Unis pour améliorer la mobilité transfrontalière
La mobilité transfrontalière est un vaste débat au Luxembourg. De nombreux efforts sont mis en place afin de fluidifier un trafic en constante augmentation. Rencontre croisée avec Kim Vo, chargée de relations publiques au Ministère de la Mobilité et des Travaux publics et Maxime Jorand, conseiller au cabinet du président de la Région Grand Est.
Y a-t-il une politique pour améliorer les déplacements des frontaliers entre le Luxembourg et ses pays voisins, en particulier français ?
Kim Vo : Depuis plusieurs années, le Luxembourg, la Région Grand Est et l’État français collaborent étroitement. En 2018, le protocole franco-luxembourgeois (accord de Paris) a initié des travaux d’infrastructure majeurs des deux côtés de la frontière, marquant une étape cruciale.
Des investissements significatifs sont prévus jusqu’en 2030 pour augmenter substantiellement la capacité du réseau ferroviaire entre le Luxembourg et la France. Actuellement, ce partenariat se concentre sur de nouveaux projets, tels que l’étude du Schéma de Mobilité Transfrontalier (SMOT) franco-luxembourgeois, visant à développer une mobilité quotidienne coordonnée pour tous les modes de transport. Ce projet est essentiel pour identifier les besoins futurs et définir les programmes de travail nécessaires.
Nous avons avec la Région Grand-Est et l’État français un climat de travail très positif, permettant d’avancer constructivement sur les dossiers liés à la mobilité transfrontalière.
Maxime Jorand : Nos deux territoires collaborent étroitement depuis de nombreuses années. La signature du protocole franco-luxembourgeois en 2018 a marqué une étape cruciale avec des travaux d’infrastructure importants des deux côtés de la frontière.
Actuellement, ce partenariat se poursuit avec l’étude du SMOT franco-luxembourgeois, visant un développement coordonné de la mobilité quotidienne transfrontalière pour tous les modes de transport. Plus largement, le Grand-Duché participe, depuis le début de cette année, aux réflexions pour le futur Service Express Régional Métropolitain (SERM) Lorraine-Luxembourg (axe Nancy-Metz-Thionville-Luxembourg), visant à améliorer les mobilités transfrontalières.
Le Luxembourg est également partenaire technique et financier de l’ « Enquête Mobilité Certifiée Cerema » sur la mobilité des résidents du nord lorrain, lancée fin septembre. Cette enquête transfrontalière, avec l’Allemagne et la Belgique, assure une complémentarité des données pour une meilleure compréhension de la mobilité et des politiques publiques adaptées.
Nous avons avec le Luxembourg un partenariat de confiance totale.
Il y a un an, on parlait de mettre en avant le co-voiturage ainsi que le train. Qu’en est-il à l’heure actuelle ?
KV : Le soutien aux mobilités alternatives au véhicule individuel est central pour le Luxembourg, la Région Grand Est et l’État français. Le Luxembourg assure le service transfrontalier de voyageurs via les CFL dans le cadre du contrat de service public. L’État luxembourgeois investit massivement dans le développement du réseau ferroviaire national et transfrontalier et finance des projets à l’étranger, comme dans l’accord franco-luxembourgeois.
Les études du SMOT et du SERM couvrent tous les modes de transport. Pour améliorer les mobilités franco-françaises et transfrontalières, nous réfléchissons à l’amélioration de l’offre ferroviaire, à la mise en œuvre de cars express avec voies réservées, à l’amélioration des raccordements vers le réseau ferroviaire et les lignes de cars structurantes, ainsi qu’au développement du vélo et du covoiturage.
MJ : Le soutien aux mobilités alternatives est au cœur des actions de la Région Grand Est. La Région, en charge du transport ferroviaire de voyageurs, travaille avec la SPL Grand Est Mobilités pour garantir les meilleures conditions de voyage sur l’axe Nancy-Metz-Thionville-Luxembourg.
Afin d’augmenter les capacités des trains vers le Grand-Duché, la Région a acquis du matériel roulant auprès de la Région Normandie. L’arrivée progressive de 16 rames en 2025, suivie de travaux de mise en norme, augmentera significativement - 2,5 x - le nombre de places assises aux heures de pointe.
Est-ce que les contacts entre le Luxembourg et les pays voisins sont réguliers afin d’améliorer la mobilité ?
KV : Le Luxembourg collabore de manière étroite avec les autorités françaises, notamment la Région Grand Est, sur les enjeux de mobilité. Des échanges réguliers ont également lieu avec l’Allemagne et la Belgique.
Les projets ferroviaires nécessitent de grands investissements et du temps. Le Luxembourg investit massivement dans le rail depuis plus d’une décennie, se plaçant en tête des pays européens en investissement rail par habitant.
Nous renforçons l’attractivité des transports en commun en simplifiant la structure tarifaire. Des réunions techniques sont régulières pour préparer la reconnaissance du « Deutschlandticket » sur les lignes de bus transfrontaliers entre Luxembourg et Allemagne, simplifiant l’utilisation des transports pour les navetteurs dès 2025.
Concernant le ferroviaire, une étude de potentiel est en cours pour une liaison entre Luxembourg et Sarrebruck via Metz ou Konz, impliquant la Région Grand Est. De plus, le nombre de trains entre Luxembourg et Düsseldorf passera de 1 à 3 par jour en décembre 2025.
Pour la relation Luxembourg-Bruxelles, les deux pays collaborent sur le développement des liaisons. Un groupe de travail biannuel suit l’avancement des projets, avec la ligne Lux-Brx prévue pour être achevée en 2029 avec un temps de parcours final d’un peu plus de 2 heures, incluant des améliorations partielles en attendant. Par ailleurs, Belgique et Luxembourg organisent des trains frontaliers entre Luxembourg et Libramont sans rupture de charge à Arlon.
MJ : Comme mentionné, les autorités françaises, dont la Région Grand Est, et le Luxembourg ont une habitude de travail conjoint sur les enjeux de mobilité entre les deux territoires.
Sébastien Yernaux
Article tiré du dossier du mois « En pistes »