Rivières et ruisseaux à sec !
Les effets de la sécheresse sont marqués. Les cours d’eau souffrent et présentent des niveaux extrêmement bas, voire critiques.
L’Administration de la gestion de l’eau (AGE) confirme l’alerte générale sur le niveau des cours d’eau en ce mois d’août caniculaire. « L’année 2022, avec ses vagues de chaleur et un déficit de précipitations, s’annonce comme une année de sécheresse record. Nos cours d’eau en souffrent et présentent des niveaux extrêmement bas, certains sont même à sec », explique l’AGE dans un communiqué du ministère de l’Environnement, du Climat et du Développement durable, qui évoque une « situation critique ».
Le ministère et l’administration rappellent l’interdiction de tout prélèvement dans les eaux de surface, même couvert par une autorisation, et rappellent la réduction drastique des pêches sur les cours d’eau. « Il s’agit de ne pas compromettre davantage la survie des organismes aquatiques, au risque d’engendrer une dégradation potentiellement irréversible de la qualité des eaux de surface ».
Des niveaux inquiétants, et même inédits
L’AGE dresse un bilan alarmant des niveaux des cours d’eau. Et les conditions météorologiques ne poussent pas à l’optimisme. « Pour l’instant, cela prolonge le déficit pluviométrique et la sécheresse actuelle. Des averses ou des orages localisés sont néanmoins possibles d’ici peu. Mais cela ne changera guère la situation critique de nos cours d’eau.
Il faudrait au moins deux semaines de pluie consécutive pour améliorer significativement la situation ».
Une situation inquiétante, chiffres à l’appui. Depuis le mois de mars 2022, les niveaux des cours d’eau sont passés à la moitié de ceux observés entre 2002 et 2020, en moyenne mensuelle.
En juillet, les cours d’eau de l’Oesling sont déjà descendus au quart des niveaux normaux moyens. « L’Our et la Haute-Sûre présentent des niveaux particulièrement bas et inquiétants ».
Au Sud du pays, les niveaux sont moins fortement impactés. En juillet, ils étaient en moyenne à moins de 60% des niveaux mensuels normaux.
Mais, souligne l’AGE, « en ce mois d’août, certains petits cours d’eau sont déjà à sec. Un évènement rare et très interpellant, encore jamais observé sur certains ruisseaux ».
Organismes aquatiques littéralement piégés
La solide tendance à la baisse des débits est hélas confirmée par le réseau d’observation des étiages de la dernière semaine. « Des valeurs critiques sont mesurées depuis juillet, surtout dans l’Oesling, mais aussi sur l’Attert et la Moselle ».
Les résultats hebdomadaires peuvent être retrouvés sur http://www.iksms.de/servlet/is/2000122/ et http://www.iksms-cipms.org/servlet/is/2000902/
L’impact est immédiat et se mesure aussi sur la durée. Les épisodes de sécheresse ne sont de fait pas sans conséquence pour les cours d’eau et tout ce qu’ils font vivre ou régulent.
Ainsi, la baisse des niveaux d’eau affecte directement la faune et la flore aquatiques. Par exemple, les faibles hauteurs d’eau favorisent l’augmentation de la température de l’eau, « ce qui appauvrit la disponibilité en oxygène pour les organismes aquatiques ». À ceci vient s’ajouter l’augmentation de la concentration des charges polluantes puisque l’effet de dilution est amoindri par les faibles débits, sans même parler de lits complètement à sec...
« Lorsque les cours d’eau se retrouvent partiellement à sec, on observe une fragmentation du milieu aquatique. Les organismes qui y vivent se retrouvent piégés dans une section de cours d’eau stagnante, pauvre en oxygène et avec une charge polluante importante. Et sans possibilité d’accéder à des zones favorables à la survie ».
Attention redoublée
Bien évidemment, dans ce contexte particulièrement tendu, la phase de sensibilisation « eau potable » est toujours d’actualité.
Le ministère précise que « si les ressources et capacités des grands fournisseurs au niveau national sont actuellement suffisantes pour combler les consommations actuelles, certaines communes se trouvent néanmoins dans des situations critiques au niveau local ».
Et l’appel est renouvelé : « Tous les consommateurs doivent faire preuve de civisme et s’approprier les bons gestes pour une utilisation raisonnable et rationnelle de l’eau » (rappel ici - PDF)
Alain Ducat
Photos et illustration : AGE
(photo principale) Le cours d’eau « Béiwenerbaach » près de Bavigne, à sec ©AGE / D. Majeres
(photo dans l’article) Le « Koulbich » près de Colpach-Bas, à sec © AGE / Martine Peters
Pour plus d’informations : www.waasser.lu