Présentation des efforts nationaux de préparation à Ebola
Le 6 novembre 2014, le Premier ministre Xavier Bettel, la ministre de la Santé, Lydia Mutsch, et le ministre de l’Intérieur, Dan Kersch, ont présenté les grands axes de la coordination interministérielle dans le domaine de la lutte contre la maladie à virus Ebola sur base du plan d’intervention d’urgence pour cas probables/confirmés Ebola au niveau national.
Si le niveau élevé de la préparation nationale permettra de limiter au minimum le risque d’infection avec le virus Ebola sur le territoire national, le principe de précaution impose de rester vigilant.
La conférence de presse a été suivie d’une présentation sur le site de Luxembourg Air Rescue (LAR) du dispositif de transport par ambulances et de rapatriement par voie aérienne (MEDEVAC) de personnes infectées.
Plan Ebola
Le plan Ebola, élaboré sous la direction du Haut-Commissariat à la protection nationale (HCPN) et adopté par le Conseil de gouvernement en date du 22 octobre 2014, définit l’action du gouvernement :
• lorsqu’un cas Ebola probable ou confirmé doit être rapatrié au Grand-Duché de Luxembourg depuis le pays d’origine ;
• lorsqu’un cas probable ou confirmé Ebola se présente sur le territoire national.
Le plan détermine les organes de gestion de crise, fixe le déroulement de la diffusion d’alerte des autorités en fonction de différents scénarios et détermine les mesures d’urgence.
La Cellule de crise est activée par le Premier ministre et convoquée par le Haut-Commissaire à la protection nationale dès que l’Inspection sanitaire de la Direction de la santé a confirmé un cas probable d’Ebola sur le territoire national.
Sous l’autorité du gouvernement, la Cellule de crise initie, coordonne et veille à l’exécution de toutes les mesures destinées à faire face à la crise et à ses effets, respectivement à favoriser le retour à l’état normal.
La procédure d’alerte et la composition de la Cellule de crise sont définies en fonction de 4 scénarios différents :
• cas probable/confirmé Ebola à l’aéroport de Luxembourg ;
• cas probable/confirmé Ebola détecté sur le territoire national (aéroport exclu) ;
• rapatriement d’un résident ou ressortissant luxembourgeois exposé à haut risque / cas probable / cas confirmé Ebola ;
• cas probable/confirmé Ebola se trouvant à bord d’un navire battant pavillon luxembourgeois.
En fonction des scénarios, le plan prévoit 4 mesures d’urgence :
• la prise en charge d’un cas probable/confirmé Ebola à l’aéroport de Luxembourg ;
• la prise en charge et le diagnostic/traitement du cas probable/confirmé au Centre hospitalier de Luxembourg (CHL) ;
• le transport d’un cas probable/confirmé Ebola jusqu’à un établissement hospitalier ;
• le rapatriement d’un résident ou ressortissant luxembourgeois ayant contracté le virus Ebola depuis le pays d’origine jusqu’à l’aéroport de Luxembourg.
La ministre de la Santé Lydia Mutsch a ensuite passé en revue les modalités des mesures 1 et 2.
La prise en charge d’un cas probable / confirmé Ebola à l’aéroport de Luxembourg
Elle a expliqué que des médecins spécialisés de la Direction de la Santé effectuent sur place, après avoir été alertée par lux-airport via le 112, une évaluation de l’état de santé de la personne concernée et décident du transfert vers le Service national des maladies infectieuses en fonction du profil à risque de la personne en question qui est isolée jusqu’à l’arrivée de l’ambulance. Les autres passagers sont également soumis à une évaluation. Des affiches apposées à divers endroits de l’aéroport (et à la gare de Luxembourg) par le ministère de la Santé informent et sensibilisent les voyageurs en provenance des pays à risque.
La Direction de la santé intervient également en première ligne selon les mêmes lignes pour les cas détectés sur le territoire luxembourgeois en dehors de l’aéroport. Le ministère de la Santé a adressé une guidance spécifique aux différents établissements hospitaliers, cabinets médicaux, maisons médicales et pharmacies avec des instructions claires quant à la manière d’agir face à un cas suspect, probable ou confirmé d’Ebola.
La prise en charge et le diagnostic/traitement du cas probable/confirmé au CHL
Une procédure détaillée est en place auprès du CHL afin de garantir au mieux la sécurité du patient et du personnel soignant. Le gouvernement a pris les engagements nécessaires afin que le département d’immunologie du laboratoire bénéficie du matériel adéquat pour réaliser les diagnostics spécifiques dans les conditions maximales de sécurité et dans des délais très brefs, de sorte que le recours à des structures à l’étranger n’est plus requis. Le Service national des maladies infectieuses dispose de plusieurs chambres à pression négatives et peut encadrer jusqu’à deux patients Ebola. Des exercices de simulation régulièrement organisés dans les locaux du CHL ont permis au personnel d’intégrer le protocole des différentes procédures requises. Des sessions d’information dispensées par le ministère de la Santé au bénéfice des professions de santé sont prévues.
Un accord trouvé avec la France et l’Allemagne permettrait de bénéficier des structures des hôpitaux universitaires de Strasbourg, Nancy et Düsseldorf dans le cas, peu probable, où une telle prise en charge deviendrait nécessaire, au-delà des capacités nationales.
Le Luxembourg sera, en cas de besoin, approvisionné directement d’un des rares médicaments actuellement administrés pour le traitement du virus Ebola, à partir d’un stock limité constitué auprès de l’Agence française de sécurité des médicaments.
Le transport d’un cas probable/confirmé Ebola jusqu’à un établissement hospitalier
Le ministre de l’Intérieur a ensuite exposé le volet du transport d’un cas probable/confirmé Ebola jusqu’à un établissement hospitalier.
Il a souligné que la priorité absolue est de garantir la protection et la sécurité de l’équipage ambulancier, d’où la mise à disposition de tenues de protection du niveau de sécurité le plus élevé actuellement vendues sur le marché. Deux ambulances spécialisées pour assurer le transport de patients atteints d’une maladie infectieuse sont disponibles, l’une stationnée au Centre d’intervention de Dudelange et l’autre au Service incendie et ambulance de la Ville de Luxembourg.
Les sapeurs-pompiers professionnels de la Ville de Luxembourg assureront les transports sur le territoire de la capitale, et l’équipage de Dudelange assurera les transports dans tout le Grand-Duché. Le temps de préparation des équipes avant un départ peut durer jusqu’à ¾ heures. Pendant ce temps d’attente, le 112 donne des instructions à l’appelant sur son comportement à adopter.
Dan Kersch a aussi évoqué la mise en place d’une nouvelle méthode de décontamination/désinfection, par fumigation de formaldéhyde (qui a pour avantage d’éviter tout risque de l’intervention d’un agent qui s’exposerait lui-même au risque de contamination).
Le ministre de l’Intérieur a souligné que le matériel spécialisé était déjà disponible et le personnel formé longtemps avant la crise Ebola. Des transports infectieux se sont régulièrement. L’achat de matériel supplémentaire et la mise en place de procédures adaptées a été nécessaire pour garantir la sécurité du transport de patients Ebola vers l’étranger dans des hôpitaux spécialisés. Ces transferts sont plus complexes vu la durée du trajet et la nécessité de changer de personnel en cours de route.
Le rapatriement d’un résident ou ressortissant luxembourgeois ayant contracté le virus Ebola depuis le pays d’origine jusqu’à l’aéroport de Luxembourg
Il ne s’agit en aucun cas de rapatrier des patients en général de l’Afrique vers l’Europe, mais de garantir le rapatriement des intervenants participant à des missions d’aide dans les pays concernés par l’Ebola.
Depuis 2012, le Luxembourg a enregistré le module MEDEVAC dans le mécanisme européen de Protection civile auprès de la Commission européenne. Le 16 octobre 2014, le voluntary pool, élément nouveau du mécanisme européen de Protection civile, est entré en vigueur. Le 23 octobre 2014, le Luxembourg a déclaré le module MEDEVAC dans le voluntary pool, pour une durée de 2 ans, avec un engagement jusqu’à 48 missions moyennant 2 Learjets XR45 de la Luxembourg Air Rescue (LAR). La LAR sera en mesure de réaliser des rapatriements de patients de la catégorie 1 à partir de la mi-décembre 2014 et de patients des catégories 2 et 3 courant janvier 2015.
Avant le déploiement du MEDEVAC, une analyse des risques est effectuée par LAR au cas par cas. Le module MEDEVAC sera mis à disposition sous condition que le Grand-Duché de Luxembourg puisse se réserver la possibilité de refuser une mission dans des cas spécifiques et après concertation avec la Commission européenne :
• en cas d’urgence nationale lorsque le Luxembourg devrait rapatrier une personne luxembourgeoise, un résident ou frontalier infecté par Ebola, un collaborateur ONG sous contrat avec la Direction de la coopération et de l’action humanitaire ;
• en cas de force majeure telle que des problèmes techniques de l’avion, une situation météorologique instable, etc. ;
• en cas de toute autre situation grave, notamment lorsque l’analyse des risques effectuée au cas par cas par la LAR s’avérerait défavorable à une évacuation.
Le ministre de l’Intérieur a annoncé aussi qu’un exercice à grande échelle réunissant tous les acteurs dont l’intervention sera requise dans le cas d’une alerte Ebola aura lieu le 27 novembre sous l’égide du Haut-Commissariat à la protection nationale.
Le Premier ministre Xavier Bettel a énuméré par la suite les différentes contributions luxembourgeoises dans le domaine de la coopération et de l’action humanitaire dans le cadre de la lutte contre l’Ebola. Ainsi, la contribution totale du Luxembourg aux programmes de MSF, de l’OMS, du PAM (UNHAS), du HCR, du CRP-Santé, de la Croix-Rouge luxembourgeoise et du fonds fiduciaire de l’ONU s’élève à plus d’un million d’euros. S’y ajoute une contribution de 654.500 euros consacrée au financement du plan national d’actions d’Ebola dans le cadre de nos programmes de santé bilatéraux au Sénégal. De plus, la Direction de la coopération et Arcelor Mittal se sont engagés à contribuer à hauteur de 200.000 euros au total à un projet qui sera mis en œuvre par la Croix-Rouge luxembourgeoise. En outre, 7 systèmes de télécommunication par satellite du projet emergency.lu seront déployés dans la région.
Informations supplémentaires :
La transmission du virus Ebola :
• Seulement une personne ayant des signes de maladie bien visible, comme la température très élevée (plus que 38,5 degrés) peut transmettre le virus !
• Le virus ne se transmet que par les liquides corporels ! Il ne se transmet pas par l’air.
• Il est recommandé aux citoyens de s’adresser au 112 au lieu de se rendre dans un cabinet médical ou un hôpital.
Plus d’informations sur Ebola se trouvent sur les sites www.sante.public.lu et www.infocrise.lu ou peuvent être demandés auprès de l’Inspection sanitaire au numéro (+352)2478-5650.
Communiqué par le Service information et presse du gouvernement // (de g. à dr.) Dan Kersch, ministre de l’Intérieur ; Xavier Bettel, Premier ministre © SIP