Programme LIFE : un financement vital pour la nature menacé en Europe

Programme LIFE : un financement vital pour la nature menacé en Europe

Le financement du programme LIFE, essentiel à la conservation de la nature, est en péril. L’asbl natur&ëmwelt et la Fondation Hëllef fir d’Natur tirent la sonnette d’alarme et interpellent le gouvernement luxembourgeois. Claudine Felten, directrice de l’association revient sur les enjeux et l’urgence d’un engagement politique.

Le programme LIFE, unique fonds européen entièrement dédié à la protection de la biodiversité, est aujourd’hui en danger. À l’approche du prochain cadre financier pluriannuel de l’Union européenne, qui couvrira la période post-2027, les priorités budgétaires risquent de se détourner de l’environnement au profit d’enjeux économiques et sécuritaires. Face à cette menace, l’asbl natur&ëmwelt et la Fondation Hëllef fir d’Natur ont adressé un courrier au gouvernement luxembourgeois, exhortant les autorités à défendre un financement européen dédié à la restauration de la nature.

Claudine Felten
Claudine Felten - © natur&emwelt

Dans leur lettre, elles soulignent que « le renforcement des mesures de restauration et de protection de la nature dans le prochain cadre financier pluriannuel sera la clé d’une Union européenne plus sûre, plus résiliente et plus prospère ». Elles insistent sur l’importance des écosystèmes, qui fournissent des ressources essentielles telles que l’eau potable et les sols fertiles, tout en jouant un rôle clé dans l’atténuation du changement climatique.

« Nous n’avons pas encore reçu de réponse, mais il est crucial d’agir maintenant », explique Claudine Felten, directrice de natur&emwelt. « C’est la première fois que nous lançons un tel appel au gouvernement, car la situation est alarmante. Partout en Europe, les budgets environnementaux sont menacés, notamment sous la pression des partis conservateurs. »

Tous concernés

L’enjeu dépasse largement le cadre luxembourgeois. À Bruxelles, les ONG environnementales ont lancé une campagne de sensibilisation auprès des gouvernements nationaux afin de garantir la poursuite du programme LIFE. « Nous sommes membres de BirdLife Europe, un réseau de partenaires internationaux. Il est fondamental que chaque pays défende ces financements auprès de ses décideurs », précise Claudine Felten.

Dans leur courrier, les associations rappellent que « le programme LIFE représente moins de 1 % du budget total de l’UE, mais reste extrêmement efficace et doit, de ce fait, être poursuivi ». Elles mettent en avant le fait que pour garantir la mise en œuvre de la Nature Restoration Law, des investissements considérables seront nécessaires, alors que l’objectif européen de consacrer 10 % des dépenses au financement de la biodiversité d’ici 2026 est encore loin d’être atteint.

Le Luxembourg a bénéficié de montants significatifs issus du programme LIFE, qui ont permis la restauration de milieux naturels et la protection d’espèces menacées.


« Les projets que nous avons menés grâce à ces fonds ont eu un impact énorme sur la renaturation de nos paysages et la sauvegarde de la biodiversité. Il serait dramatique de perdre cette opportunité. »

Claudine Felten, directrice de natur&ëmwelt

Des échanges encourageants

Outre leur importance écologique, ces investissements sont aussi économiquement rentables. La Commission européenne estime que « pour chaque euro investi dans la restauration de la nature, il y aurait un retour monétaire de 8 à 38 euros », notamment grâce aux services écosystémiques qu’elle procure, comme la purification de l’eau et la fertilité des sols.

Dans ce contexte, le ministre de l’Environnement Serge Wilmes pourrait jouer un rôle clé. Selon Claudine Felten, les échanges avec ce dernier ont été encourageants et positifs pour l’avenir : « Avant d’envoyer la lettre, nous avions déjà abordé la question avec le Ministre. Il comprend l’importance du programme LIFE et sait que sans financements européens, il sera impossible d’atteindre les objectifs fixés par la loi européenne sur la restauration de la nature. »

Car au-delà de l’opportunité, il y a une obligation. Comme le soulignent natur&ëmwelt et la Fondation Hëllef fir d’Natur dans leur courrier, « les accords européens et internationaux ne sont pas respectés, et la crise de la biodiversité et du climat n’est pas efficacement traitée ». La Nature Restoration Law, récemment adoptée par l’UE, impose aux États membres des objectifs ambitieux en matière de restauration des écosystèmes dégradés. « Ces engagements nécessitent des moyens considérables, et les fonds du programme LIFE sont presque prédestinés à les financer », insiste Claudine Felten.

Si le Luxembourg ne se mobilise pas rapidement pour défendre ces financements, c’est l’ensemble des efforts de conservation qui pourraient être compromis. « Nous comptons sur le gouvernement pour porter notre voix au niveau européen. Plusieurs États membres et de nombreuses ONG ont déjà pris position, il est temps que le Luxembourg se joigne à eux », souligne la directrice.

L’avenir du programme LIFE et du financement européen pour la biodiversité se joue dans les mois à venir. En attendant un retour du gouvernement, natur&ëmwelt et la Fondation Hëllef fir d’Natur poursuivent leur combat pour que la nature reste une priorité politique.

Sébastien Yernaux

Article
Publié le lundi 17 mars 2025
Partager sur
Avec notre partenaire
Nos partenaires