Restaurer la nature, priorité européenne et locale
Objectif : rétablir les habitats naturels, dont environ 80% sont en mauvais état. Une feuille de route pour les écosystèmes, que le Luxembourg pousse à avancer.
Avec cette nouvelle année, la Suède a pris la présidence tournante du Conseil de l’Union européenne (UE), pour six mois. « Cette présidence correspond à un moment où l’Union est confrontée à des défis sans précédent. Une Europe plus verte, plus sûre et plus libre est au cœur de nos priorités », a notamment déclaré le Premier ministre Ulf Kristersson, en présentant le programme suédois.
Parmi les grands défis et objectifs de 2023 pour cette « Europe plus verte », il y a tout un programme de restauration de la nature, qui fera l’objet d’un règlement proposé par la Commission européenne.
Le dernier conseil « Environnement » de l’année 2022 y a été consacré. Lors du débat à Bruxelles, la ministre luxembourgeoise, Joëlle Welfring, a rappelé les grandes lignes de la position du Grand-Duché. « Seulement 15% des habitats et 27% des espèces protégés par l’Union Européenne sont dans un bon état de conservation. Alors, l’adoption de mesures de restauration ambitieuses et décisives ne peuvent plus attendre », a-t-elle martelé.
Des efforts, des horizons, un investissement
Si le Luxembourg salue les objectifs de restauration proposés, il souhaite avant tout maintenir leur niveau d’ambition, sans naïveté. « Ces objectifs nécessiteront des efforts conséquents et donc il faudra trouver un équilibre avec d’autres intérêts. Mais s’attaquer maintenant de manière résolue à ce défi sera financièrement avantageux à moyen terme, et permettra de conserver et de rétablir la nature qui est essentielle pour notre bien-être commun et notre santé ».
Le jeu en vaut clairement la chandelle et les associations et organisations non gouvernementales militant pour l’environnement le soulignent à l’envi. Pour le WWF par exemple, « la proposition de la Commission européenne est une étape majeure pour lutter contre la double crise biodiversité et climat, en fixant des objectifs contraignants de restauration des écosystèmes ». Le WWF appelle à son adoption rapide car « elle représente une réelle avancée pour inverser la perte de biodiversité et lutter contre le dérèglement climatique ».
Il faudra endosser les avancées proposées et renforcer certains points. Ainsi, les mesures proposées couvriraient au moins 20% des zones terrestres et marines de l’UE d’ici 2030. Le gouvernement luxembourgeois propose de se donner également un objectif intermédiaire pour 2040, ainsi que de viser un objectif ambitieux à long terme, à savoir de restaurer l’ensemble des écosystèmes à l’horizon 2050.
Baliser les plans nationaux
Le Luxembourg a d’autres demandes. Comme instaurer le principe de « non-détérioration » des habitats restaurés, dans une clause spécifique qui, pour le ministère, « représenterait un outil efficace pour garantir un effet à long terme des efforts de restauration ».
Une fois votée, la proposition obligerait les États membres à mettre en place des mesures de restauration afin d’atteindre les objectifs spécifiques aux différents écosystèmes et à élaborer des plans nationaux de restauration, en étroite coopération avec tous les acteurs concernés.
La proposition européenne définirait également des « indicateurs de biodiversité » afin de mesurer les progrès accomplis. Le Luxembourg a d’ores et déjà mis en avant sa stratégie de restauration des milieux naturels, faisant partie intégrante de son « Troisième plan national concernant la protection de la nature » (PNPN3), dont l’avant-projet a été soumis à la consultation du public fin 2022.
Alain Ducat
Photo : WWF