Législatives : le développement durable s’immisce (enfin) dans la campagne !
Alors qu’en août nous apprenions qu’un tiers de nos voisins français était climato-sceptique, voire même pro-nucléaire, voilà qu’un sondage nous dévoile qu’au Luxembourg, 90% des habitants jugent la protection de l’environnement importante. Pas de climato-scepticisme donc, mais, par contre, beaucoup d’inactions !
C’est toujours la moitié du chemin de fait ! Voilà ce que l’on pourrait se dire à la lecture des résultats du sondage TNS-Ilres mené cet été pour le compte du Conseil Supérieur pour un Développement Durable (CSDD) et commandé afin de mettre une bonne fois pour toute la thèmatique du développement durable sur le tapis des élections législatives qui approchent à grands pas.
Ainsi donc, au Luxembourg, on a bel et bien conscience du problème de l’environnement et de l’importance de sa préservation ! C’est du moins le cas pour 90% de la population grand-ducale au sein de laquelle 22% des plus de 34 ans estiment que l’environnement est l’une des causes pour lesquelles l’avenir de leurs enfants sera plus difficile et 5% de moins de 35 ans pointent cette même thématique pour justifier les difficultés de leur propre avenir. Dans la première tranche d’âge comme dans l’autre, l’emploi (69% pour les plus de 34 ans et 47% pour les moins de 35 ans) et le logement (22% et 34%) occupent le haut du classement.
Des solutions qui ne plaisent pas
Si l’on peut se réjouir tout de même de cette prise de conscience que l’on savait cependant déjà acquise ( comme nous l’avait expliqué Laurent Majerus, co-fondateur de MyClimate Lux ) qui contrebalance de manière rassurante le 1/3 de français climato-sceptiques, il ne reste pas moins que tout n’est pas encore parfait et qu’il reste un bon bout de chemin à parcourir. En effet, comme nous l’avait également expliqué M.Majerus , si les luxembourgeois ont conscience de l’importance de la préservation de l’environnement, ils sont loin d’être dans les starting-blocks pour agir !
Ainsi, le sondage nous révèle que 26% des sondés pensent que ce n’est pas à eux de réfléchir aux problèmes du pays ni de trouver des solutions. Des solutions avec lesquelles, pour celles pour le moment brandies par notre gouvernement actuel, la majorité des sondés ne sont pas d’accord, toujours selon l’étude. Après tout, l’on pourrait se dire qu’en effet, les citoyens ont bien des choses à penser sans devoir en plus réfléchir à des solutions nationales à la place des politiques qu’ils ont d’ailleurs mandaté lors d’élections pour le faire.
Malheureusement, le sondage démontre aussi que la population luxembourgeoise semble peu encline à l’action concrète non plus. 58% ne sont pas prêts à payer plus d’impôts, 48% refusent un alignement des prix des carburants à ceux de nos voisins, 22% préfèrent encore utiliser l’avion pour partir en vacances et, faute de confort, 65% des sondés n’empruntent pas souvent les transports en commun.
Du plomb dans l’aile de la parité
Mais le développement durable, ce n’est pas que l’écologie et la pollution ! C’est aussi la qualité de vie, l’égalité et le multiculturalisme. Si ce dernier est plébiscité des luxembourgeois qui apprécient la multiculturalité de leur pays (et c’est tant mieux) en jugeant important à 70% la cohabitation entre différentes nationalités et cultures, l’égalité, elle, prend du plomb dans l’aile, surtout en termes de parité. En effet, si la majorité des sondés accepteraient de voir s’ouvrir les carrières administratives aux résidents non luxembourgeois, la grande majorité refuse l’introduction de quota de femmes dans les fonctions cadres et dans les conseils d’administrations.
En conclusion de ce sondage qui abordait de nombreux autres thèmes tels que celui de l’éduction ou des pensions retraites, le CSDD publie une lettre à tous les citoyens et citoyennes du pays, qu’ils soient ou non en âge de glisser un bulletin dans l’urne le 20 octobre prochain. « Les résultats de ce sondage qui nous sont maintenant connus montrent, selon nous, que la nécessité de changements est clairement perçue dans notre société ». Et c’est aux citoyens, que ce soit par le biais du vote ou d’actions plus personnelles et plus responsables d’agir pour amorçer ces changements. Après tout n’aimons-nous pas citer Gandhi et son “soit le changement que tu veux voir“, dans le monde ou juste dans ton pays...
Photo ©Florie Colarelli