Mouvement Ecologique dit non à d’autres projets de remembrement
D’après Mouvement Ecologique, ces projets détruisent la nature, sont économiquement douteux, et la réforme accuse un retard inacceptable.
Le projet très controversé d’un remembrement forestier à Drauffelt a suscité bien des remous justifiés la semaine dernière. Les propriétaires des forêts concernées se sont opposés avec persévérance aux plans concoctés par l’Office national de Remembrement (ONR), qui y prévoyait un large développement du réseau des chemins forestiers. Les arguments majeurs des propriétaires étaient de taille : projets écologiquement non justifiables, non nécessaires, gaspillage d’argent ! Voilà les arguments que le Mouvement Ecologique avance depuis des années dans de nombreux dossiers portant sur des projets de remembrement. Ce qui est néanmoins remarquable à ce stade, c’est le fait que l’Office national du Remembrement a dû se déclarer d’accord avec les propriétaires des forêts de Drauffelt au bout d’une âpre partie de bras de fer, acceptant finalement les propositions alternatives (moins coûteuses et plus respectueuses de la nature) de ces derniers.
Toujours est-il que le problème de fond n’est pas résolu, même si dans le présent dossier, plusieurs propriétaires forestiers ont eu gain de cause et en sont sortis indemnes grâce à leur persévérance et leur engagement courageux ! Si la législation actuelle n’est pas modifiée et si la façon de procéder de l’ONR et de l’Administration de la nature et des forêts (qui a appuyé le projet initial !) ne change pas, ce n’est qu’une question de temps jusqu’à ce qu’un prochain projet à problèmes ne fasse son apparition.
Rien d’étonnant, puisque les pratiques actuelles en matière de remembrement se distinguent tout simplement par une législation et une approche qui est dépassée, antidémocratique et pour le moins opaque, ce dont nous avons bien pu nous rendre compte à l’exemple du cas Drauffelt.
Les communes et les propriétaires concernés ne sont guère impliqués dans les planifications ; en ce qui concerne Drauffelt, seule une des deux communes en jeu était mise au courant du projet de remembrement. Au-delà, il existe toujours une contrainte d’affiliation à un syndicat de propriétaires aux pouvoirs de décision importants et aux règles de jeu démocratiques qui s’avèrent plutôt problématiques lorsqu’on y regarde de plus près (ce qui ne tiendrait manifestement pas la route devant la Cour de justice européenne…).
Qui plus est, la planification est floue : des chemins existants ne sont pas pris en considération, de nouveaux sentiers sont prévus à quelques mètres des sentiers existants (ce qui comporterait des actions d’abattage d’arbres importantes), des parcelles sont morcelées…
Les aspects relatifs à la protection de la nature sont (trop) négligés. Il en résulte une nouvelle coupure dans l’habitat forêt par l’aménagement de nouveaux chemins (souvent trop larges et inutiles), qui en plus sont prévus pour le passage de véhicules, ce qui entraîne une pollution sonore renforcée de la forêt. Sans parler de l’abattage des vieux arbres ( cf. cas Drauffelt : de très vieux Molbeem) pour dégager les nouveaux tracés, les importants travaux de terrassement en vue de l’aménagement des voies, la fourniture de milliers de m3 de graviers étalés dans le paysage (11.000 m3 de graviers dans le cas du projet de remembrement Beckerich !).
N’oublions pas non plus que trop souvent, l’utilité économique ne se justifie point… fait défaut, d’où l’absence de tout effort de faire une analyse des coûts/bénéfices : combien coûte le remembrement ? Quel en est l’intérêt, voire l’utilité ? Il est vrai que plus d’un projet n’est autre qu’un gaspillage incompréhensible des deniers publics et privés.
Tous ces motifs font que le Mouvement Ecologique s’engage depuis des années en faveur d’une réforme radicale de cette loi sur le remembrement qui date de l’année 1964 et qui ne peut être qualifiée que de désespérément obsolète, ce qui d’ailleurs avait été promis dans l’accord de coalition gouvernemental. Il est grand temps de prendre le taureau par les cornes ! La balle est dans le camp du ministère de l’Agriculture et du ministère du Développement durable : à eux de mettre enfin une proposition de loi moderne, digne de ce nom, sur la table !
Pour le reste, il s’agit dans l’immédiat de mettre en question les procédures actuelles et de dicter à l’ONR des règles politiques claires et non équivoques ! Et de discuter de même du rôle que joue l’Administration de la nature et des forêts, qui – ne l’oublions pas – a clairement soutenu le premier projet présenté par l’ONR (sous la compétence du ministère de l’Agriculture) dans le cas Drauffelt. Les principes de base de la démocratie et de la gestion durable devraient dès à présent jouer naturellement… dans l’attente d’une réforme fondamentale de la loi en question.
Communiqué de Mouvement Ecologique – www.meco.lu