98% des personnes âgées entre 25 et 34 ans s’intéressent au Nutri-Score
De même qu’au moins 75% des Luxembourgeois des autres catégories d’âge sondées, du moins jusqu’à 54 ans. Les plus « seniors » connaissent moins ce label introduit au Luxembourg en 2021.
Proposé pour la première fois à Francfort en 2017, le Nutri-Score est à présent bien répandu internationalement. Au Luxembourg, pays qui importe la majeure partie de ses denrées alimentaires, suivre le mouvement avait donc du sens. Deux ans après son arrivée, le ministère de la Protection des consommateurs a réalisé une étude de monitoring dont les résultats ont été présentés fin juillet.
« Une enquête approfondie a été menée auprès des consommateurs résidents, tandis que des interviews qualitatifs ont été réalisés auprès d’entreprises luxembourgeoises, tant auprès des entreprises qui utilisent le Nutri-Score qu’auprès de celles qui ne l’ont pas encore adopté », précise le communiqué.
Le Nutri-Score semble donc déjà bien avoir intégré l’esprit des résidents luxembourgeois. Pour la ministre Paulette Lenert, cet outil est essentiel pour aider les consommateurs à faire des choix plus sains et à améliorer la qualité globale de leur alimentation.
L’étude indiquant que seuls 26% des répondants font attention à la liste des ingrédients sur les étiquettes, on peut comprendre qu’un outil très visuel tel que le Nutri-Score est intéressant, même s’il ne fait pas forcément l’unanimité.
En moyenne, 61% des répondants « achètent, pour des aliments comparables, le produit labellisé Nutri-Score ». L’ensemble des statistiques est disponible en ligne (en allemand).
« Avec le Nutri-Score, les consommateurs disposent d’un guide clair pour faire des choix éclairés, leur permettant ainsi de prendre leur bien-être en main. Je suis donc particulièrement heureuse de constater que les consommateurs accueillent bien le Nutri-Score. Ceci témoigne de notre engagement collectif à promouvoir la transparence et la santé dans le secteur de l’alimentation. », Paulette Lenert, ministre de la Protection des consommateurs
Des fabricants et détaillants encore à convaincre
Toutefois, du côté des entreprises luxembourgeois, les tendances sont plus mitigées : « Le monitoring a également révélé une certaine réticence quant à l’adoption du Nutri-Score par les entreprises luxembourgeoises. En effet, certains producteurs ont affirmé redouter que l’affichage d’un mauvais score nutritionnel ait des répercussions néfastes sur leurs ventes ou encore que des modifications de l’algorithme puissent entraîner des surcoûts ».
Les entreprises interviewées dans le cadre de cette étude sont :
Celles qui appliquent le Nutri-Score :
- Maxim Pasta S.à r.l.
- Moulins de Kleinbettingen
- Delhaize Luxembourg S.A.
L’enseigne belge de supermarchés Delhaize, disposant de plus de 50 points de vente au Luxembourg, est adepte du système d’étiquetage. Elle a confié ses raisons à Infogreen.lu :
« La santé a toujours été une priorité chez Delhaize qui veille depuis toujours à proposer l’assortiment le plus équilibré à ses clients et les inspire au quotidien à manger mieux. Nous reformulons d’ailleurs chaque année environ 150 produits pour en proposer une version nutritivement améliorée (moins de sucre, moins de sel, moins de graisses saturées, plus de fibres, plus de légumes, etc.). Adopter le Nutri-Score était donc une évidence afin de permettre aux consommateurs de faire des choix équilibrés plus facilement. Au-delà du Nutri-Score, Delhaize a aussi mis en place le Nutri-Boost qui consiste à recevoir une réduction de 10% sur les produits frais avec un Nutri-Score A ou B. » Karima Ghozzi, external communications manager
Celles qui le refusent :
- Luxlait Association Agricole
- Bio-Bauere-Genossenschaft Lëtzebuerg (BIOG)
- Cobolux S.A.
- Cactus S.A.
Interrogée par Infogreen, la coopérative BIOG explique les éléments qui la freinent à afficher le Nutri-Score sur ses produits (une explication plus complète a été intégrée dans le FAQ de son site web) :
« Le Nutri-Score peut généralement être considéré comme un guide positif pour les consommateurs en ce qui concerne les profils nutritionnels. Cependant, il présente certaines faiblesses qui peuvent être préjudiciables aux produits bio. La valeur santé des aliments issus du secteur biologique est définie par l’ensemble de la chaîne de production, de la culture écologique à la transformation douce, ainsi que l’utilisation d’ingrédients naturels et la faible utilisation ou l’absence d’additifs. Le Nutri-Score ignore tous ces aspects. Par exemple, un produit comme le Diet Coke (qui remplace le sucre par un édulcorant) peut faire mieux dans le Nutri-Score en raison de sa faible teneur en sucre que le jus de pomme bio - qui lui a naturellement une forte teneur en sucre en raison du fructose des pommes. » Frank Toussaint, responsable Marketing & Communication
Le ministère compte bien convaincre les plus réticents, afin que les fabricants et détaillants rejoignent l’engouement des consommateurs. Pour y parvenir, il compte notamment faire davantage de publicité sur le label et simplifier les procédures pour les industriels. « Le choix du Luxembourg à participer au Nutri-Score était avant tout motivé par le fait de ne pas exposer les entreprises luxembourgeoises à un désavantage concurrentiel et qu’il était important de leur offrir la possibilité de se battre à armes égales avec la concurrence de l’étranger », rassure encore Mme Lenert.
Marie-Astrid Heyde
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