Quand le climat bouleverse l'eau : enjeux et perspectives

Quand le climat bouleverse l’eau : enjeux et perspectives

Le changement climatique menace l’eau potable : sécheresses, précipitations extrêmes et écosystèmes perturbés en sont les conséquences. Regards d’experts : Guy Antony, Thierry Schaack et François Ries de Schroeder & Associés.

Quels sont, selon vous, les impacts les plus critiques du changement climatique sur les ressources en eau dans notre région ?

Guy Antony ; ingénieur en chef  : Les impacts critiques incluent la disponibilité insuffisante, voire la non-disponibilité temporaire, d’eau potable. Ce problème affecte particulièrement les petites communes qui ne sont pas connectées aux réseaux de distribution des grands syndicats. De plus, les cours d’eau, souvent asséchés ou réduits à de faibles débits, souffrent d’un réchauffement des eaux, impactant gravement la faune et la flore.

Thierry Schaack ; cadre dirigeant  : Bien que le bilan annuel des précipitations reste relativement constant, les extrêmes sont de plus en plus fréquents. Les pluies torrentielles, par exemple, empêchent l’infiltration adéquate de l’eau pour recharger les réserves souterraines, menaçant ainsi la productivité des sources d’eau potable.

Les petites communes doivent alors rechercher de nouvelles sources ou envisager des raccordements coûteux avec des communes voisines. L’assèchement des cours d’eau en été et les épisodes de stress hydraulique dus aux pluies intenses sont également préoccupants, notamment en milieu urbain.


« Les phénomènes extrêmes, qu’il s’agisse de pluies torrentielles ou de sécheresses prolongées, constituent les défis majeurs. »

François Ries

François Ries ; administrateur  : Les phénomènes extrêmes, qu’il s’agisse de pluies torrentielles ou de sécheresses prolongées, constituent les défis majeurs. Ces événements affectent directement la quantité et la qualité de l’eau disponible. Assurer un approvisionnement suffisant dans toutes les régions, notamment celles où la production locale d’eau potable est insuffisante, nécessitera des investissements importants, comme des raccordements longue distance et des infrastructures coûteuses. Ces solutions impliquent souvent des coupes profondes dans la nature.

Quelles méthodologies ou outils utilisez-vous pour prévoir les impacts climatiques sur les ressources en eau potable ?

Thierry Schaack  : C’est une très bonne question. Les modèles climatiques spécifiques ne sont disponibles qu’à l’échelle internationale. Au Luxembourg, les communes sont approvisionnées en eau soit par le lac de barrage d’Esch-sur-Sûre, soit par les eaux de sources. Schroeder & Associés est plutôt actifs dans le domaine des sources.

Au Luxembourg, nous surveillons les débits des sources et mettons en place des systèmes de protection pour garantir la qualité de l’eau, même pendant les fortes précipitations. Nous observons également une augmentation de la consommation d’eau, en partie due à la construction croissante de piscines privées, une réponse aux températures élevées.


« Les modèles climatiques spécifiques ne sont disponibles qu’à l’échelle internationale. »

Thierry Schaack

François Ries  : Il est extrêmement difficile de prévoir les phénomènes extrêmes. Cependant, leur impact sur les réserves d’eau potable est indéniable, ce qui nécessite une attention constante pour garantir la disponibilité de cet élément vital.

Pouvez-vous partager des exemples de solutions innovantes que vous avez mises en place pour faire face aux défis climatiques liés à l’eau ?

Guy Antony : Dans le cadre du projet « Symbiosis » au site de reconversion de la « Metzeschmelz » au sud du pays, nous avons développé un système innovant de recyclage des eaux grises. Ce projet permet de produire des eaux non potables, réutilisables pour l’arrosage et les toilettes, tout en garantissant leur qualité et la fiabilité du service à long terme. Nous avons également accompagné un projet de serres, permettant d’arroser les légumes à 100% avec des eaux de pluie collectées sur place.


« Les impacts critiques incluent la disponibilité insuffisante, voire la non-disponibilité temporaire, d’eau potable. »

Guy Antony

Thierry Schaack : Un autre projet est localisé dans une commune du centre du pays, où nous élaborons un système de surveillance des eaux à distance. Ce dispositif permettra aux communes de mieux réagir face aux événements extrêmes, tout en collectant des données pour développer des modèles de prévision à l’avenir.

Texte et photo de Schroeder & Associés
Légende photo : (d. g. à d.) Thierry Schaack ; cadre dirigeant, Guy Antony ; ingénieur en chef et François Ries ; administrateur.

Article tiré du dossier du mois « Eau-delà »

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Publié le lundi 24 février 2025
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