Slow Food : consommer bon, propre et juste
Proposer une solution alternative à la « malbouffe », c’est la vocation du mouvement Slow Food.
« Le mouvement Slow Food est né en Italie, il y a 30 ans. Il a été créé par un groupe d’amis dans le but de contrecarrer la vague de fast-foods qui commençaient à s’établir un peu partout en Europe et de proposer une solution alternative aux consommateurs : celle de consommer bon, propre et juste », raconte Thierry Origer, président du conseil d’administration de Slow Food Luxembourg. Depuis 1986, le mouvement italien a essaimé et des convivia -c’est ainsi que sont nommées les cellules locales-, se sont créées dans différents pays du monde. Leur mission est de reprendre la philosophie et les engagements adoptés au niveau mondial et de les mettre en place dans leur région. Ces convivia sont aujourd’hui au nombre de 1.500 et Slow Food est présent dans 160 pays. Le mouvement regroupe au total 100.000 membres et 1 million de sympathisants. Au Luxembourg, l’a.s.b.l. Slow Food existe depuis 1999 et peut compter sur l’implication de 150 à 200 membres.
« Consommer bon, propre et juste » est la devise de Slow Food. Concrètement, cette philosophie est synonyme d’une alimentation authentique, savoureuse et de saison, d’une production sans intrants chimiques qui ne nuit ni à l’environnement ni à la santé humaine ni au bien-être animal, et de produits vendus à un prix soutenable par le consommateur et qui permette aux maillons de la chaîne de production de vivre décemment de leur travail. Cela a pour corollaire la sauvegarde des produits du terroir et des producteurs locaux.
À la question : « Quelles sont les causes de la malbouffe dans notre société ? », le responsable de Slow Food Luxembourg répond sans hésiter : le budget. Et, ce disant, il pointe non pas le manque de moyens mais le manque de volonté de consacrer de l’argent à des produits alimentaires : « Il y a 50 ans, la part de notre budget qui était allouée à ce poste était le double ou le triple de celle qu’on y dédie aujourd’hui. Désormais, on dépense pour tout et n’importe quoi, mais on voudrait que l’alimentation soit presque gratuite. Cette attitude génère scandales alimentaires et disparitions de producteurs », dénonce-t-il.
On ne dépense sans doute pas assez pour l’alimentation, mais est-ce que la course contre la montre que nous vivons tous au quotidien n’y est pas aussi un peu pour quelque chose ? Selon Thierry Origer, « Il est clair que la durée des repas s’est considérablement réduite ces dernières décennies. Paradoxalement, nous observons qu’il n’y a jamais eu autant d’émissions et de livres sur la cuisine sans que cela semble influer massivement sur les comportements qui ne sont pas en phase avec cette tendance. Le temps joue certainement un rôle, mais c’est aussi une question d’organisation : on peut préparer rapidement un plat simple et sain - une salade de tomates avec une bonne huile d’olive par exemple - ou cuisiner un plat qui sera consommé sur quelques jours - une soupe de légumes par exemple ». Hormis le fait d’anticiper et de planifier ses menus, le second conseil qu’il donnerait aux consommateurs est de privilégier les aliments locaux ou régionaux, « ceux dont ils peuvent voir dans quelles conditions ils ont été élevés, fabriqués ou produits, ceux sur lesquels ils peuvent avoir un contrôle direct, ce qui n’est pas le cas quand on achète un produit qui provient de l’autre bout du monde ».
Pour diffuser ses messages, Slow Food organise diverses manifestations portées par des bénévoles et ouvertes à tous, membres et non-membres : un travail de sensibilisation dans les écoles, des ateliers du goût, des visites chez les apiculteurs, vignerons, producteurs suivies d’une dégustation, des soirées thématiques et des conférences. La dernière en date a eu lieu le 19 octobre 2016 aux Rotondes et avait pour titre Bananamour – Letz lov’ fair bananas. Elle était issue d’une collaboration avec l’association Fairtrade Luxembourg et avec la maison Grosbusch Marcel&fils.
En savoir plus : www.slowfood.lu
Mélanie Trélat