Parce que 2020 sera une année bissextile !
2019 aura été une année particulière. Ni le Brexit, ni une guerre commerciale totale entre les États-Unis et la Chine – pourtant « attendus » en plus d’être « redoutés » – n’auront eu lieu.
Dans le premier cas, l’Europe des 27 et le Royaume-Uni ont maintes fois repoussé l’échéance fatidique ; dans le second, les « rivaux systémiques » américains et chinois quoiqu’au bord du gouffre ont toujours su éviter de faire le dernier pas en avant vers une taxation de la totalité des importations provenant de l’autre pays à coup de « gestes » en direction de la partie adverse, de suspension des mesures décidées précédemment, et de « phase one deal ». Aussi, de nombreuses utopies semblent être devenues réalistes l’année dernière.
D’anciens banquiers centraux ont soutenu publiquement qu’ils pensaient le plus grand bien de « l’helicopter money », le parlement européen a interdit les produits plastiques à usage unique, des jeunes ont pu faire l’école buissonnière en masse avec la bénédiction de leurs parents (pour (tenter de sauver) la planète), le 9 mai est devenu férié dans un pays européen pour « honorer » l’Europe, deux femmes ont pris les rênes de la BCE et de la Commission européenne, se dire « socialist » est devenu « cool et branché » aux Etats-Unis, l’UE s’est officiellement engagée à devenir neutre en carbone à horizon 2050, le ministre de la santé du Grand-Duché a déclaré qu’avec la légalisation « on » allait pouvoir vendre du cannabis de qualité aux résidents qui actuellement achètent du produit nocif sur le marché noir, et une équipe luxembourgeoise de football a marqué la bagatelle de 8 buts en phase de poule de ligue Europa. Tout compte fait, ce sont autant d’invitations à « oser » penser « out of the box » et à vous lâcher comme jamais auparavant en 2020. Alors un bon conseil pour cette année, soyez Blanche Neige et 5 des 7 nains à la fois.
Si votre adolescent youth 4 climate activiste vous bassine une nouvelle fois avec ses souhaits de décroissance et pousse le bouchon jusqu’à considérer se convertir au GINKS (Green Inclination, No Kids) afin de sauver la planète, faites-lui remarquer (Grincheux) qu’il y a comme une petite incohérence et un trop plein d’altruisme à vouloir sauver une planète où il n’entend pas laisser de descendance. Et parce que vous ne le direz jamais assez, rappelez-lui que les limites à la croissance ne sont pas physiques mais intellectuelles, puisqu’à l’instar d’un plat réussi la croissance n’est pas qu’une affaire d’ingrédients mais aussi – voire surtout – une affaire de recettes.
Si un collègue toujours dans la tendance même quand ce n’est pas la bonne direction fait l’inquiet car persuadé et convaincu que l’intelligence artificielle va mettre à l’amende l’intelligence humaine et fera au salarié ce que la voiture a fait au cheval, c’est-à-dire le rendre obsolète, dédramatisez la situation (tel Prof). Assurez-lui que l’Homme triomphe (et triomphera toujours) des machines car elles sont d’une stupidité confondante et dépourvues d’intelligence émotionnelle, que de nombreux pays sont actuellement au plein-emploi avec de nombreux postes à pourvoir, et que la véritable révolution qu’il va falloir gérer n’est pas tant la révolution technologique – l’humanité en a vu d’autres et des bien plus spectaculaires que l’actuelle -, mais le vieillissement sans précédent qui va poser des défis en série et en P : productivité, participation au marché du travail, places disponibles en structures d’hébergement pour personnes âgées. Parce que tout cela risque un peu de l’inquiéter, surtout s’il est proche de la retraite, pensez à lui dire de ne pas trop s’en faire pour son âge qui avance car le Grand-Duché va sans doute se doter d’une garantie pour les seniors et d’une Monalisa (mobilisation nationale contre l’isolement des âgés) sur le modèle de la garantie pour la jeunesse.
Si votre formidable mère (car toutes les mamans sont formidables, les papas aussi bien sûr, mais surtout les mamans) vous questionne sur « cette histoire de productivité dont tout le monde parle » et dont elle ne sait pas vraiment ce que c’est, avouez que personne ne sait vraiment ce qu’est la productivité, raison pour laquelle ceux qui travaillent sur le sujet aiment à dire qu’elle est la « mesure de notre ignorance » (Atchoum). Parce qu’elle ne sera pas plus avancée, surtout si elle est assise, complétez en lui disant que la productivité c’est « grosso modo » parvenir à faire plus avec autant voire moins, sans qu’on ne sache toujours exactement comment on y arrive puisque cela dépend du progrès technique qui s’apparente par bien des aspects à une « manne qui tombe du ciel ».
Si votre pote qui aime bien dire du mal des plus nécessiteux ressort son laïus contre les demandeurs d’emploi paresseux devant l’Éternel qui ont la belle vie en profitant des minimas sociaux et des allocations chômage et contre les demandeurs d’asile à qui on donne tout, soyez aussi candide que Simplet et demandez-lui s’il vous conseille de devenir chômeur ou migrant afin de pouvoir tirer au flanc au calme.
Si votre malicieuse voisine vous demande votre avis sur la suppression à venir de la classe 2 et l’individualisation prévue de l’impôt sur le revenu, sachez que c’est une question piège qui ne vous autorise aucun faux pas. Soyez par conséquent aussi vif que Dormeur. Commencez par lui faire remarquer que le taux d’emploi des femmes au Luxembourg – en forte hausse sur la dernière décennie « malgré » la classe 2 – est dans la moyenne européenne et supérieur à celui de nombreux pays à impôt sur le revenu individualisé ; ce sera une façon de lui couper sous le pied l’herbe de l’argument de désincitation au travail de l’actif le moins rémunéré du couple, qui encore souvent se trouve être la femme, régulièrement avancé pour justifier la « réforme » à venir. Ensuite, « bombardez-la de questions (im)pertinentes » : Ne vaut-il pas mieux baser l’impôt sur la solidarité familiale plutôt que sur l’égoïsme individuel ? Si on s’aventure sur la voie de l’individualisation fiscale ne devra-t-on pas également emprunter l’autoroute de l’individualisation des droits sociaux et mettre fin aux pensions de réversion, à l’affiliation familiale à la caisse nationale de santé, voire aux obligations de pensions alimentaires ? L’individualisation n’est-elle pas un passeport assuré pour la ruine des familles mono-actives ? Quid des retraités concernés par la réforme ? N’y a-t-il pas quelque chose de l’ordre de la flute à bec à prétendre vouloir construire une société plus solidaire en voyant d’un mauvais œil la solidarité intra-familiale et l’imposition conjointe ? Préfère-t-elle Pharrell Williams ou Alice Merton ? Elle a réveillonné au pinot noir ou au vin blanc ? Pourquoi certains ne sont pas à l’heure et d’autres ne dansent pas dans les temps ? Connait-elle les deux autres pays (avec le LuXembourg) avec un « X » dans leur nom ?
Écrit par Michel - Edouard Ruben
Actualité de notre partenaire la Fondation IDEA