes formes depuis les années 1950, mais depuis une décennie, il devient une véritable alternative à la propriété individuelle d’une voiture.
Le modèle a sans cesse évolué en s’adaptant aux besoins de mobilité changeant et bénéficiant de l’avancée technologique grandissante : au début, les usagers se partageaient une clé ; dorénavant la clé est devenue un badge ou un smartphone qui, via une application, peut ouvrir et fermer la portière.
Le carsharing en boucle fermée avec réservation, qui se définit par un choix via une plateforme Internet d’un créneau horaire précis et un véhicule qui revient sur sa station en fin de parcours, est en train de disparaître au profit de systèmes plus ouverts et plus souples. Nous travaillons aujourd’hui avec un carsharing one-way et free-floating. Le one-way consiste à pouvoir déposer le véhicule dans une autre station que celle où on l’a pris. Le free-floating va encore plus loin : il permet de laisser le véhicule n’importe où dans une zone donnée. Il s’agit d’éliminer les barrières posées par les systèmes ancienne génération et de permettre à l’utilisateur de se servir du véhicule en carsharing comme de son propre véhicule : soit l’utilisateur visualise en temps réel via internet ou une application mobile la disponibilité des véhicules, soit il voit un véhicule disponible en passant dans la rue, il l’ouvre et l’utilise sans contrainte de temps ni de lieu de station de retour. City Mov’ se charge de maintenir une présence équilibrée sur le territoire.
Hormis une utilisation de plus en plus flexible, qu’est-ce qui explique l’engouement récent pour le carsharing, alors qu’il est longtemps resté anecdotique ?
L’aspect financier est essentiel. Une étude européenne a révélé qu’un véhicule coûte entre 5.000 et 8.000 euros par an, en moyenne. Ce montant englobe le prix d’achat, l’amortissement, la dépréciation, les pneus, les frais d’entretien, de parking, de carburant et d’assurance. Ce qui est cher payé sachant qu’un véhicule reste immobilisé 95 % du temps. A titre de comparaison, nos clients dépensent en moyenne 70 euros par mois pour le carsharing, carburant, entretien, assurance et parking compris. En plus de permettre d’économiser de l’argent, le carsharing permet de gagner du temps : plus besoin de nettoyer le véhicule ou de l’emmener à l’entretien, par exemple.
Au vu de la saturation de notre infrastructure routière, la solution de carsharing offre une alternative intéressante.
La solution, c’est le carsharing ?
Le carsharing, comme les autres solutions, ne peuvent pas résoudre seul le problème. C’est la combinaison de différentes alternatives (tram, train, bus, sharing) qui fera avancer les choses.
Lorsque l’on sonde nos utilisateurs, on se rend compte qu’écarter ou revendre la deuxième voiture personnelle leur a ouvert de nouveaux horizons et les a incités à réfléchir différemment lors de leurs déplacements. Par exemple certains de nos clients utilisent désormais le train alors qu’ils le ne prenaient jamais auparavant et ils réalisent que ce mode de déplacement est beaucoup plus pratique qu’ils l’imaginaient. Nos véhicules leur permettent de faire les derniers kilomètres.
Nous devons trouver ensemble des solutions : prestataires de services, communes et entreprises. Les enquêtes menées auprès de la génération X et Y démontrent que les jeunes portent moins d’importance à la possession de véhicules qu’au fait de disposer d’un pass mobilité illimité et d’appareils technologiques. Les entreprises ont également un rôle très important dans la mobilité de leurs salariés : des accès illimités aux différents transports en commun ainsi qu’à des solutions sharing au sein de leurs bâtiments deviennent une nécessité.
On voit souvent fleurir ce genre de projets dans les grandes villes, City Mov’ a fait le pari osé d’en lancer un dans le Nord du pays. Quel feedback pouvez-vous donner de cette expérience ?
Il s’agit du projet pilote Nordstad e-Movin, qui avait pour objectif de déterminer si le partage de vélos et de voitures électriques est un modèle pertinent pour des communes de moins de 10.000 habitants. La conclusion de cette étude est que les gens qui vivent dans des zones à plus faible densité ont des besoins similaires de mobilité que les personnes qui vivent en milieu urbain, ils sont confrontés aux mêmes problèmes de stationnement et d’encombrements routiers, mais ils ont le désavantage d’être nettement moins bien desservis par les transports en commun. Le partage de véhicule est donc tout à fait adapté. Le service City Mov’ est aujourd’hui disponible dans 6 communes : 5 communes de la Nordstad qui ont participé au projet pilote : Bettendorf, Colmar-Berg, Diekirch, Ettelbruck et Schieren, et la commune d’Hesperange depuis presque 1 an.
Next step ?
Il sera intéressant dans le futur d’acquérir un maillage plus dense et plus grand de nos solutions de mobilité. L’usager devra se sentir libre d’utiliser différentes solutions alternatives à son propre véhicule peu importe où il se déplacera dans le pays.
Crédit photo : City Mov’
Mélanie Trélat