Osons !
Arrêtés dans notre marche en avant par un virus, nous voilà bien vulnérables. Après avoir fait le tour de notre petit monde, avoir pu constater que depuis nos maisons, nos appartements, nos boulots en télétravail, nos jardins, malades ou non, nous allons plutôt bien.
Après avoir confirmé nos privilèges, cessé de nous apitoyer sur nos interdictions de sortie, offert notre temps et notre soutien à celles et ceux autour de nous qui sont moins privilégié.e.s dans ce système, il est temps de nous pencher sur l’état du monde et ce que nous en ferons dès demain.
La crise que nous traversons est sanitaire, mais a déjà débouché sur une crise financière et annonce une crise économique majeure qui pourrait avoir des conséquences bien plus dramatiques que la crise de 2008.
Les crises sont sans nul doute génératrices de changements radicaux. La question est de savoir quel type de changements. Comme Naomi Klein l’a expliqué en 2007 dans son livre ‘La stratégie du choc – La montée du capitalisme du désastre’, le néo-libéralisme sait pleinement tirer parti des situations de crise, la peur et l’effarement générés créant un terreau propice à son expansion. Expansion qui conduit in fine à la destruction du bien commun.
Milton Friedman, économiste néolibéral, a dit : “Seule une crise – réelle ou perçue – produit un changement réel. Lorsque la crise surgit, les mesures qui sont prises dépendent des idées en circulation à ce moment-là ”. À ce moment de bascule et face au risque pressant d’une accélération des pratiques destructrices, il est plus que jamais nécessaire et urgent que les idées de la transition écologique et sociale, nos idées, celles de la société civile et de certains politiques travaillant depuis des années pour répondre à l’urgence climatique et sociale occupent l’espace public et soient au cœur des décisions prises.
Pendant les semaines à venir nous proposerons des Résilience Cafés, un espace virtuel pour décrypter les mesures annoncées, partager des bonnes pratiques, études scientifiques, idées et des initiatives pour une reconquête de notre imaginaire collectif.
Notre devoir aujourd’hui est de savoir lire, dans ces crises, la possibilité d’une refondation de notre vivre ensemble autour de valeurs fortes, positives et partagées, en adéquation avec les limites planétaires, et ne surtout pas revenir à une normalité nuisible.
Nous savons déjà ce qu’il faut faire pour aller vers cette société dont nous rêvons. Osons le mettre en place ! Osons la réduction généralisée du temps de travail, pour favoriser l’accès au travail de tous et toutes, pour redéfinir les rôles de genre et pour dégager davantage de temps pour l’auto-production, la culture et l’engagement civique. Osons l’extension des possibilités de télétravail, pour réduire la pression sur les transports et permettre aux villes de mieux respirer. Osons le soutien aux circuits de l’économie locale et écologique et à l’économie sociale et solidaire, pour renforcer le poids des alternatives à l’empire de l’économie financiarisée fondée sur la fragmentation des chaînes d’approvisionnement à l’échelle mondiale. Osons la mise en place d’un revenu d’existence et de monnaies locales dans une perspective d’alternative à la croissance infinie dans un monde fini. Osons (d’urgence !) le réinvestissement dans les biens collectifs, en matière de mobilité, d’enseignement, de santé et de logement, afin de permettre à tous les ménages, y compris les plus précarisés, d’avoir accès à une vie digne, permettant l’épanouissement de chacun…
Aujourd’hui, arrêté net dans notre quotidien, nous avons dû apprendre en peu de temps à mettre en place ce savoir théorique, à oser certains changements. Essayons de ne pas les oublier demain. À partir de ces nouvelles manières d’être ensemble, de produire et de consommer, de s’entraider et de se déplacer, d’enseigner et de prendre soin les uns des autres, une nouvelle société est en train de s’inventer : une société conviviale et solidaire. Notre société dès demain.
Delphine
* Article inspiré par
- l’édito “Après la pandémiE” d’Imagine-magazine
- Naomi Klein, La stratégie du choc – La montée du capitalisme du désastre
- Différentes newsletters inspirantes : Transition Network, Les Glorieuses, Bloom, Greenpeace, …
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