Résultats d'une étude édifiante…

Résultats d’une étude édifiante…

Détection de polluants dans les cheveux d’enfants parisiens

Le Laboratoire de Biomonitoring du Luxembourg Institute of Health (auparavant : CRP-Santé) a conduit une étude sur la présence de polluants dans l’organisme chez des enfants vivant à Paris par l’analyse d’échantillons de mèches de cheveux

L’analyse capillaire permet de refléter précisément l’exposition à la pollution environnementale sur plusieurs mois. Pour mener cette étude, commanditée par le journal français « Le Journal du Dimanche », le laboratoire luxembourgeois a été choisi pour son expertise dans le domaine de l’évaluation de l’exposition humaine aux polluants, la qualité de ses recherches et l’indépendance de ses travaux. Les résultats révèlent une exposition à une multitude de polluants organiques et une concentration en polluants en moyenne deux fois plus élevée (et jusqu’à huit fois plus élevée pour les extrêmes) chez les enfants parisiens que dans une population rurale témoin.

 

Dr. Brice Appenzeller et son équipe du Laboratoire de Biomonitoring (LAHB) du Luxembourg Institute of Health ont effectué une étude détaillée sur l’exposition des enfants à la pollution en analysant la présence de métabolites (petites molécules issues du métabolisme) résultant de différents types de polluants organiques dans la structure de leur cheveux. Le laboratoire a développé des méthodes pour l’extraction de composés des cheveux, leur identification et leur quantification. L’étude a été initiée par le journal français « Journal du Dimanche », qui a publié les résultats dans un article en novembre 2014 : « Pollution, tabac, les enfants trinquent ».

Les informations cachées dans les cheveux

Par rapport à des échantillons de sang ou d’urine, les cheveux fixent certains composés durablement dans leur structure et permettent ainsi de tracer l’exposition aux polluants sur une période de temps plus longue. Les cheveux consituent ainsi une véritable matrice de « biomonitoring ». En effet, un cm de cheveu contient les informations sur un mois d’exposition.

Les échantillons analysés au cours de cette étude provenaient de 28 enfants de Paris et 10 de l’île d’Yeu, une île près de la côte Vendéenne (ouest de la France), âgés entre 2 et 11 ans. Les deux sites de collecte ont été choisis pour pouvoir faire une comparaison entre des individus d’une zone urbaine à forte pollution atmosphérique (provenant de la circulation et de l’industrie) et des personnes vivant dans une zone « contrôle », supposée plus épargnée par les sources de pollution présentes en région parisienne.

Les polluants qui nous entourent

L’équipe du Dr. Appenzeller a développé une méthode efficace pour extraire des marqueurs de pollution de la structure interne des cheveux. Ces marqueurs sont des métabolites d’hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP), tels que le naphtalène, le fluorène, le phénanthrène et le pyrène. Certains HAP sont classés comme cancérigènes ou perturbateurs endocriniens (déréglant l’équilibre hormonal), mais leurs effets sur la santé humaine demeurent

largement inconnus. Ils sont libérés dans l’air pendant des processus de combustion et proviennent donc majoritairement d’activités industrielles, de l’incinération des déchets, des carburants, mais aussi du chauffage domestique ou encore de la cigarette. Étant associés aux particules en suspension dans l’air, ils sont pour la plupart inhalés, mais peuvent également être ingérés, par exemple lors de la consommation de viande grillée ou d’aliments contaminés (produits laitiers, œufs, fruits, légumes, etc.).

Résultats d’une étude édifiante

Les marqueurs de pollution ont été quantifiés en utilisant la chromatographie couplée à la spectrométrie de masse, une technique analytique très sensible. À partir de 50 substances mesurées, 10 ont été retrouvées dans tous les échantillons. Pour ces substances, les concentrations étaient en moyenne environ deux fois plus élevées dans les échantillons de Paris que dans les échantillons de contrôle et même jusqu’à neuf fois plus élevées que la médiane pour les enfants parisiens les plus exposés.

L’étude a également montré que dans les deux populations, ce sont les enfants en bas âge qui sont exposés le plus aux HAP. Une explication probable tient au contact main-bouche plus fréquent chez les jeunes enfants et favorisant l’ingestion des polluants présents au sol. La grande variation de la nature et de la concentration des différents HAP d’un enfant à l’autre est un autre résultat intéressant. Ceci démontre que les enfants sont exposés à différentes sources de pollution et que le cocktail de pollution atmosphérique n’est pas homogène.

L’étude comprenait également le dosage de la cotinine, un biomarqueur d’exposition à la fumée de cigarette. Il est frappant de constater que tous les enfants parisiens sont des fumeurs passifs, que leurs parents soit eux-mêmes fumeurs ou pas. Leur taux de cotinine était cinq fois supérieur à celui de la population témoin. Ceci pourrait s’expliquer par la forte densité de population à Paris et donc un contact involontaire plus fréquent avec la fumée de cigarette.

Des études épidémiologiques plus larges avec une population randomisée seront nécessaires pour consolider ces résultats. Il serait également intéressant d’étendre les études à d’autres villes ou régions.

Communiqué par Luxembourg Institute of Health 

 

 

 

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Publié le mardi 27 janvier 2015
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