Le système des écopoints : un bilan positif mais des défis dans le sud du pays

Le système des écopoints : un bilan positif mais des défis dans le sud du pays

Le ministre Serge Wilmes a présenté vendredi un bilan globalement positif du système national d’écopoints, tout en soulignant la nécessité de prolonger le délai transitoire pour répondre aux défis du sud du pays.

Depuis son entrée en vigueur en 2018, le système d’évaluation et de compensation en écopoints a profondément transformé la gestion des mesures compensatoires au Luxembourg. Serge Wilmes, ministre de l’Environnement, du Climat et de la Biodiversité, a dressé un bilan largement positif du dispositif, tout en appelant à des ajustements pour l’avenir. « Le bilan national des écopoints reflète les efforts considérables déployés pour préserver la biodiversité tout en accompagnant le développement urbain », a-t-il affirmé.

Introduit par la loi modifiée du 18 juillet 2018, le principe des écopoints a permis de simplifier la compensation de la destruction des biotopes.

- ©Picto

Désormais, les particuliers, promoteurs et institutions publiques peuvent s’acquitter d’une taxe pour compenser indirectement, laissant à l’État, via l’Administration de la nature et des forêts (ANF), la responsabilité de restaurer la nature.


« Ce système offre aux citoyens une solution pratique et équitable pour participer à la protection de l’environnement sans supporter seuls la lourde charge des travaux de restauration. Plus de 43 millions d’écopoints ont été enregistrés depuis, tandis que 62,7 millions ont été générés par les pools compensatoires nationaux. »

Serge Wilmes, ministre de l’Environnement, du Climat et de la Biodiversité

Ce succès témoigne de l’efficacité du modèle, bien que des déséquilibres demeurent dans certaines régions sous forte pression démographique.

Une pression plus forte dans le sud du pays

Si au niveau national le bilan est favorable, il reste fragile dans les secteurs de Minett et de Guttland. « Le sud du pays connaît un déficit d’écopoints, malgré les nombreux projets mis en œuvre », a reconnu Carmen Weisgerber, directrice adjointe de l’ANF. Elle a précisé que le besoin croissant d’urbanisation complique la création de réserves naturelles suffisantes. Pour y remédier, Serge Wilmes a présenté un projet de loi visant à prolonger la phase transitoire prévue par l’article 82 de la loi de 2018, portant ce délai de sept à quinze ans. « Cette prolongation est indispensable pour garantir la stabilité du système et maintenir notre engagement pour la protection de la nature », a-t-il insisté.

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Carmen Weisgerber a détaillé les efforts entrepris ces dernières années : acquisition de terrains, planification de projets de compensation, et renaturation de nombreux sites.


« Le manque de prévisibilité lié au marché immobilier impose de constituer des réserves plus importantes pour absorber les pics d’activité. Chaque année, environ 7 millions de points doivent être compensés, représentant un défi constant pour l’ANF. Le système doit être suffisamment robuste pour répondre à ces besoins tout en garantissant la qualité écologique des mesures de compensation. »

Carmen Weisgerber, directrice adjointe de l’ANF

Elle a également rappelé que « près d’un quart des points détruits n’ont pas été compensés par des taxes mais directement par des actions de restauration entreprises par les citoyens eux-mêmes », ce qui démontre un engagement croissant de la société civile en faveur de la biodiversité.

Un partenariat renforcé avec les collectivités locales

Pour répondre aux besoins futurs, un groupe de travail interministériel a été mis en place. Il regroupe notamment les ministères de l’Économie, des Transports et du Logement, ainsi que le Syvicol - Syndicat des Villes & Communes luxembourgeoises - et les communes. L’objectif est d’identifier et d’acquérir de nouveaux terrains aptes à accueillir des projets de compensation. « La participation active des communes est primordiale, car ce sont elles qui accueillent les projets de développement », a rappelé le ministre.

En parallèle, la réforme prévoit une meilleure intégration des critères écologiques dans les projets urbains : augmentation des espaces verts, corridors écologiques dans les plans d’aménagement généraux (PAG), et création d’un fonds d’indemnisation municipal. « Nous devons garantir que la nature soit présente partout, y compris dans les zones urbaines les plus denses », a plaidé Serge Wilmes. À ses yeux, « il est fondamental d’ancrer la biodiversité dans nos villes et villages pour améliorer non seulement notre environnement mais aussi notre qualité de vie ».

Carmen Weisgerber a insisté sur l’importance de projets emblématiques tels que la renaturation de ruisseaux, la reforestation douce, ou encore la création de prairies fleuries dans le Neihaff.


« Ces projets montrent qu’il est possible de restaurer efficacement des écosystèmes et de reconnecter les habitants à la nature. »

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Enfin, Serge Wilmes a évoqué les futures ambitions du gouvernement.


« En élargissant notre base légale, nous pourrons continuer à développer les pools compensatoires et mieux préparer notre territoire aux défis du changement climatique. L’écologie doit devenir un moteur du développement harmonieux de notre pays. »

Sébastien Yernaux
Photo principale : Licence CC

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Publié le lundi 28 avril 2025
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