Trottinette or not trottinette ?
La trottinette a le vent en poupe. Et pour cause ! L’objet n’est pas seulement agréablement régressif, il est aussi extrêmement pratique et, pour ne rien gâcher, écologique… surtout si on le partage. C’est le concept qu’est en train de déployer Knot, une jeune entreprise strasbourgeoise.
Depuis début juillet, la SNCF teste, à la gare de Saint-Denis en région parisienne, un nouveau service de partage de trottinettes. L’objectif ? Permettre à ceux qui prennent le train de parcourir aisément, rapidement et sans polluer, les quelques dernières centaines de mètres qui les séparent de leur point d’arrivée. Si l’expérience s’avère concluante, une centaine de bornes pourrait pousser dans les gares d’Île-de-France.
C’est la start-up Knot qui a été chargée par l’acteur public du volet opérationnel du projet. À l’origine du déploiement du concept de partage de trottinettes en France, la jeune société a également installé, à titre expérimental pour l’instant, des bornes à Montrouge, à l’initiative de la Société du Grand Paris dans le cadre de l’ouverture d’une nouvelle ligne de métro, ainsi qu’à l’université de Lille. À Strasbourg, berceau de Knot, des tests sont en cours et d’autres villes alsaciennes ont déjà manifesté leur intérêt pour cette solution.
Preuve que la trottinette n’est pas juste un phénomène de mode, mais qu’elle répond à un réel besoin de mobilité, l’application mobile Knot compte, un mois seulement après son lancement, plus de 600 utilisateurs et la société éponyme enregistre chaque jour des feedbacks positifs. « Nous avons reçu de nombreux témoignages d’utilisateurs qui nous félicitent pour le concept qu’ils trouvent génial, mais aussi, à Montrouge notamment, et bien que le projet ait été lancé en août qui est un mois creux et souvent pluvieux, une centaine de demandes d’ajouter des stations supplémentaires. On nous fait aussi parfois des remarques d’ordre technique qui nous permettent d’améliorer le produit », indique Polina Mikhaylova, CEO et cofondatrice de Knot. Il faut dire qu’en plus de fournir l’application et l’infrastructure, Knot s’occupe aussi de la conception et de la fabrication, via un partenaire local, des trottinettes, qui sont donc 100 % Made in France.
Le système de location fonctionne sur le même modèle que celui des vélos en libre-service : les trottinettes sont réunies dans une station alimentée par des panneaux solaires, on les prend et on les dépose au moyen de son smartphone via l’application qui gère à la fois la géolocalisation des bornes, le verrouillage et le déverrouillage des engins, et le paiement. Ce dernier s’opère par prépaiement et le décompte se fait à la minute. Les prix défient toute concurrence : 0,99 euro pour 2 heures, 4,99 euros pour 20 heures et 9,99 euros pour 50 heures.
Mais, si le principe est le même que le bike sharing, pourquoi utiliser une trottinette plutôt qu’un vélo ? « Le code de la route autorise les trottinettes à circuler sur les trottoirs, contrairement aux vélos, ce qui en fait un moyen de transport adapté pour les familles avec des enfants et ce qui est aussi plus sécurisant pour les personnes qui ne sont pas à l’aise à vélo. Un autre petit plus est qu’on peut faire de la trottinette avec des chaussures à talon, ce qui est plus compliqué à vélo », répond Polina Mikhaylova. Pour les collectivités territoriales, le fait d’opter pour un service de partage de trottinettes a aussi ses avantages : « La mise en place de cette solution est économiquement plus abordable qu’un système de vélos partagés et les frais d’entretien sont moindres, ce qui est intéressant pour les villes qui ont des ressources financières limitées. De plus, les infrastructures sont plus compactes », souligne-t-elle.
Knot entame actuellement sa phase d’industrialisation. La start-up vise la création d’une trentaine de réseaux, en France et dans les pays voisins. Après la SNCF, c’est la Deutsche Bahn qui veut mettre en place un réseau de trottinettes, électriques cette fois, à l’essai autour de ses gares.
Ce type de projet pourrait bien trouver un écho au Luxembourg où, c’est bien connu, on est à l’écoute de ce qui passe hors de nos frontières. L’expérience de la SNCF est parvenue aux oreilles du député DP Gusty Graas qui a adressé une question parlementaire à notre ministre du Développement durable et des Infrastructures, François Bausch, sur le sujet : un tel projet pourrait-il être envisagé à la gare de Luxembourg ? Et pourquoi pas même avec des trottinettes électriques ?
Si le ministre a donné une réponse un peu tiède en disant que les résultats du projet français « mériteront d’être analysés », une chose est sûre, les usagers potentiels, interrogés par le site Web lesfrontaliers.lu, se montrent plutôt ouverts à cette idée : ils sont 38 % à voir la trottinette comme un moyen de locomotion « propre et sympa » et 1 participant sur 4 envisage même de couvrir le trajet entre la gare et son lieu de travail en trottinette électrique !
Mélanie Trélat