Le petit puzzle de la Grande Région

Le petit puzzle de la Grande Région

Enclavé entre l’Allemagne, la Belgique et la France, le Luxembourg prend finalement peu de place au cœur de ce territoire transfrontalier. Démographiquement aussi, il ne représente qu’une minime partie d’une population culminant à 11,5 millions de citoyens. Mais cette pièce centrale vient compléter un puzzle autrement fragmentaire.

Tel un aimant, il attire 228.000 travailleurs des pays voisins, séduits par un niveau salarial plus élevé qu’à leur domicile. Des navetteurs toujours plus nombreux, que ni les transports en commun saturés, ni les embouteillages et travaux à répétition ne semblent décourager.

À leur tour, les Luxembourgeois sont séduits par la France (24%), l’Allemagne (10%) et la Belgique (10%) pour leurs voyages de loisirs (chiffres Statec 2021). Ceux-ci représentent en effet les trois destinations les plus prisées par les résidents, même si on devine qu’une bonne partie de ces pérégrinations s’effectuent au-delà des territoires compris dans cette Grande Région.

Que regroupe-t-elle exactement ? Selon la source la plus officielle, le Sommet de la Grande Région :


« Il s’agit de cinq régions dans quatre pays fondateurs de l’UE. Le Grand-Duché de Luxembourg, la Wallonie avec la Fédération Wallonie-Bruxelles et Ostbelgien en Belgique, le territoire lorrain du Grand Est en France et la Rhénanie-Palatinat et la Sarre en Allemagne. Ce sont au total onze partenaires qui forment un espace de coopération en faveur d’une coexistence sans frontières, l’un des principes fondamentaux de l’UE. »

À gauche, la carte du Sommet de la Grande Région (©Sommet GR). À droite, le territoire concerné par la programmation Interreg Grande Région en cours (©GeoBasis-DE/BKG, IGN France, NGI-Belgium, ACT Luxembourg)
À gauche, la carte du Sommet de la Grande Région (©Sommet GR). À droite, le territoire concerné par la programmation Interreg Grande Région en cours (©GeoBasis-DE/BKG, IGN France, NGI-Belgium, ACT Luxembourg)

Si on s’en réfère à Interreg Grande Région, outil européen de soutien financier aux projets transnationaux, le tracé s’étend moins largement, resserrant finalement le périmètre au plus proche du Luxembourg, central. On remarque d’ailleurs que sur les 25 projets actuellement en cours, 20 intègrent le pays des Gromperekichelcher.

Mais si le Luxembourg - et son économie florissante – semble former une grande pièce du puzzle, il ne faut toutefois pas oublier qu’il compte à son tour sur ses voisins, non seulement pour disposer de main-d’œuvre qualifiée, de clients et de touristes – mais aussi pour s’approvisionner en électricité et en gaz. Des interconnexions vitales pour le petit pays qui ne produit que 20% de son électricité et presque aucun gaz.

Dans tous les domaines, les échanges peuvent être gagnants-gagnants, s’ils sont abordés intelligemment et dans un respect mutuel. Vous en découvrirez quelques-uns dans ce dossier, allant de la pollution de l’eau au tourisme, en passant par les green tech et la jeunesse.


« La coopération transfrontalière nécessite énormément d’engagement et de confiance entre les opérateurs. Beaucoup disent que c’est une histoire de personnes, plus que d’institutions. »

Alexandre Petit, chef du service Stratégie territoriale d’IDELUX Développement

S’il n’y a plus de frontière physique entre ces régions voisines, c’est donc sur la bonne entente et la gestion administrative que reposent ces échanges. Quatre petites pièces qui n’hésitent pas à assembler leurs forces au sein de relations multiculturelles enrichissantes.

Marie-Astrid Heyde
Découvrez le dossier « Connectons nos territoires ».

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Publié le mardi 21 mai 2024
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