Bénin : de meilleures conditions de vie pour les éleveurs
Les conditions agroécologiques de la région entre le Burkina Faso, le Niger, le Nigeria et le Togo offrent une qualité de pâturages favorable à l’élevage. Ces conditions naturelles ont permis l’essor de l’élevage au Bénin dès le 18e siècle. Aujourd’hui, il représente une ressource précieuse pour le pays.
L‘élevage
L’élevage n’est pas forcément néfaste pour la planète
Les défis climatiques urgents ont déclenché des appels à des changements radicaux et généralisés dans notre alimentation, à une réduction drastique, voire une élimination des aliments d’origine animale de notre alimentation. Pourtant, un rapport publié par le programme PASTRES (Pastoralism, Uncertainty, Resilience)* stipule que l’élevage pratiqué en Afrique, loin de l’élevage intensif pratiqué dans la plupart des pays du Nord, n’est pas forcément néfaste pour la planète. Il faut donc distinguer l’élevage familial, transhumant, avec en moyenne 30 têtes de bétail pour 1ha, des systèmes industriels.
Plus de 200 millions de personnes vivent de l’élevage transhumant* dans le monde
Plus qu’un métier, l’élevage transhumant est un mode de vie à part entière qui repose sur une mobilité permettant aux hommes et aux troupeaux de se déplacer au gré des saisons de façon à fournir au bétail une alimentation suffisante. Il permet une utilisation raisonnée des ressources naturelles, favorisant la régénération du couvert végétal et l’enrichissement du sol par les déjections animales.
*Houzer, E., Scoones, I. (2021), Are Livestock Always Bad for the Planet ? Rethinking the Protein Transition and Climate Change Debate, Brighton, consultable en ligne sur : pastres.org/livestock-report/
*La transhumance désigne le déplacement saisonnier d’un troupeau.
Des difficultés croissantes
Aujourd’hui, les éleveurs sont confrontés à des difficultés croissantes. Leurs droits d’occupation des terres, où ils se sédentarisent et cultivent, sont de plus en plus menacés en raison de la croissance démographique et de la pression sur les ressources naturelles. Le changement climatique occasionne une raréfaction des aires de pâturage disponibles. La concurrence pour l’accès à la terre, à l’eau et aux pâturages fragilise ainsi l’équilibre social entre agriculteurs et éleveurs et accentue le risque de conflits.
Les éleveurs familiaux béninois sont de plus en plus inquiets pour leur avenir et celui de leurs enfants. Leur situation est très fragile et ils bénéficient de peu de soutien public. Les éleveurs ne se sentent pas suffisamment soutenus par les autorités et doivent se battre pour être pris en compte par les politiques publiques.
Notre partenaire béninois, l’ANOPER, est une association nationale créée pour représenter et appuyer les éleveurs de ruminants. Elle défend notamment les droits et les intérêts des éleveurs auprès des pouvoirs publics et offre des services techniques et des formations.
L’ANOPER
SOS Faim est partenaire de l’Association Nationale des Organisations Professionnelles d’Éleveurs de Ruminants du Bénin (ANOPER) depuis 2011.
L’ANOPER regroupe 35.000 éleveurs. Sa mission est de contribuer à l’amélioration des conditions de vie et de travail des éleveurs et à la défense de leurs intérêts. L’ANOPER est active dans 63 des 77 communes du Bénin, ce qui affirme son caractère d’organisation représentative des éleveurs à l’échelle nationale.
Des services pour les élevages familiaux :
- La mise en place de pharmacies vétérinaires ;
- La construction de nouveaux marchés à bétail ;
- L’accompagnement des démarches commerciales de groupements de femmes productrices ;
- La sécurisation des espaces pastoraux (balisage) ;
- Des formations sur les techniques d’élevage, les vaccinations ou le suivi vétérinaire ;
- Un appui à la scolarisation des enfants d’éleveurs.
Lutte pour les droits et la reconnaissance des éleveurs :
- L’amélioration du cadre juridique, administratif et fiscal de l’élevage de ruminants au Bénin ;
- La défense des droits et intérêts des organisations membres auprès des pouvoirs publics et des partenaires ;
- La prévention et la gestion des conflits entre agriculteurs et éleveurs ;
- La vulgarisation du code pastoral en vigueur, adopté en 2019 ;
- La valorisation des savoirs traditionnels.
Une rencontre avec Abou Touman
Notre Responsable des Partenariats au Bénin, Aurélien Despinasse, a pu se rendre au Bénin au printemps 2022. Pendant sa mission, il a rencontré les éleveurs de l’ANOPER, notamment à Gomè, où vivent deux grandes familles d’éleveurs. Abou Touman, le frère cadet d’une de ces familles et Secrétaire général d’une union communale de l’ANOPER, lui a présenté le campement :
« Nous sommes ici au campement de Gomè dans la commune de Glazoué. Actuellement, la communauté sur le campement est estimée à près de 240 habitants. Nous avons plus ou moins 600 bovins et 300 petits ruminants sur une superficie de 18 ha. Tous les habitants ont une petite production céréalière vivrière. »
Abou Touman a aussi parlé de l’organisation de la vie au campement :
« Les femmes qui vivent dans le campement poursuivent parfois des activités commerciales, souvent en lien avec l’élevage. Il y a notamment un groupement de 35 femmes environ qui transforment le lait en fromage grâce au matériel offert par l’ANOPER. Ensuite, elles vendent le fromage sur les marchés des villes environnantes. »
Comment s’organise l’élevage au campement ?
« Chacun est propriétaire d’une ou de plusieurs bêtes, mais il y a toujours un responsable du troupeau. L’activité principale de gestion du troupeau repose sur le responsable, mais c’est le propriétaire qui décide de vendre ou non ses bêtes. »
Comment s’organise la vente ?
« Lorsque nous voulons vendre les bêtes, nous allons sur différents marchés à bétail, cela dépend des jours de marché, des habitudes et des affluences. Dans les localités ici, les gens vont à Dassa, Savé, et même Bohicon. Un autre marché, dont je fais partie du comité de gestion, est en cours d’installation ici à Glazoué. Les infrastructures seront bientôt terminées. »
Le témoignage de Ada Djowouro du village de Bambada dans l’arrondissement de Brignamarou
« En 2020, j’étais dans une situation très précaire. Je ne disposais pas de parcelle fourragère. Je devais m’éloigner de Kérou avec mes animaux à la recherche de pâturages en faisant parfois de nombreux kilomètres. Je ne pouvais pas assurer le suivi médical de mon bétail.
En 2021 j’ai été identifié par l’ANOPER pour bénéficier d’un programme d’accompagnement. J’ai bénéficié de l’installation d’une parcelle fourragère de plus d’un demi-hectare que nous avons convenu d’étendre à 3 ha au cours des prochaines saisons. J’ai ainsi pu ramener une partie de mon troupeau à la maison. Le vétérinaire de l’ANOPER assure le suivi sanitaire de mes animaux.
Ma situation s’est beaucoup améliorée. »
SOS Faim et l’ANOPER
Fondé sur la confiance et dans la durée, le partenariat entre SOS Faim et l’ANOPER se base sur les préoccupations concrètes et sur le vécu des éleveurs. Nous soutenons l’ANOPER depuis 2011 dans ses diverses actions, dans le but d’améliorer les conditions de vie des éleveurs béninois et de leur famille, et de contribuer à la souveraineté alimentaire du pays.
En 2022, SOS Faim doit mobiliser 10.000€ de dons pour soutenir l’ANOPER et le développement durable de l’élevage de ruminants au bénin. ce montant est ensuite multiplié par quatre par le cofinancement du Ministère des Affaires Étrangères et Européennes (direction de la coopération au développement et de l’action humanitaire).
Pour plus d’informations : https://www.sosfaim.lu/benin-de-meilleures-conditions-de-vie-pour-les-eleveurs/