Petit pays, gros consommateur
Selon les calculs de l’ONG Global Footprint Network, le Luxembourg a franchi le seuil de son « crédit écologique » : il a théoriquement épuisé les ressources que sa nature peut produire en un an. Cela lui vaut une 2e place au classement mondial. Peu glorieux, mais sa petite taille et son économie forte lui jouent des tours mathématiques.
Dimanche, 16 février, c’était le « jour du dépassement » pour le Luxembourg. Selon les calculs de l’ONG Global Footprint Network, qui diffuse chaque année un classement mondial en la matière, c’est la date à laquelle un pays a théoriquement – mathématiquement – consommé les ressources naturelles qu’il peut produire annuellement.
Le 16 février, c’est comme en 2019. En 2018, le Grand-Duché avait tenu trois jours de plus…
Le jour du dépassement mondial – le même calcul, à l’échelle planétaire – est attendu en juillet. En 2019, la date du 29 juillet marquait ce jour où l’humanité a déjà dépensé l’ensemble des ressources que la Terre peut régénérer en un an.
Un mauvais bulletin pour un élève qui fait de gros efforts
Le ranking du Luxembourg marque les esprits, parce qu’il arrive en deuxième position mondiale, à quelques longueurs… du Qatar – son jour « bascule » était le 11 février.
Et si on compare le Grand-Duché à ses voisins ? Selon l’ONG, la Belgique aura épuisé ses ressources renouvelables le 5 avril, l’Allemagne le 3 mai, et la France le 14 mai.
Le Luxembourg est-il si mauvais élève , alors qu’il fait montre d’initiative notamment dans le pacte climat en faveur de l’environnement, de la mobilité, etc ?
Des hectares et des facteurs de rendement
On peut relativiser les choses en se penchant sur le mode de calcul qu’utilise Global Footprint Network. La formule compare la bio-capacité à l’empreinte écologique de l’humanité. La bio-capacité est définie comme la capacité des écosystèmes à produire de la matière biologique utile et à absorber les déchets générés par les sociétés humaines, compte-tenu des systèmes de gestion et des techniques d’extraction actuels.
On peut estimer la bio-capacité en multipliant chaque surface exploitable par des facteurs, comme un rendement spécifique à chaque pays, un facteur propre à un type de culture. On obtient une unité de mesure à l’hectare, toutes les surfaces étant additionnées, quelle que soit leur affectation. S’agissant d’une mesure à l’hectare, la petite taille du Grand-Duché par rapport à des données de production et de consommation qui dépassent ses frontières – empreinte du travail frontalier, impact énorme de la vente des carburants – lui octroient un score « forcé ». Un peu comme quand on cite le Luxembourg en tant que recordman mondial du PIB/habitant : son produit intérieur brut est effectivement très élevé mais il est généré par une série de facteurs économiques globaux et bien davantage de personnes que son nombre de résidents. C’est aussi une question de proportions.
Cela étant dit, il n’en reste pas moins que le Luxembourg a, comme tous les autres pays, une marge de progression appréciable, pour consommer mieux, pour épuiser moins les précieuses ressources. Idem pour les Luxembourgeois et... pour tous les « utilisateurs » du pays.
Alain Ducat
Photo : Le Kirchberg vert (Fonds Kirchberg)