Nouvelle dynamique dans l'agriculture familiale en Afrique

Nouvelle dynamique dans l’agriculture familiale en Afrique

Les « mirages des blancs » d’un côté, le recours aux nouvelles technologies de l’information de l’autre… l’agriculture, premier pourvoyeur d’emploi du continent, est à la croisée des chemins : des efforts pour associer NTIC et savoirs traditionnels dessinent une voie prometteuse…

« Redevenir agriculteur, lorsqu’on est allé à l’école, les gens voient ça comme une malédiction. Ça a été extrêmement difficile pour moi de faire ce choix, mais j’ai tenu le coup. Cette ténacité a fini par convaincre les gens que je n’étais pas sur le mauvais chemin », a témoigné Pascal Genou devant les élèves du lycée agricole d’Ettelbruck de la filière maraîchage fin 2016. Le parcours singulier de ce jeune Béninois a séduit son auditoire et apporté beaucoup de motivation !

« Il faut faire prendre conscience que les méthodes traditionnelles sont pleines de vertus et qu’il faut abandonner le mirage des produits de synthèses des blancs. » Distingué Chevalier du mérite agricole, Pascal Gbenou est le fondateur d’une ferme-école agro-écologique au Bénin, où il a fait le choix de n’utiliser aucun produit phyto-sanitaire. Il dédie ses activités à produire de quoi nourrir la population des alentours, mais aussi à la revalorisation du métier de paysan. « Ne pas dépendre de l’extérieur est la devise de la ferme école ». Que ce soit à travers les recherches qu’il mène, ou dans le cadre de la ferme -école qu’il a fondé, il s’efforce de rendre sa noblesse au métier afin que les jeunes choisissent non pas de subir leur destin de paysan, mais de le choisir. Et d’en vivre bien : « Je n’ai rien inventé dans les pratiques utilisées à la ferme, mais j’ai optimisé tout ce qui se pratique de manière éparse ; l’avantage c’est de montrer qu’avec cette manière de faire, on peut gagner sa vie. »

Sous le feu des questions, il poursuit : « L’agro-écologie que je mets en pratique dispose de techniques qui permettent de gérer autrement la ressource eau (…) ; ceux sont autant de techniques connues chez nous mais qu’on avait tendance à abandonner car on a cru que le modèle des blancs était mieux. On se cogne la tête, on dit il faut revenir en arrière !… Il faut au contraire renouer avec notre savoir traditionnel. »

« L’objectif de la formation dispensée à la ferme-école est non seulement de lutter contre l’émigration des jeunes vers la ville, mais aussi de développer une activité formatrice qui vise à leur intégration future dans leurs villages comme entrepreneurs agricoles. Les élèves sont en effet recrutés dans les milieux ruraux défavorisés. »

Un peu plus au nord, au Burkina Faso, Inoussa Maiga partage la préoccupation de P. Gbenou pour le métier de paysan, mais il a choisi la voie du journalisme pour le revaloriser.

C’est ainsi qu’il a fondé AgribusinessTV afin de raconter, en de courtes vidéos, les innombrables initiatives qui prouvent indéniablement la nouvelle dynamique de l’agriculture familiale. Et ça marche ! En six mois, il avait 1.000 fans sur Facebook, et les expériences individuelles issues de différents pays d’Afrique de l’Ouest commençaient à inspirer des initiatives de réplication ! Une démarche dont le succès a été relaté par de grands médias étrangers, puis récompensé par plusieurs concours internationaux.

Acteurs et promoteurs d’une agriculture familiale pérenne et rémunératrice se multiplient en Afrique de l’Ouest avec, entre autres objectifs, celui de tordre le cou à une croyance dénoncée par P. Gbenou : « Chez nous, si les parents envoient les enfants à l’école, c’est pour qu’ils deviennent intellectuels, car ce sont les intellectuels qui ont les ressources financières, qui ont le pouvoir, qui décident du pays… »

Dans le monde de rareté que l’on nous annonce pour demain, cette nouvelle dynamique pourrait rendre le pouvoir à ceux qui seront capables de produire de quoi nourrir les populations ?

Auteur : Marine Lefebvre

Source : SOS FAIM - www.sosfaim.lu

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Publié le vendredi 3 février 2017
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