Une réflexion approfondie sur la vie du produit
Le Tricentenaire a été mis en avant dans notre dossier du mois de novembre sur l’économie sociale et solidaire pour sa démarche d’intégration des personnes en situation de handicap dans ses ateliers d’inclusion. Le groupe va plus loin en proposant des produits bio, locaux ou issus du commerce équitable. Explications avec Christophe Lesuisse, directeur général du Tricentenaire.
M. Lesuisse, le Tricentenaire vient de sortir une gamme de thés bio. Pourquoi cette décision de proposer du bio ?
Nous faisons le choix du bio, et même du local lorsque c’est possible, parce que nous ne voulons pas nous contenter de procurer du travail à des personnes en situation de handicap, mais aller plus loin dans notre démarche socio-responsable, voire circulaire. Par ailleurs, la grande distribution est demandeuse de produits bio et made in Luxembourg.
Le choix du bio concerne d’ailleurs pratiquement tous nos produits, qu’il s’agisse du thé qui vient en effet d’être mis en vente, ou des produits chocolatés qui - s’ils ont essentiellement le label Fairtrade - entrent également dans les normes biologiques. Il faut parfois faire des choix sur les labels en raison de possibles contradictions (par ex. local / fairtrade) et, il faut bien le reconnaître, en raison de leurs coûts élevés. Pour les ganaches au miel par exemple, nous travaillons avec Hunneg Këscht, qui va installer trois ruches bio sur notre site à Bissen au printemps prochain.
Notre chocolat est apprécié et cela s’est confirmé avec l’entrée des Chocolats du Coeur dans le top 70 du Gault & Millau « Finest Chocolatiers in Belgium and Luxembourg », auprès de cinq autres chocolatiers luxembourgeois. Nos produits sont sans colorant ou additif, et cette exigence de qualité explique leur succès. Je n’ai aucun doute que la gamme de thés sera aussi très bien accueillie.
Vous mentionnez l’économie circulaire, c’est un concept qu’incarne la bière La Circulaire ?
Nous avons lancé La Circulaire en février à l’occasion de nos 40 ans. Elle est actuellement produite localement par la brasserie Simon et elle annonce notre projet de microbrasserie qui devrait ouvrir d’ici 2 ans à Prettingen, où nous produirons la bière en économie circulaire. Nous emploierons du pain recyclé qui sera séché par four solaire et ensuite broyé pour fournir 30 % des matières premières. Le résidu des cuves, le brai, sera transformé soit en compost afin de faire pousser des champignons qui seront servis sur toast dans la brasserie, soit en biscuit apéritif selon un processus que nous venons de découvrir en France, soit encore pour nourrir du bétail dans les prés voisins.
Les bouteilles actuelles sont en verre recyclable, comme c’est le cas pour les autres bières de la brasserie Simon. Lorsque nous la produirons nous-mêmes, nous opterons certainement pour des bouteilles lavables, afin de donner du travail manuel à nos salariés en situation de handicap. Elles seront conditionnées dans des cageots en bois cautionnés, qui seront fabriqués dans un autre atelier luxembourgeois d’inclusion pour salariés en situation de handicap.
Nous avons une réelle réflexion approfondie sur toute la vie du produit dès son utilisation.
Le service traiteur Tridoc travaille également avec des aliments bio et locaux…
Oui, depuis plusieurs années, nous travaillons aussi avec du local et du bio. Cela vaut pour tous types d’aliments, y compris la viande. Par exemple, la viande de veau provient d’éleveurs luxembourgeois sous le label « Junior Beef », car nous savons que les veaux y sont élevés 10 mois sous leurs mères, dans la région. Nous avons également toute une gamme de dips bio et locaux pour apéritif.
Bien sûr, pour d’autres aliments comme la banane ou le chocolat, qui ne sont pas disponibles localement, nous optons alors pour des produits issus du commerce équitable (Fairtrade).
Marie-Astrid Heyde
Crédit photo : © Editpress/Fabrizio Pizzolante
Dossier du mois Infogreen « De la Terre à l’assiette »