The True Costs of the Banana
La banane est le fruit le plus populaire de la planète. Facilement transportable, appréciée par les petits et grands, elle nous permet à tout moment de faire le plein d’énergie. Néanmoins, la production de la banane est régulièrement confrontée à des violations des droits de l’Homme et à une utilisation massive de pesticides.
Quel avenir pour la filière de la banane ?
En janvier 2018, le magazine allemand ÖKO-TEST [1]avait testé 22 bananes disponibles dans le commerce sur la présence de produits chimiques. Le constat était sans appel : toutes les bananes conventionnelles testées contenaient des pesticides hautement dangereux, dans la peau et souvent même dans la pulpe. Selon le test, le magazine recommandait alors la banane issue de l’agriculture biologique et Fairtrade.
Aujourd’hui, les producteurs de bananes doivent de plus en plus faire face à des phénomènes divers comme l’apparition de maladies ou des situations météorologiques imprévisibles. En août 2019, la Colombie a décrété l’état d’urgence pour protéger les bananes ! En effet, depuis quelques semaines, un champignon, appelé le Fusarium Tropical Race 4, attaque les plantations de bananes en Colombie. Démarrée en Asie, l’épidémie a progressivement gagné l’Australie et l’Afrique. Son arrivée en Amérique latine menace aujourd’hui la production mondiale de la banane. Ce champignon, présent dans le sol, détruit complètement le bananier en moins de deux mois et contamine la terre pendant plusieurs décennies, rendant toute future culture au même endroit impossible. Cette situation risque de menacer la durabilité de l’industrie mondiale de la banane ainsi que les moyens de subsistance de millions de producteurs et de travailleurs de ce secteur.
[1]https://www.oekotest.de/essen-trink...
L’étude « the external costs of the banana production : a global study »
L’étude Oekotest n’est pas la seule à mettre en évidence la problématique de la production de la banane en rapport avec son impact négatif sur l’environnement et la société. En effet, il en résulte ce que l’on appelle des coûts écologiques et sociaux externes, qui jusqu’à présent n’ont jamais étaient quantifiés. Pourtant, de plus en plus de voix réclament plus de durabilité et de transparence dans le secteur de la banane, visant à forcer les entreprises à inclure les coûts externalisés dans leurs calculs. Le secteur de la banane est donc confronté à la tâche de rendre la production de bananes plus durable et de réduire les coûts externalisés.
Dans le cadre de ce défi et dans le souci d’une transparence au niveau des vrais coûts sociétaux, Fairtrade International, dont Fairtrade Lëtzebuerg est membre, a chargé True Price et Trucost[1] de réaliser la première étude mondiale sur les coûts environnementaux et sociaux externes de la production de bananes[2] dans les principaux pays producteurs, à savoir Colombie, République dominicaine, Équateur et Pérou. Les impacts sociaux abordés dans l’étude comprennent des questions liées au travail social telles que la sous-rémunération, la santé et la sécurité, les heures supplémentaires, la protection sociale, le travail des enfants, le harcèlement et les menaces au travail, et le travail forcé. Les impacts environnementaux examinés dans cette étude sont le changement climatique, l’utilisation des terres, la rareté de l’eau, la pollution terrestre, aquatique et atmosphérique et la gestion des déchets.
Cette étude se résume en trois objectifs. Premièrement, identifier les impacts environnementaux et sociaux de la production de bananes et utiliser ces informations pour améliorer la stratégie de durabilité du secteur. Deuxièmement, comparer les coûts externes des systèmes de production de bananes conventionnelles dans leur ensemble avec ceux des bananes Fairtrade. Troisièmement, identifier les bonnes pratiques des producteurs dans le but d’améliorer les normes de la production durable, ainsi que les programmes de formation, de renforcement des capacités et autres programmes de soutien.
[1]www.trueprice.org / www.trucost.com
[2]www.fairtrade.lu/files/fairtrade/Ac...
Des résultats positifs pour la banane Fairtrade
Les résultats de l’étude nous montrent que les coûts externes moyens d’une boîte de bananes (18,14 kg) sont de 6,70 $. En général, les coûts sociaux, qui s’élèvent à 60%, sont supérieurs aux coûts écologiques qui se situent à 40%. Les coûts sociaux les plus importants dans les quatre pays étudiés sont l’insuffisance des salaires et de la sécurité sociale pour les travailleurs salariés et l’insuffisance des revenus des petits producteurs et de leur famille. Ensemble, ils représentent en moyenne 33 % du total des coûts externes. Les autres coûts sociaux externes importants sont le harcèlement et les risques pour la santé et la sécurité au travail (respectivement 13% et 11% des coûts externes totaux en moyenne). Les coûts environnementaux les plus importants dans les quatre pays étudiés sont l’occupation des sols (21 %), le changement climatique (10 %) et l’épuisement de l’eau (6 %).
L’étude a révélé que les coûts externes moyens de la production de bananes sont 45 % plus bas pour les producteurs du commerce équitable que pour les producteurs conventionnels du secteur, soit 3,65 $ contre 6,70 $ par boîte de bananes. Les facteurs les plus importants de la différence entre les bananes Fairtrade et non Fairtrade sont les salaires et la sécurité sociale des employés, le rendement, la consommation d’eau et la quantité d’engrais utilisée.
Ainsi, la présente étude fournit une base solide pour pouvoir entamer une évolution positive au niveau de la réduction des coûts externes de la production de bananes dans les différents pays concernés. Il est démontré que le secteur de la banane a le potentiel de passer à un modèle de production plus durable, premièrement en continuant à soutenir les producteurs engagés et deuxièmement en suivant le modèle du commerce équitable.
Ces résultats pourraient également aider les acteurs de ce secteur à formuler des conditions générales pour une production durable de la banane d’ici 2030 - date cible des objectifs mondiaux de développement durable (ODD). Une feuille de route pourrait commencer par définir une vision d’un secteur bananier durable et la traduire en un plan d’action, y compris des objectifs pour faire face aux coûts externes liés à l’insuffisance des revenus (ODD 1 et 8), au changement climatique (ODD 13) et à l’occupation des sols (ODD 15).
Le constat est sans appel : il est urgent de s’attaquer aux causes profondes des coûts externes, qui incluent la pression à la baisse sur les prix (ce qui signifie des revenus plus faibles et moins de ressources à investir dans des projets comme par exemple de meilleurs systèmes d’irrigation), le laxisme des réglementations et des contrôles nationaux du travail, et le caractère informel de la main-d’œuvre bananière dans de nombreux endroits si nous voulons donner un futur à la filière de la banane.
ONLY 100% Fairtrade and Organic Bananas
Depuis 2018, le programme de sensibilisation ONLY s’adresse aux partenaires luxembourgeois qui décident d’offrir à leurs clients exclusivement des bananes 100 % certifiées Fairtrade et issues de l’agriculture biologique. Ces partenaires s’engagent pour mettre fin à l’utilisation massive de pesticides et à la violation des droits de l’Homme dans la filière de la banane et contribuent ainsi la construction d’une filière durable de la banane.
En tout, ce sont 271 sites au Luxembourg, représenté par huit acteurs qui ont pris l’engagement de s’associer au programme ONLY à savoir le groupe Sodexo, Restopolis, le groupe Pall Center et Alima, les Cactus Shoppi, les auberges de jeunesse du Luxembourg, l’épicerie Beim Lis et enfin le Centre national Sportif et Culturel de la Coque, qui proposent exclusivement des bananes 100% Fairtrade et issues de l’agriculture biologique à leurs clients.
D’autres entreprises se sont fixées l’objectif d’atteindre le 100% dans un futur proche et l’ONG Fairtrade Lëtzebuerg veillera à les accompagner dans cette transition équitable et biologique en vue d’atteindre également l’objectif de 50 % de part de marché en 2020 pour la banane équitable.