Câblage informatique et norme CPR, une question d’expertise selon LEC
La norme européenne sur les matériaux de construction vise à protéger le public en cas d’incendie en limitant l’émanation de fumée, d’acidité et de gouttelettes provenant des matériaux et câblages mis en œuvre dans les bâtiments
Rencontre avec Francis Gillard de Low Energy Consulting Data Centre Expertise.
La directive européenne 305/2011, aussi appelée directive CPR pour Construction Products Regulation, a été rendue obligatoire le 1er juillet 2017 pour tous les états membres. Il s’agit d’une application de normes de sécurité incendie aux produits qui entrent dans la construction des bâtiments. Elle concerne les matériaux composant le bâtiment lui-même, mais aussi les câblages électriques et informatiques, et elle a entre autres pour objectif celui de garantir la sécurité maximale des usagers en cas d’incendie afin qu’ils puissent s’évacuer rapidement et en toute sécurité.
La norme impose notamment une classification du câblage électrique et informatique qui se décline en 3 éléments : S moke, Droplets et Acidity. « Smoke » reprend l’indice de dégagement de fumées des câblages en cas d’incendie ; « Droplets » concerne l’émission de gouttes qui peuvent tomber des câblages installés en faux-plafonds (souvent dans les couloirs) et qui sont en train de fondre, entraînant des risques de brûlures. « Acidity », enfin, est le dégagement d’acidité ou de substances gazeuses nocives qui pourraient polluer l’air et les chemins d’évacuations, et donc être nuisibles aux personnes en train de s’évacuer en cas d’incendie. Ces 3 indices sont mesurés par des tests certifiés, ensuite spécifiés lors de la fabrication des câbles et imprimés sur les câbles à intervalles réguliers. Certains fabricants proposent même des câbles de couleurs différentes en fonction des valeurs qu’ils atteignent mais il n’y a pas de codage précis à ce niveau.
La directive CPR impacte directement les activités de la société Low Energy Consulting, spécialisée dans la conception de salles informatiques, l’optimisation énergétique des data centres dans les bâtiments tertiaires, avec une approche « green ». « Dans nos projets, nous réalisons souvent la conception d’un ou de deux data centres en sous-sols des immeubles tertiaires pour couvrir les besoins locaux du client. Un câblage vertical monte ensuite le long du (ou des) noyau(x) central(aux) du bâtiment, de ces data centres vers des trémies qui se trouvent généralement au milieu de l’immeuble, pour arriver à un local secondaire où, au moyen de switches informatiques, le signal est distribué sur des câbles en cuivre. Ceux-ci permettent notamment aux PC des utilisateurs ou à tout autre objet du réseau informatique de se connecter par exemple aux bornes wifi » explique Francis Gillard, Critical Infrastructure Advisor et CTO de Low Energy Consulting. « La capacité moyenne d’un bâtiment tertiaire est de 300 à 400 connexions par plateau, à raison d’environ 1 à 3 prises par utilisateur pour une centaine d’utilisateurs », précise-t-il. L’essor de la distribution d’énergie par le câble DATA (POE : Power Over Ethernet) qui tend vers une puissance de 100 Watts par câble (POE4P) augmente l’échauffement et le risque d’incendie dans le câblage DATA qui n’est pas conçu et brassé correctement dans les couloirs souvent utilisés comme « chemins et issues de secours ».
LEC est un des premiers bureaux de conseil de son secteur à appliquer la directive CPR dans ses bordereaux et ses projets, y compris en data centres. C’est aussi un des plus expérimentés. Ainsi, par exemple, le futur headquarter de Ferrero Luxembourg a été conçu et configuré selon la nouvelle norme. « Si, en Belgique, et dans d’autres pays, la norme est déjà obligatoire depuis longtemps, elle est seulement en train de se mettre en place au Luxembourg et nombreuses sont les entreprises qui n’en ont pas encore complète connaissance ou ne l’appliquent pas de manière systématique. L’organisme de référence, auprès duquel nous nous sommes documentés pour l’application locale de cette nouvelle régulation, est l’ILNAS », conclut Francis Gillard.
Mélanie Trélat