Une étoile pour la place de demain
C’est un jalon important pour la transformation de Luxembourg. Le concept pour le développement urbain de la place de l’Étoile, site de quelque 3 ha situé à proximité immédiate du centre-ville, propose notamment un pôle de mobilité, plus de convivialité et des aménagements spectaculaires.
La Place de l’Étoile est une porte d’entrée au centre-ville de Luxembourg. Une porte en mal d’aménagements depuis des années, entre projets non aboutis, spéculation et avatars divers. Aujourd’hui, il existe un concept global, une réflexion urbanistique pour le développement de cette étoile, site d’environ 3 ha, à proximité immédiate du cœur de la capitale.
Cela valait bien une présentation détaillée, médiatisée et documentée. S’y trouvaient les grands acteurs d’un dossier qui, comme souvent, unit les forces de la Ville et de l’État, s’appuyant sur de grands porteurs du privé : Lydie Polfer, bourgmestre de Luxembourg, François Bausch, ministre de la Mobilité et des Travaux publics, Thibault Lauprêtre, managing director de l’investisseur international BC Partners, Marc Giorgetti, gérant de l’entreprise Felix Giorgetti...
Il y a, en réalité, deux grands axes au concept global. D’un côté, le projet urbanistique, en l’occurrence la création d’un quartier mixte avec logements, bureaux, commerces et services - un classique - et, en couche superposée, un concept de mobilité, un pôle multimodal même, incontournable pour une porte d’entrée de ville.
Le projet n’aurait d’ailleurs pas pu se monter sans une collaboration entre les acteurs, ni sans la mise à disposition de terrains de la part de l’État et de la Ville de Luxembourg...
Un pôle d’échange
Stratégiquement placé à l’intersection de la route d’Arlon, de la rue de Rollingergrund et du boulevard de la Foire, le site est déjà un pôle d’échange, desservi notamment par les bus de la Ville, les autobus régionaux et, bien sûr désormais par la ligne de tram, laquelle rejoindra la place de la Gare pour la fin de l’année.
Le nouveau projet « Place de l’Étoile » accentuera cette vocation, devenant un axe de circulation direct entre les communes limitrophes de l’Ouest à la capitale. Au programme, entre autres, connexion améliorée aux transports en commun existants, extension programmée du réseau de tram en direction de Strassen, création d’un véritable hub de mobilité visant à favoriser les modes de mobilité douce, avec pistes cyclables, stations de vel’OH ! et liaisons piétonnières vers les autres quartiers, notamment le Rollingergrund.
Une gare souterraine et un tunnel routier
L’espace partagé sera donc beaucoup plus green. Pas seulement parce que les concepteurs ont voulu des espaces verts, des places de convivialité et une mixité des fonctions. Une gare routière souterraine pour les bus mettra les transports en commun en avant, sans les mettre tous en surface.
Cette gare, avec tous les services liés, notamment des commerces de proximité adaptés aux usagers, est même au centre du concept de hub multimodal et d’espace urbain.
Reléguée sans être bannie, la circulation automobile s’organisera autrement. Et ce sera radical : le tronçon de la route d’Arlon, entre le boulevard de la Foire et la rue de Rollingergrund, sera dévié, canalisé dans un tunnel routier, bifurquant depuis le boulevard vers le square de New York, pour rejoindre à nouveau la route d’Arlon ensuite.
Les responsables publics voient dans cette « nouvelle » route d’Arlon une façon d’orienter le trafic de manière ciblée, un partage de la route, une promotion des transports en commun se complétant l’un l’autre et un moyen de dégager du confort urbain, en laissant plus d’espace à l’individu en surface.
Du logement d’abord
Pour la Ville, c’est un élément-clé, et c’est même une priorité affichée par le Collège des bourgmestre et échevins de Luxembourg : la création de logements.
Sur les plus de 100 000 m2 du projet bâti, 47% de la surface totale seront utilisés pour la construction de plus de 600 logements, dont des logements à coûts modérés, promet la Ville.
Le concept prévoit un espace où travail et quartier de vie cohabiteront. Près de 46 000 m2 seront dédiés à l’installation de bureaux - soit 45% de la surface totale. Finalement, les 8% restant, 8.365 m2 environ, cibleront l’intégration de commerces, d’un fitness, d’un « foodhall » avec terrasses et jardins intérieurs et même un cinéma multiplex de 5 salles.
On n’en est qu’aux débuts évidemment, en tout cas loin des premiers coups de pelleteuse. La prochaine étape est de s’attaquer au PAG (plan d’aménagement général) qui devra subir une modification et d’élaborer dans la foulée un PAP (plan d’aménagement particulier), pour le faire adopter par le Conseil communal de Luxembourg. Cela peut être long et semé d’embûches, selon les évolutions du pouvoir en place par exemple. Les autorités actuelle ont elles lancé le projet et prévoient d’entamer les procédures dans le courant du premier trimestre 2021.
Alain Ducat
Illustrations : MMDP/Ville de Luxembourg/Schroeder & Associés