Pesticides : urgence pour un règlement européen
natur&ëmwelt, le Mouvement Écologique et Greenpeace Luxembourg – membres de la plateforme Meng Landwirtschaft – demandent d’urgence des mesures européennes ambitieuses pour diminuer l’usage de pesticides de synthèse.
Urgence pour un règlement européen sur la réduction des pesticides et des solutions à long terme en matière de sécurité alimentaire, de restauration de la biodiversité et de la protection du climat.
En octobre 2021, le Mouvement Écologique, natur&ëmwelt a.s.b.l. et Greenpeace Luxembourg – membres de la plateforme Meng Landwirtschaft -, se sont réjouis du succès obtenu par l’initiative citoyenne européenne « Sauvons les abeilles et les agriculteurs ». L’initiative – signée par 1,2 millions de citoyens – a demandé une réduction de 80 % des pesticides synthétiques d’ici 2030 et leur élimination totale d’ici 2035 afin de répondre aux crises de la biodiversité et de la santé. Plus de 5.250 citoyens luxembourgeois ont signé cette initiative européenne.
La Commission européenne a reporté la proposition du règlement européen sur la réduction des pesticides qui aurait dû être présentée le 23 mars, en même temps que des objectifs contraignants de restauration de la nature.
Depuis l’invasion russe en Ukraine, des lobbies tentent d’utiliser cette situation et ses répercussions sur l’approvisionnement en produits agricoles, notamment en céréales provenant de l’Ukraine et de la Russie, pour remettre à plus tard la réforme urgente de l’agriculture intensive, grande consommatrice de carburants et de produits chimiques.
Les risques de pénuries alimentaires ne trouveront pas leur solution dans une approche court-termiste, ni dans le sacrifice de la restauration de la biodiversité et de la protection du climat.
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En effet, dans les pays riches plus de 60% des céréales sont destinées à l’alimentation animale, ainsi que la production d’agrocarburants. L’UE importe des céréales d’Ukraine et de Russie pour nourrir le bétail qui, à terme, est principalement exporté vers des pays tiers. Ce système est très inefficace et repose exclusivement sur des céréales bon marché, dont la production n’est pas soumise à la réglementation européenne et qui sont donc produites avec de grandes quantités de pesticides et d’engrais de synthèse, ce qui nuit à la santé des citoyens et à la biodiversité.
La Commission européenne a d’ailleurs envoyé un message urgent au Luxembourg (décembre 2020), afin de réorienter l’agriculture nationale vers une production moins intensive de lait et de viande. La réduction du cheptel qui induira une réduction de l’utilisation de céréales pour l’alimentation animale permettrait de pallier le déficit de disponibilité céréalière consécutive de l’invasion de l’Ukraine.
Affaiblir les normes environnementales ou détruire des pelouses riches en biodiversité pour augmenter la production à court terme n’est en aucun cas la solution ! Au contraire. Accélérer la perte de biodiversité davantage va augmenter la pression sur l’approvisionnement alimentaire à moyen et long terme.
La hausse actuelle des prix des céréales et les messages alarmistes des lobbies de l’agriculture industrielle soulignent la fragilité du modèle agricole dominant de l’UE. Cette crise souligne à quel point une réforme systémique de l’agriculture européenne est indispensable.
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Notre dépendance à l’égard des engrais et pesticides de synthèse et des importations d’aliments pour animaux est une source majeure de faiblesse pour notre agriculture et il est du devoir de nos décideurs d’améliorer cette situation.
Le règlement sur la réduction des pesticides remplacera la directive de 2009 sur l’utilisation durable des pesticides. La plupart des pays de l’UE n’ont pas mis en œuvre cette directive. Elle a donc eu un impact limité et nous avons perdu treize années depuis l’introduction de la directive. Il est désormais extrêmement urgent d’agir rapidement.
Il est urgent de prendre des mesures beaucoup plus ambitieuses pour diminuer l’usage (et les risques) des pesticides de synthèse afin de lutter contre la crise de la biodiversité et de la santé et pour garantir une production durable d’aliments sains. Les pesticides doivent être traités comme des substances nocives et la réglementation doit être améliorée.
La plateforme Meng Landwirtschaft s’est adressée au Ministre de l’Agriculture, de la Viticulture et du Développement rural, au Ministre de la Santé, au Ministère de l’Environnement, du Climat et du Développement durable, aux députés membres des commissions parlementaires concernées, ainsi qu’aux députés européens pour les solliciter de veiller à ce que le Luxembourg prenne toutes les mesures nécessaires pour restaurer la biodiversité et prévenir les dommages à la santé, à l’eau et à l’environnement, pour récompenser les agriculteurs qui travaillent avec la nature et garantir des prix équitables pour une alimentation saine.
La lettre en question peut être lue ici.