Les populations d'animaux sauvages diminuent de 2,6% chaque année

Les populations d’animaux sauvages diminuent de 2,6% chaque année

WWF a publié son Rapport Planète Vivante qui mesure chaque année l’état de la biodiversité sur la planète. L’ONG tire la sonnette d’alarme car, comme le montre l’Indice Planète Vivante mondial 2024, la taille moyenne des populations d’animaux sauvages suivies a chuté de 73 % ces 50 dernières années. Soit une diminution de 2,6% par an en moyenne.

« Nous avons cinq ans pour mettre le monde sur une trajectoire durable avant que la dégradation de la nature et du climat ne nous conduisent tous vers des points de bascule irréversibles. » C’est avec cette déclaration plutôt inquiétante que WWF introduit la présentation de son Rapport Planète Vivante 2024.

Au regard d’indicateurs suivant l’état de la nature à l’échelle mondiale, l’ONG au panda alerte sur le déclin important de la biodiversité. Le rapport s’attarde tout particulièrement sur l’Indice Planète Vivante (IPV) qui suit l’évolution de l’abondance relative de près de 35.000 populations de 5.495 espèces de mammifères, oiseaux, poissons, reptiles et amphibiens.

-73% d’animaux sauvages en 50 ans

L’IPV mondial 2024 montre qu’entre 1970 et 2020, la taille moyenne des populations d’animaux sauvages suivies a diminué de 73%, ce qui représente une baisse annuelle moyenne de 2,6%. Plus précisément, les populations d’espèces terrestre sont en déclin de 69%, celles d’eau douce de 85% et les marines de 56%.

WWF précise que « l’IPV mondial englobe des situations très hétérogènes » puisque « les tendances varient d’une région à l’autre en raison des différents types et niveaux de pression exercés sur la nature. » Les diminutions de la taille des populations d’animaux sauvages les plus rapides ont eu lieu en Amérique latine et dans les Caraïbes avec « une baisse inquiétante de 95% », ce qui équivaut à une variation de 5,7% par an. Sur les 50 dernières années, l’Afrique a connu un déclin de 76%, l’Asie et le Pacifique de 60%.

Le rapport donne aussi les principales causes du déclin des populations d’animaux sauvages. Il précise que « la dégradation et la perte d’habitat, surtout dues à notre système alimentaire, constituent les principales menaces dans chaque région, suivies par la surexploitation, les espèces invasives et les maladies. Parmi les autres menaces, figurent le changement climatique (surtout en Amérique latine et dans les Caraïbes) et la pollution (en particulier en Amérique du Nord et dans la région Asie-Pacifique). »

La nourriture, l’eau potable et un climat stable ne sont pas acquis

Alors, quelles sont les conséquences de cette diminution du nombre d’animaux sauvages ? « Lorsque la population d’une espèce chute sous un certain seuil, cette dernière peut ne plus être en mesure de jouer son rôle habituel dans l’écosystème », explique WWF. Ce rôle à jouer, appelé plus scientifiquement « fonctions écosystémiques », comprend le recyclage des éléments nutritifs, la production primaire, la décomposition, l’épuration de l’eau, la pollinisation et la régulation du climat. Et l’humain tire des bénéfices (ou « services écosystémiques ») de ces fonctions écosystémiques, comme… la nourriture, l’eau potable ou un climat stable. Plus facile de comprendre l’importance du maintien des populations d’espèces maintenant, non ?

Le rapport donne un exemple illustrant parfaitement cet équilibre à maintenir, grâce à une étude menée dans la forêt atlantique brésilienne sur plus de 2.000 espèces d’arbres et plus de 800 espèces d’animaux. « Les chercheurs ont constaté que lorsque la forêt perd des populations de grands animaux frugivores (tapirs, toucans, tamarins, cerfs) en raison de la chasse et du commerce illégal, elle perd la fonction de dispersion des graines que ces animaux assurent pour les arbres à grosses graines. »

Ce type d’arbres pouvant stocker une quantité plus importante de carbone que d’autres, « le phénomène peut entraîner des pertes de stockage du carbone de 2 à 12 % dans les forêts d’Afrique, d’Amérique latine et d’Asie, réduisant ainsi la capacité de stockage du carbone des forêts tropicales face au changement climatique. »

Des solutions durables pour éviter le point de non-retour

Face à de tels changements, « des signaux d’alerte précoce montrent que plusieurs points de bascule mondiaux risquant d’endommager les systèmes vitaux de la Terre et de déstabiliser les sociétés se rapprochent dangereusement. » Les points de bascule sont définis comme le moment où « des pressions individuelles ou combinées, telles que la dégradation de l’habitat, le changement d’utilisation des terres, la surexploitation ou le changement climatique, poussent le système au-delà d’un seuil critique. »

Une fois ce seuil atteint, le changement s’auto-alimente, provoquant alors un bouleversement considérable, souvent brutal et potentiellement irréversible. « À titre d’exemple, la disparition massive des récifs coralliens détruirait la pêche et empêcherait la protection de centaines de millions de personnes vivant sur les côtes contre les tempêtes. Quant au point de bascule de la forêt amazonienne, il libérerait des tonnes de carbone dans l’atmosphère et perturberait les régimes climatiques du monde entier. »

Pour maintenir et renforcer les populations d’espèces, les fonctions écosystémiques et contribuer à garantir la stabilité de notre climat, « il faut non seulement parvenir à une conservation à grande échelle, mais aussi s’attaquer systématiquement aux facteurs de perte de la nature. » WWF veut ainsi s’attaquer à nos systèmes alimentaires, énergétiques et financiers. « Nous devons tous - gouvernements, entreprises, organisations, individus - passer à l’action et demander de rendre des comptes à ceux qui ne le font pas », affirme l’ONG.

Par Léna Fernandes
Visuels issus du Rapport Planète Vivante 2024 de WWF

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Publié le mardi 12 novembre 2024
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