Objectif : zéro mort sur nos routes
"Je ne pourrai pas être satisfait aussi longtemps qu’il y aura des morts et des blessés sur nos routes", nous confie François Bausch, ministre du Développement durable et des Infrastructures. Aujourd’hui, prévention et répression portent leurs fruits sans pour autant résoudre totalement la question ; demain, la voiture autonome devrait endiguer le problème, en même temps que la pollution et le trafic.
Interview.
Où en est-on de la mise en place des radars ?
20 radars fixes et 6 radars mobiles sont opérationnels depuis avril. Il faudra attendre l’année prochaine pour pouvoir dresser un 1er bilan, mais j’ai déjà des retours positifs de la part de la police. Nous constatons, comme dans les autres pays qui ont introduit ce système, qu’après quelques semaines durant lesquelles nous avons connu un pic important au niveau du nombre des P.V., les automobilistes se sont adaptés et respectent aujourd’hui davantage les limitations de vitesse.
Aujourd’hui, alors que nous sommes presqu’à la moitié de l’année 2016, nous enregistrons une dizaine de morts, contre 36 morts pour l’entièreté de l’année 2015. Mais il faut rester très vigilant quant aux conclusions que l’on pourrait tirer de ces chiffres, car l’été est toujours la saison la plus meurtrière.
Quel est l’impact souhaité sur les accidents de la route ?
L’impact visé est très clair : sauver des vies. Mon objectif, dans l’absolu, c’est la vision zéro. Je ne pourrai pas être satisfait aussi longtemps qu’il y aura des morts et des blessés sur nos routes. Je crois que cette vision se réalisera un jour, quand nous aurons la voiture autonome... et elle va arriver très vite.
Quelle sera l’incidence de la voiture autonome sur la sécurité routière ?
A partir du moment où la voiture autonome sera utilisée par tous, nous ne devrions plus déplorer ni blessés ni morts, puisque que l’ordinateur est programmé pour respecter scrupuleusement les limitations de vitesse, les feux rouges, etc. En principe, il ne peut pas commettre d’erreurs ou être distrait par son smartphone ou par son voisin. Nous allons gagner énormément en sécurité, tout en gagnant aussi en commodité et en convivialité.
En commodité et en convivialité, c’est-à-dire ?
La voiture autonome changera fondamentalement le rapport entre les humains et la voiture. Si nous ne conduisons plus la voiture nous-même, nous ne ressentirons peut-être plus le besoin de la posséder et nous nous tournerons plus volontiers vers le car sharing. La voiture ne sera plus qu’un élément dans la chaîne de mobilité, un élément intéressant pour la liberté individuelle qu’elle apporte certes, mais elle perdra le statut qu’elle a eu au siècle dernier. J’ai coutume de dire que, du point de vue statut, la voiture du 21e siècle est le smartphone. Hier, un jeune n’avait qu’une idée en tête : passer son permis pour pouvoir conduire une voiture. Aujourd’hui, il est plus intéressé par le fait de posséder un smartphone ou une tablette. Cela reflète l’évolution actuelle vers la digitalisation qui va transformer radicalement la mobilité. Nous programmerons bientôt nos trajets quotidiens à l’aide de notre smartphone qui nous donnera en quelques secondes les meilleures combinaisons pour nos déplacements en tenant compte des facteurs temps, confort et budget. Et, bien sûr, la digitalisation des transports ira de pair avec la décarbonisation.
Mélanie Trélat