Volatilité des marchés et variations météorologiques extrêmes
Bilan mitigé des récoltes 2023 dans un contexte de variations météorologiques extrêmes et de volatilité des marchés agricoles.
C’est accompagné par les représentants de la filière céréalière, Steve Turmes, directeur de Lëtzebuerger Saatbaugenossenschaft (LSG), Serge Turmes, directeur du groupe De Verband, Jean Muller, directeur des Moulins de Kleinbettingen, et Günter Mertes, gérant de la Bauere Kooperativ SC (BAKO) ; que Claude Haagen, ministre de l’Agriculture, de la Viticulture et du Développement rural, a tiré le bilan national des récoltes agricoles.
Le compte rendu s’est tenu au sein de la Coopérative des producteurs luxembourgeois de semences (Lëtzebuerger Saatbaugenossenschaft − LSG) à Colmar-Berg.
Moisson des céréales : début exceptionnellement précoce et fin tardive en raison de la forte pluviosité
La météo estivale ayant été marquée par des variations extrêmes, entre chaleur et début de sécheresse en mai-juin et excès de pluie en juillet-août, la moisson de l’orge d’hiver a débuté mi-juin avec une précocité presque historique. La forte pluviosité de juillet et août a retardé la fin de la moisson jusque fin août. La campagne de moisson a duré deux mois. Les rendements des céréales d’hiver étaient légèrement inférieurs à la moyenne pluriannuelle. Dans le Gutland, les rendements des céréales d’hiver ont été plus influencés par la sécheresse que dans l’Oesling. La qualité du blé panifiable récolté varie fortement selon les régions : alors que dans le sud, la moisson de presque toutes les cultures céréalières a pu être clôturée avant l’arrivée des pluies et s’annonce de bonne qualité, dans l’Oesling, la qualité des céréales a fortement souffert de la pluie qui a provoqué la verse et la germination sur pied des graines. Quant aux rendements des céréales d’été, ceux-ci s’annoncent assez faibles en raison de conditions difficiles lors du semis en mars-avril et de la sécheresse de mai-juin.
Production fourragère marquée par les variations météorologiques
La moitié de la surface agricole du Grand-Duché est vouée aux pâturages et prairies et les cultures fourragères sont particulièrement importantes pour l’alimentation animale et la production laitière. Dans l’ensemble, la première coupe des prairies a été abondante. La sécheresse en mai et juin cependant, avec peu, voire pas de précipitations du tout, a fortement retardé la repousse de l’herbe après la coupe de foin. Le rendement de la deuxième coupe était faible, la troisième coupe était quasi nulle. Ces pertes de récolte étaient plus ou moins importantes selon les régions. La récolte de maïs s’annonce variable, la sécheresse de mai-juin a entraîné une réduction de la quantité du maïs. Suite aux pluies de juillet et août, on pourra s’attendre à une bonne qualité, concernant la récolte du maïs ensilage.
Situation difficile pour la culture de pommes de terre
Au printemps, les températures froides et les périodes de sécheresse ont ralenti le développement normal des pommes de terre. Les plants de pommes de terre ont produit un petit nombre de tubercules. En raison des conditions météorologiques extrêmes, la taille des pommes de terre s’annonce plutôt moyenne.
Volatilité des marchés et variations météorologiques extrêmes
Pour l’ensemble des cultures agricoles, les prix des récoltes 2023 ont fortement chutés et ont retrouvé leur niveau d’avant-guerre en Ukraine de 2021. Si les fortes fluctuations de prix se sont actuellement calmées, la situation reste cependant volatile car le moindre changement de donne géopolitique aura une influence sur les marchés mondiaux.
Le ministre Claude Haagen constate que la situation actuelle incertaine impose une gestion très prudente et vigilante des exploitants agricoles. Les prix de vente des céréales ont baissé alors que les entrants (énergie, engrais) nécessaires à leur production ont été payés au prix fort, de sorte que les producteurs de céréales peinent parfois à couvrir leurs frais.
L’agriculture étant fortement exposée au changement climatique et aux extrêmes météorologiques, Claude Haagen souligne que l’assurance contre les pertes de rendement, que le ministère de l’Agriculture, de la Viticulture et du Développement rural subventionne à hauteur de 65% des frais, est particulièrement importante pour les agriculteurs : « La récolte de cette année, cultures et prairies permanentes confondues, a été assurée pour une valeur d’environ 150 millions d’euros. Rien que pour les céréales, les dommages assurés sont payés à plus de 450 exploitations avec une surface sinistrée de plus de 9000 ha. » Le bilan de l’assurance contre la sécheresse sur prairies et pâtures n’étant pas encore finalisé, on peut quand même déjà conclure sur base des premiers calculs que la perte de récolte à la suite de la sécheresse de mai-juin sera indemnisée dans les régions les plus sévèrement touchées du pays.
Claude Haagen reste en échange permanent avec le secteur agricole. Le prochain bilan sera celui des vendanges fin septembre.
Photo : ©MA (de g. à dr.) Serge Turmes, directeur du groupe De Verband ; Fernand Etgen, président de la Chambre des députés ; Carlo Hess, président de Lëtzebuerger Saatbaugenossenschaft (LSG) ; Claude Haagen, ministre de l’Agriculture, de la Viticulture et du Développement rural ; Jean Muller, directeur des Moulins de Kleinbettingen ; Christophe Hansen, député européen