Une révolution est nécessaire pour faire face aux changements climatiques
Les émissions mondiales de gaz à effet de serre ont augmenté jusqu’à des niveaux sans précédent malgré un nombre croissant de politiques de réduction des changements climatiques, selon un nouveau rapport du Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat (GIEC) publié dimanche à Berlin.
Les émissions ont progressé plus rapidement entre 2000 et 2010 qu’au cours de chacune des trois décennies précédentes, note ce rapport du Groupe de travail III qui est le troisième des rapports de trois groupes qui, avec un Rapport de synthèse à paraître en octobre 2014, constituent le cinquième Rapport d’évaluation du GIEC sur l’évolution du climat.
D’après les experts, il serait possible, grâce à toute une gamme de mesures techniques et de changements de comportement, de limiter la hausse de la température mondiale à 2°C au-dessus des niveaux préindustriels. Toutefois, ce n’est que grâce à des bouleversements institutionnels et technologiques majeurs qu’il y aura plus d’une chance sur deux pour que le réchauffement mondial ne dépasse pas ce seuil.
Le Secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-moon, a salué les conclusions de ce rapport,avant d’exhorter « tous les pays à agir rapidement et avec audace face aux changements climatiques, à venir avec des annonces et des mesures ambitieuses au sommet sur le climat le 23 septembre 2014 et à faire tous les efforts nécessaires pour arriver à un accord mondial contraignant et ambitieux sur le climat en 2015 ».
La science nous transmet un message clair
Selon l’un des coprésidents du Groupe de travail III, Ottmar Edenhofer, « les politiques climatiques visant l’objectif des 2°C doivent prévoir des réductions importantes des émissions. La science nous transmet un message clair : nous devons abandonner le statu quo pour éviter toute interférence dangereuse avec le système climatique ».
Selon certains scénarios, pour avoir une chance de limiter l’augmentation de la température moyenne mondiale à 2°C, il faudra réduire les émissions mondiales de gaz à effet de serre de 40 à 70% par rapport à 2010 d’ici le milieu du siècle et les éliminer presque totalement d’ici la fin du siècle.
Des mesures ambitieuses d’atténuation pourraient même exiger une extraction directe du dioxyde de carbone de l’atmosphère. La documentation scientifique existante confirme que des objectifs même moins ambitieux en matière de température exigeraient tout de même des réductions semblables des émissions.
D’après M. Edenhofer, « de nombreuses mesures peuvent permettre de respecter la limite des 2°C, mais elles exigeront toutes des investissements importants. On peut limiter les frais associés en évitant de retarder encore les dispositions d’atténuation et en faisant appel à des techniques très variées ». Les évaluations du coût économique de l’atténuation sont très variables.
Dans les scénarios ne prévoyant aucun changement, la consommation croît de 1,6 à 3% par an. Des mesures ambitieuses d’atténuation réduiraient cette croissance à environ 0,06% par an. Toutefois, les chiffres correspondants ne tiennent pas compte des avantages économiques d’une atténuation des changements climatiques.
Exploiter l’énergie de façon efficace
Pour stabiliser la concentration de gaz à effet de serre dans l’atmosphère, il faudrait réduire les émissions dans le secteur de la production et de l’exploitation d’énergie, dans les transports, dans les bâtiments, dans l’industrie, dans le domaine de l’affectation des sols et dans celui des établissements humains. Les actions d’atténuation mises en œuvre dans un secteur permettront de déterminer les besoins qui existent dans d’autres.
L’élimination presque totale des émissions imputables à la production d’électricité est une condition commune à divers scénarios ambitieux d’atténuation, mais il est également important d’exploiter l’énergie de façon efficace.
Les sols sont une autre composante clef de l’objectif de 2°C. Le ralentissement du déboisement et la création de forêts ont permis de stopper ou même d’inverser l’augmentation des émissions imputables à l’exploitation des sols. Les sols pourraient servir à absorber le dioxyde de carbone de l’atmosphère grâce au reboisement.
Cette absorption pourrait aussi être obtenue en associant la production d’électricité à partir de la biomasse au piégeage et au stockage de dioxyde de carbone. À ce jour, toutefois, cette association ne peut pas être réalisée à l’échelle voulue, le stockage permanent de dioxyde de carbone dans le sous-sol pose des problèmes et il convient de gérer les risques d’une concurrence accrue pour les sols.
Communiqué par l’ONU / Photo ©Philippe 2009 sur Flickr