Le Luxembourg et l'IA : une stratégie, un superordinateur et une usine

Le Luxembourg et l’IA : une stratégie, un superordinateur et une usine

Sept projets ont été retenus dans le cadre d’une initiative commune entre la Commission européenne, 35 pays et des partenaires privés. La proposition luxembourgeoise de supercalculateur MeluXina-AI et d’une AI Factory en fait partie. Un projet d’envergure qui formera la pierre angulaire d’une stratégie nationale pour l’intelligence artificielle.

Le gouvernement avait déjà pris le parti de proposer un écosystème accueillant et performant pour les start-up innovantes, dont celles faisant évoluer l’IA et ses nombreuses applications.

Récemment, le Luxembourg a renforcé ce positionnement en devenant l’une des sept AI factories européennes suite à un appel lancé par The European High Performance Computing Joint Undertaking (EuroHPC JU).

Ces boules de crystal de l’IA valent leur pesant d’or, puisque ce seul projet luxembourgeois est estimé à 14 millions d’euros… et ne représente finalement que la cerise sur le gâteau - un projet bien plus conséquent. Le superordinateur MeluXina-AI, nécessaire au fonctionnement de cette « usine », devrait en effet coûter 112 millions d’euros, dont 60 à charge de L’État luxembourgeois. EuroHPC (grâce à divers programmes européens tels que DEP Digital European Programme et Horizon Europe) et Luxinnovation (fonds propres) interviennent respectivement à hauteur de 63 et 3 millions.

L’IA pour répondre aux défis nationaux et européens

Pour se lancer dans ce nouveau challenge, un consortium a été créé, regroupant Luxinnovation, Le Luxembourg National Data Service (LNDS), l’Université du Luxembourg, le Luxembourg Institute of Science and Technology (List) et LuxProvide SA. Cette société s’occupera de l’installation et du fonctionnement du superordinateur. LuxProvide est par ailleurs déjà responsable du supercalculateur MeluXina et du futur MeluXina-Q (pour Quantique). L’agence nationale de l’innovation coordonnera quant à elle les activités de l’AI Factory.

Tous ces éléments formeront un écosystème IA « de pointe », comprenant des infrastructures de calcul à haute performance et soutenu par un réseau renforcé au niveau européen. MeluXina AI rejoindra le centre de données de LuxConnect à Bissen, où réside déjà MeluXina. La moitié de sa capacité de calcul sera dédiée au réseau européen, et l’autre aux besoins nationaux.

« Cette infrastructure soutiendra la recherche publique et privée, les collaborations internationales, et les projets nationaux prioritaires et permettra ainsi de répondre aux défis technologiques et économiques de demain », promet le gouvernement luxembourgeois.

Concertations et stratégie IA

Le ministre de l’Économie, des PME, de L’Énergie et du Tourisme, Lex Delles et la ministre de la Recherche et de l’Enseignement supérieur, Stéphanie Obertin sont confiants que cet investissement sera stratégique pour l’avenir du pays. Une stratégie sur l’intelligence artificielle est d’ailleurs en cours de développement, et devrait être publiée au printemps.


« Nous comprenons que les défis et les avantages des technologies émergentes, en particulier dans les domaines des données et de l’IA, nécessitent un effort concerté et collaboratif entre les ministères, les institutions de recherche et les partenaires du secteur privé. »

Stéphanie Obertin, ministre de la Recherche et de l’Enseignement supérieur

Sasha Baillie, CEO (jusqu’au 28 février) de Luxinnovation, y voit un grand intérêt pour les entreprises et start-up du pays : « Nous sommes fiers de l’implication de Luxinnovation dans cette initiative en tant que coordinateur de l’écosystème AI dans le cadre de l’’AI Factory’. Nous veillerons à bien guider et à accompagner les startups et entreprises innovantes à travers la construction de cet écosystème AI national qui sera un vrai laboratoire inspirant et performant en Europe. »

Contactés par notre rédaction, Luxinnovation et LuxProvide ont signalé qu’il était trop tôt pour discuter plus en détails de ces projets. Des communications - et des réponses à nos questions, notamment sur la consommation énergétique et les applications « durables » - sont prévues courant mars.

Pour l’instant, outre la volonté de faire profiter de ces outils puissants aux start-ups, PME et chercheurs, EuroHPC annonce également vouloir favoriser l’innovation « dans des domaines tels que la santé, l’énergie et le climat ».

Par Marie-Astrid Heyde
Photo : MeluXina ©LuxProvide
Extrait du dossier du mois « Évolution techno-logique »

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Publié le lundi 10 mars 2025
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