Le virus de la division ?
Les nouvelles mesures prises par le gouvernement dans le cadre de la crise sanitaire inquiètent particulièrement CELL qui appelle à renouveler le débat citoyen.
« Alors que la société luxembourgeoise a rarement été aussi divisée, on peut craindre des dégâts collatéraux, visiblement sous-estimés, que ce soit sur le plan social, psychologique ou pédiatrique. En tant qu’association inclusive œuvrant pour la transition écologique et sociétale, CELL appelle aujourd’hui au dialogue, à l’acceptation de la diversité et à l’esprit d’inclusion ».
Dans un communiqué cosigné avec Transition Minett asbl (texte intégral ci-dessous), l’association Centre for Ecological Learning Luxembourg (CELL), qui éveille les consciences à l’urgence climatique, promeut des projets innovants et accompagne des groupes de citoyens « agissant pour une société plus juste et respectueuse du monde vivant ».
Selon l’OMS, la santé est « un état de complet bien-être physique, mental et social et ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité ». Pour CELL, « la santé est donc un état global où les indicateurs liés au Covid sont à prendre en compte, à côté d’autres indicateurs comme la souffrance et le désespoir partagés par une très grande partie de la population, dus à l’absence de liens et d’échanges réels, à l’isolement, ou encore à l’absence de perspectives. La manière parfois anxiogène dont certains médias traitent l’information, les décisions des gouvernements prises de manière unilatérale et brutale, incohérente et sans concertation avec la société civile, sans considérer à leur juste mesure les dégâts psychologiques, sociaux, pédiatriques… amènent les citoyen·nes à s’isoler, se méfier et se refermer sur eux·elles-mêmes ».
C’est pourquoi CELL déplore « le fait que nos gouvernant·es cherchent des coupables, pointent du doigts les citoyen·nes en opposant les bon·nes et les mauvais·es, les gentil·les et les méchant·es, les pour ou les contre… et fracturent la société par leurs décisions ».
Libérer la parole
« Nous pensons qu’il appartient à chaque être humain de choisir librement et sans contrainte son alimentation et sa médecine », écrit encore CELL. « En tant que mouvement de la Transition, nous ne souhaitons pas nous positionner sur la question de ce choix. Nous souhaitons interpeller sur nos domaines d’expertise ».
CELL cite le rapport de l’IPBES Workshop Report on Biodiversity and Pandemics of the Intergovernmental Platform on Biodiversity and Ecosystem Services : « Ce sont les mêmes activités humaines qui sont à l’origine du changement climatique, de la perte de biodiversité et, de par leurs impacts sur notre environnement, du risque de pandémie ».
CELL pense qu’il est essentiel d’aller à la racine des problèmes et non de traiter les symptômes à la surface. « Notre défi est de répondre à des enjeux écologiques et climatiques de grande ampleur. Des défis auxquels nous devons répondre ensemble ». Car selon Barbara Stiegler, professeure de philosophie politique à l’université de Bordeaux et auteure de De la démocratie en pandémie, « le Covid-19 n’est qu’un épisode parmi d’autres de la crise écologique. Des événements similaires risquent de se reproduire à l’avenir, avec la dégradation des écosystèmes et le réchauffement climatique. Il faut donc dès maintenant les anticiper, réfléchir à la manière dont nous souhaitons les surmonter, démocratiquement et non sur un mode autoritaire. »
CELL souhaite donc « un débat pour libérer la parole » : « Nous demandons au gouvernement avec l‘appui de toutes les forces vives du pays, de créer des espaces d‘échange et de co-construction, grâce à des outils d’intelligence collective et de la communication non-violente. Ces espaces impliquent également de rétablir la confiance à tous les niveaux, sans menaces ni chantage mais grâce au dialogue bienveillant, à une politique qui se mette au service de la population, à l’évaluation des dispositifs mis en place et à travers l’inclusion. C’est de cette manière que nous trouverons des pistes de solutions, qui seront adoptées sur base d’un consentement éclairé. Car, ne l’oublions pas, l’enjeu de la participation citoyenne, que nous voulons véritable et honnête et que nous mettons au cœur de nos pratiques, est de permettre des transformations rapides et conséquentes de la société.
Notre société possède toutes les capacités et les outils nécessaires pour mener ce débat sociétal plutôt que de subir l’affrontement d’opinions. Acceptons l’altérité et la divergence de points de vue comme une force et une richesse. Développons notre capacité à comprendre sans forcément être d’accord, à élargir notre réalité sans forcément se perdre dans la diversité ».
Les réponses de la transition écologique et sociétale
Pour passer outre « deux ans de gestion anxiogène », CELL pense que « la transition écologique et sociétale peut apporter des réponses à ces crises majeures auxquelles notre humanité va probablement devoir encore être confrontée. La nature et l’évolution holistique et systémique sont nos principales sources d’inspiration. »
CELL invite le gouvernement et l’ensemble des acteurs de la société civile de notre pays à :
- Contribuer à l’apaisement de la société en créant un espace de dialogue pour permettre à tou·tes les citoyen·nes de s’exprimer sans violence et dans le respect mutuel ;
- Tenir compte des valeurs d’inclusivité et d’ouverture dont notre pays a besoin pour relever les défis sociétaux actuels plutôt que de mettre en place des mesures qui ne feront qu’accentuer les divisions au sein de la population ;
- Sortir du cadre strictement sanitaire de la gestion du Covid-19 et prendre davantage en considération les dommages collatéraux engendrés par la crise tant sur le plan de la santé mentale et psychologique, que sur le plan sociétal ;
- Offrir un cadre sécurisant qui permette de préserver la santé mentale et physique de l’ensemble des citoyen·nes sans distinction ;
- Se positionner face aux défis écologiques et sociétaux engendrés par la crise sanitaire.
Texte intégral ici (pdf)
Photo : SIP