Production d’ENR : un impact positif sur la biodiversité ?
On oppose souvent le développement des énergies renouvelables et celui de la biodiversité. Pourtant, après avoir exploité pendant plusieurs années des centrales photovoltaïques au sol et sur l’eau, Enovos démontre que, moyennant quelques précautions, ils ne sont pas incompatibles, bien au contraire ! Reportage Enovos
Les champs solaires développés par Enovos à Junglinster et Beidweiler, ainsi que sa centrale photovoltaïque flottante à Differdange, ont modifié les conditions physiques des zones concernées, générant un nouvel équilibre de la faune et de la flore présentes.
Pour mesurer et suivre l’incidence de ces projets, un inventaire des animaux et plantes ainsi qu’une analyse de la manière dont ils occupent l’environnement a été dressé en amont de l’installation des centrales. Ce travail, mené par des experts en biodiversité, a commencé plus d’un an avant la construction des projets de manière à observer les activités sur un cycle de quatre saisons.
Les résultats de ces études ont été déterminants pour la configuration des projets. Ainsi, dès la conception, des dispositions ont été prises pour limiter les impacts potentiels.
Par exemple, dans les champs solaires au sol, les panneaux ont été posés à une hauteur minimale de 80 centimètres, ce qui permet aux animaux de continuer à circuler librement sur le site en passant sous les installations, mais aussi à la luminosité nécessaire à la croissance des plantes sous les panneaux de filtrer. Une distance minimale de 4 mètres a été préservée entre chaque ligne ; les oiseaux peuvent ainsi continuer à chasser depuis les airs dans la zone restée libre.
Quant à la centrale photovoltaïque flottante, elle a été posée sur un ancien bassin industriel qui servait à refroidir l’eau issue du procédé de production d’ArcelorMittal. Cet espace présentait une biodiversité très limitée, donc le fait de créer de l’ombre sous l’eau en installant des flotteurs et de mettre en place des points d’ancrage n’était pas problématique.
Une influence positive
Quatre années se sont écoulées depuis la mise en service de la première installation et beaucoup d’a priori présents lors du développement du projet sont tombés depuis. En effet, le suivi révèle que l’influence des centrales sur leur environnement s’avère positive.
Sur le bassin, les oiseaux, qui ne faisaient auparavant que passer pour se reposer, nichent désormais sur les flotteurs situés sous les panneaux et 18 espèces spécifiques aux milieux aquatiques ont été recensées, dont 2 nouvelles espèces observées en 2023. On a même découvert, sur cette île artificielle, un nid de grèbe castagneux, une espèce protégée.
À Junglinster, la prairie maigre de fauche initiale a conservé sa qualité et la Salvia pratensis – une espèce de sauge sauvage, elle aussi protégée - qui avait été recensée a pu être préservée grâce à des précautions prises en phase de construction, pendant laquelle les machines étaient interdites d’accès dans les zones où elle poussait.
Il en va de même à Beidweiler, où 6 nouvelles espèces ont été observées. On a même pu voir une mésange bleue nourrissant ses oisillons sur la structure sous les panneaux et des corbeaux - oiseaux de la famille des corvidés - se servant des panneaux pour briser des noix.
Lors de la mise en service de telles installations, le ministère de l’Environnement, du Climat et de la Biodiversité oblige le porteur du projet à couper l’herbe et à la ramasser pour éviter l’apport de nouveaux nutriments au sol et la prolifération de certaines plantes au détriment d’autres.
Un protocole d’élevage propre à chaque site
Souhaitant éviter les travaux mécaniques et réduire les interventions humaines, Enovos a opté pour une solution naturelle - y installer des moutons – et a travaillé avec l’Administration de la Nature et des Forêts pour établir un protocole d’élevage propre à chaque site. Un nombre maximum de moutons par hectare a été défini. Sur le plus petit des deux terrains, à Junglinster, une pause est respectée pendant la floraison pour permettre aux plantes de pousser et au pollen de se répandre, le déplacement des moutons permettant ensuite au pollen résiduel de se disperser. Le site de Beidweiler a, quant à lui, été divisé en 4 parcelles où les moutons paissent à tour de rôle.
Enovos a remporté plusieurs appels d’offres pour des projets pilotes lancés par les ministères de l’Agriculture, de l’Économie, et de l’Environnement, du Climat et de la Biodiversité, dont l’objectif est de regrouper production agricole et production énergétique sur le même site, tout en améliorant la biodiversité.
L’installation photovoltaïque sera conçue en étroite collaboration avec l’agriculteur, en fonction de ses besoins et autour de l’exploitation. Par exemple, les panneaux pourront être implantés plus haut pour que les vaches puissent continuer à paître dans le champ et, dans l’un des premiers projets en préparation, des panneaux verticaux bifaciaux orientés est-ouest seront posés pour permettre le passage du tracteur entre les lignes.
Un suivi sera opéré sur le rendement de l’installation, mais aussi sur son impact sur la biodiversité, la production agricole et le bien-être animal.