Les sols : base fertile de notre sécurité alimentaire
Le 1er décembre 2015 se déroulait la COP 21. La France en profitait pour lancer l’initiative internationale « 4 pour 1000 ». Elle invite tous les partenaires à faire connaître ou à mettre en place des actions concrètes sur le stockage du carbone dans les sols et le type de pratiques pour y parvenir : agroécologie, agroforesterie, agriculture de conservation, de gestion des paysages…
L’ambition de l’initiative est d’inciter les acteurs à s’engager dans une transition vers une agriculture productive, hautement résiliente, fondée sur une gestion adaptée des terres et des sols, créatrice d’emplois et de revenus, et ainsi porteuse de développement durable.
Au départ, l’initiative « 4 pour 1000 » accueillait 160 partenaires internationaux. 5 ans plus tard, elle en compte 615, dont la société Fertilux, l’unique représentante luxembourgeoise actuellement. Le but est que ces partenaires s’adaptent et échangent des informations pour améliorer l’agriculture. Pour les acteurs européens, il est préférable que ces évolutions s’intègrent dans la nouvelle PAC (Politique agricole commune).
Nous sommes actifs un peu partout dans le monde », explique Paul Luu, secrétaire exécutif de l’initiative. « La base de notre proposition est assez simple : un taux de croissance annuel de 0,4% des stocks de carbone du sol, ou 4‰ par an, dans les premiers 30 à 40 cm de sol, réduirait de manière significative dans l’atmosphère la concentration de CO2 liée aux activités humaines. L’effort est loin d’être colossal et la nature nous le rendra. Il existe de nombreuses techniques pour y arriver. Et si tout le monde y met du sien, nous ne pourrons que faire du bien à notre environnement.
Une question de bon sens
Évidemment, tous les pays ne sont pas logés à la même enseigne. L’initiative « 4 pour 1000 » vise à illustrer qu’une augmentation, même infime, du stock de carbone des sols agricoles et forestiers est un levier majeur pour améliorer la fertilité des sols et la production agricole. Il participe au respect de l’objectif à long terme de limiter la hausse des températures à +2°C, seuil au-delà duquel les conséquences induites par le changement climatique seraient d’une ampleur significative, d’après le GIEC.
Tout tient du bon sens », poursuit Paul Luu. « Ce n’est pas vraiment compliqué à mettre en œuvre. Il faut reconnaître le rôle des agriculteurs et les former à mieux conserver le carbone dans la terre. Cela peut se faire sous forme de rémunérations. Ces dernières seraient calculées par rapport aux quantités de carbone. Il s’agit vraiment d’une agriculture de conservation. Nous avons largement de quoi nourrir la population dans le monde si nous gérons parfaitement les ressources et les sols, en évitant un maximum de gaspillage. Même si le nombre de personnes sur cette Terre ne cesse d’augmenter, il y a toujours une solution sans tomber dans l’excès.
Le continent américain est davantage favorisé sur la gestion des sols, du fait que les espaces sont plus volumineux. « Aux États-Unis, par exemple, certains exploitants agricoles pratiquent la technique des pâturages tournant dynamique. Une technique qui concerne uniquement les ruminants. Le bétail est déplacé progressivement d’une parcelle à une autre. Ce qui permet au reste du terrain de se régénérer à son rythme. Mais il faut comparer ce qui est comparable. Je suis évidemment conscient qu’au Luxembourg ou en France, peu d’exploitants disposent d’autant d’espace. C’est pour cette raison que nous les invitons à gérer leurs terres intelligemment. »
Sébastien Yernaux
Plus d’informations sur www.4p1000.org/fr
Article tiré du dossier du mois « De la Terre à la terre »