Transformer les défis en opportunités pour les entreprises
La Chambre de Commerce est un des trois organismes qui ont initié le processus de la Troisième révolution industrielle au Luxembourg. Son rôle ? Sensibiliser les entreprises à la nécessité d’évoluer mais aussi les soutenir pour faire face aux défis soulevés par cette Troisième révolution industrielle. Interview de Jérôme Merker, attaché aux affaires économiques à la Chambre de Commerce
Pourquoi avoir choisi de porter ce projet ?
La Chambre de Commerce représente les entreprises couvrant environ 80 % du PIB généré au Luxembourg. Y sont affiliées des entreprises de tous types et de tous secteurs : industrie, finance, hôtellerie, restauration, logistique, commerce, etc., qui sont toutes bien évidemment concernées par les prémices de la Troisième révolution industrielle, à savoir les défis liés au développement durable, aux évolutions technologiques ainsi que l’émergence de nouveaux modèles d’affaires. C’est pourquoi il était pour nous essentiel de soutenir et de financer ce projet.
Quel est le fondement de cette étude stratégique ?
Le Luxembourg est un pays ouvert qui ne peut, de ce fait, échapper aux méga-tendances qui se dessinent à l’échelle mondiale. Nous avons le plus grand marché du travail transfrontalier de l’Union européenne, 80 % de nos services et produits sont exportés et une grande partie des technologies que nous utilisons sont importées. Nous sommes donc très dépendants du marché international et des évolutions connexes. Les conditions de demande, notamment les niveaux d’exigence et de sophistication des clients internationaux ne laissent pas d’autre choix aux acteurs nationaux que d’innover et de s’adapter aux nouvelles tendances du marché.
Quelles sont les méga-tendances que vous évoquez ?
Je pense notamment à la réduction drastique des émissions de CO2 introduite par la COP21. Il faut que les entreprises, tous secteurs confondus, s’engagent sur ce terrain, tout comme l’État et les citoyens, et fassent des efforts dans ce sens. Un autre exemple de méga-tendance est la digitalisation en tant que telle ainsi que les émanations qui y sont associées qui bouleversent les business models, à l’image d’Airbnb et d’Uber qui sont en train de « disrupter » leurs marchés traditionnels.
Ces défis représentent-ils plutôt des contraintes ou des perspectives de développement pour les entreprises ?
Les deux à la fois. Citons l’exemple de l’industrie puisque c’est le groupe de travail que j’ai animé. Un des sujets de discussion était l’industrie 4.0, une notion développée en Allemagne et connue sous le nom d’usine du futur en France. Dans ce secteur, les investissements à consentir pour se moderniser sont souvent très lourds et visent le long terme, mais ils permettent aussi de dégager de grandes opportunités. Pour se préparer aux défis de demain, les acteurs industriels doivent investir dans des technologies et des outils de production interconnectés et plus respectueux de l’environnement, et des processus de production, qui permettent de gagner en flexibilité, en productivité et en compétitivité. Ce sont des tendances qui concernent l’ensemble des acteurs économiques. La demande et nos habitudes sont en constante évolution et il revient aux entreprises de s’adapter inlassablement.
Comment la Chambre de Commerce va-t-elle accompagner les acteurs privés dans cette évolution ?
Notre mission est de sensibiliser nos membres au fait que ces tendances arrivent, qu’il faut les accueillir avec une attitude positive et accepter les défis qui y sont liés.
Au niveau politique, Étienne Schneider a annoncé, lors de la séance de clôture du processus Rifkin, cinq plateformes thématiques pour assurer le suivi des mesures mises en œuvre dans les domaines de la construction, de l’industrie, de l’énergie, de la mobilité et de l’économie circulaire.
Nous soutenons également les entreprises à travers nos propres initiatives. Tout d’abord, la House of Entrepreneurship, qui est une initiative de la Chambre de Commerce avec le soutien du ministère de l’Économie et de nombreux autres partenaires privés et publics, a un rôle important à jouer dans le soutien des start-up qui émergeront dans le cadre de cette Troisième révolution industrielle, tout comme la House of Training dans le domaine de la formation continue qui est un pilier essentiel dans l’implémentation de la Troisième révolution industrielle. Nous avons déjà renforcé notre offre sur les thématiques liées à la digitalisation et aux ICT, et cette tendance va s’intensifier dans les années à venir. Nous avons aussi publié un document consacré à la transformation numérique, dont l’objectif est d’identifier et de présenter les grandes tendances en la matière et à dresser un état de lieu de la situation du Luxembourg face aux technologies émergentes et aux nouveaux modèles disruptifs. En outre, nous soutenons la plateforme Industrie 4.0, lancée par la Fedil et Luxinnovation, au sein de laquelle nous voulons fédérer tous les acteurs de l’industrie et soutenir les PME dans leurs démarches pour devenir une smart industry.
Mélanie Trélat
Source : NEOMAG
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