Améliorer l’impact local tout en soutenant un projet à l’international
IMNERGY est une coopérative pour le soutien, le développement et l’évaluation de projets solidaires internationaux, dont l’idée est de conscientiser les entreprises sur leur impact environnemental et social, afin qu’elles le considèrent dans leurs prises de décision. Rencontre avec son dirigeant, David Richards.
Quels services proposez-vous ?
Notre nouvelle offre de services se décline en deux étapes.
La première étape consiste en un premier bilan d’impact environnemental, que nous appelons pré-étude. Il s’agit d’une analyse qualitative et subjective, permettant d’évaluer en partenariat avec le dirigeant, l’influence des activités de l’entreprise sur son environnement général (air, sol, eau, humain, économique, etc.). En contrepartie de ce service gratuit, nous encourageons l’entreprise à contribuer à l’un de nos projets solidaires à la hauteur de ce qu’elle jugera qu’on lui a apporté à travers cette étude d’impact.
La deuxième étape consiste à se focaliser sur quelques-unes des zones d’amélioration qui ont été identifiées et de mener sur ces points précis une étude plus poussée, quantitative cette fois, et qui aboutira à l’établissement d’un plan d’action concret, mesures à l’appui. Ces prestations de consultance classiques sont, quant à elles, rémunérées.
Pourriez-vous nous donner un exemple significatif de collaboration ?
Depuis toujours, nous essayons d’apporter une plus value pour toute entreprise qui soutiendrait un des projets sur notre plateforme. Ainsi, par exemple, nous avons le plaisir d’avoir parmi nos récents soutiens un laboratoire homéopathique de la région de Metz qui se montre très engagé sur le plan environnemental à travers des mesures comme un approvisionnement local en matières premières, le recyclage et le traitement de l’eau, la mise en pratique d’une politique RSE ou encore l’installation de ruches sur son site. En rejoignant le cercle grandissant d’entreprises sur notre plateforme, ce laboratoire a décidé de faire un pas de plus dans cette direction en soutenant cette fois un projet au Brésil qui vise à favoriser la biodiversité à travers la création de corridors qui facilitent le transfert entre les espèces entre différentes zones. Grâce à ce partenariat dont nous, autant que les porteurs du projet dans le Nord-Est brésilien, espérons qu’il se fera dans la durée, ce laboratoire affiche clairement son engagement solidaire sur toute une gamme de produit, et nous de même.
Quel est votre rôle dans ce contexte ?
Notre rôle est d’identifier un projet qui corresponde à une entreprise en fonction des desideratas qu’elle peut avoir en ce qui concerne un type de projet ou une région du monde en particulier. Il est aussi de contrôler le fait que ce projet ait une valeur positive sur l’environnement et sur la société. Il doit pour cela respecter un cahier des charges. L’avantage pour l’entreprise est qu’elle n’a pas à effectuer de démarches ou de recherches et qu’elle peut s’appuyer sur nous pour faire un suivi régulier, peu importe la langue, de chaque projet. Ainsi, reprenant l’exemple précédent du projet au Brésil, nous avons d’ores et déjà convenu d’une visite sur place courant mai 2017, car plusieurs clients soutiennent activement ce projet. Grâce à notre service de suivi, les frais engagés pour ces visites, très importantes pour nos soutiens, sont mutualisés.
Que comprend le cahier des charges en question ?
Tout d’abord des critères de protection de la forêt ou de reforestation. Le projet doit, a minima, permettre aux communautés qui vivent dans les régions concernées de conserver un niveau de revenus similaire à celui qu’elles avaient avant l’implantation du projet et, à terme, contribuer à améliorer et pérenniser les conditions de vie économiques et sociales sur le court, moyen et long terme.
À titre d’exemple, quel type de projet peut répondre à ces critères ?
Il arrive que nous travaillions avec des projets existants, il arrive aussi que nous montions nos propres projets. C’est le cas au Mexique, dans la Péninsule du Yucatan, où nous avons accompagné et formé des villageois à l’agroforesterie de manière à mettre en place des zones combinant de la reforestation avec de l’agriculture ou de l’élevage bovin, qui est leur principale source actuelle de revenus. Notre expertise étant dans la partie forestière du projet, ils se sont également fait accompagner par d’autres associations pour améliorer le volet agricole. En revanche, le volet forestier leur a permis à court terme de cultiver leur propre fourrage via des essences natives d’arbustes fourragers et donc de ne plus devoir y consacrer des terre agricoles ou pire, de devoir acheter du fourrage au prix fort. À plus long terme, le projet permet de produire des essences natives d’arbres fruitiers et de bois d’œuvre et donc cette communauté y gagnera davantage d’autonomie et de stabilité financière.
Pourquoi ne pas soutenir des projets locaux ?
À l’échelle globale, un projet forestier au Luxembourg ou en Grande Région aurait un impact moins important qu’un projet en forêt tropicale ou sub-tropicale, car ce sont dans ces dernières régions que subsistent des forêts primaires qui jouent un rôle crucial dans l’équilibre climatique et la lutte contre le changement climatique. Ce qui ne veut surtout pas dire qu’il ne faut rien faire dans nos régions. Au contraire, celles-ci ont aussi besoin d’être protégées, améliorées, voire, dans certains cas, reboisées. Ne pouvant pas tout faire, nous avons tout simplement décidé de concilier l’amélioration de l’impact local des entreprises en accompagnant les entrepreneurs dans cette démarche et la solidarité avec des projets à l’international.
Quels sont les avantages d’une telle démarche pour l’entreprise ?
Nos cibles sont les TPE et les PME. Notre objectif est de les amener à comprendre qu’elles peuvent poursuivre leurs activités dans les mêmes conditions et continuer à proposer les mêmes services à leurs clients, tout en ayant une meilleure connaissance et une meilleure maîtrise de leurs impacts sociaux et environnementaux. L’entreprise n’a pas à s’engager dans une démarche chronophage et coûteuse - la 1re partie de l’étude ne l’oblige en rien si ce n’est, si elle le souhaite, à soutenir un projet solidaire, mais elle reçoit en revanche des pistes pour réduire ses impacts localement-. Ensuite, charge à l’entrepreneur d’améliorer sa chaîne de production et de mettre en avant sa démarche pour se démarquer de ses concurrents et gagner de nouveaux marchés.
Mélanie Trélat