COP26 : être des « Rangers » à Glasgow !
La COP26 se tient au Royaume-Uni, sur le versant écossais, du 31 octobre au 12 novembre. Plus de 190 dirigeants mondiaux sont attendus, et une masse d’acteurs concernés, y compris des citoyens et des ONG. C’est que nous sommes tous concernés. Les gardiens du climat et de la planète ont du pain sur la planche. Urgence !
Plus de 190 dirigeants mondiaux, mais aussi des dizaines de milliers de représentants de gouvernements, de régions, de villes, de citoyens impliqués, d’investisseurs, d’acteurs économiques et bien sûr, des ONG, démarrent deux semaines de négociations, débats et actions de lobbying. C’est la grand messe pour la planète, la Conférence sur les changements climatiques sous l’égide des Nations unies : la COP26 se tient à Glasgow, du 31 octobre au 12 novembre.
C’est quoi la COP ? La « Conference of Parties », soit la réunion des 197 signataires (196 États et l’Union européenne) de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC, en anglais UNFCCC pour United Nations Framework Convention on Climate Change. Ils se réunissent tous les ans sous l’égide de l’ONU, avec le bémol « covidien » qui a fait sauter une étape en 2020.
Depuis 1988, un organe scientifique encadre le processus d’aide à la décision, le fameux GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat).
Action, réaction
La COP26 est décisive, dans l’urgence planétaire. Le dernier rapport du GIEC (août 2021) est plus alarmant que jamais : c’est (très) mal parti pour limiter le réchauffement global à 2°c (par rapport à l’état de la Terre avant l’industrialisation massive) ? Et même limiter le réchauffement à +1,5°C, c’est, dans l’état actuel des choses et compte tenu de l’évolution toujours négative, mission quasi impossible.
C’est pourtant l’objectif à long terme de l’Accord de Paris , signé lors de la COP21, en décembre 2015…
La communauté scientifique s’accorde à dire que, pour espérer inverser cette tendance, il faut diviser par deux les émissions mondiales de gaz à effet de serre, au cours des 10 années à venir. Mais depuis Paris, les choses avancent lentement, au rythme des ratifications au compte-gouttes ou des évolutions politiques et sociétales, sans parler d’une économie globalisée qui peut la jouer façon procession d’Echternach.
Dès lors, quels sont les principaux enjeux de la COP26 ?
Le premier est sans doute de remonter l’ambition, pour ne pas dire remonter les bretelles des États qui ne se sont pas encore engagés, et mettre à jour les contributions de chaque pays et les stratégies de long terme à l’horizon 2050.
Il faut aussi cadrer le système d’échange des réductions d’émissions entre pays et une décision de la communauté internationale doit être prise pour que ces mécanismes deviennent opérationnels.
Enjeux politiques, économiques et citoyens
Mobiliser les fonds, et donc la finance verte, est un enjeu en soi : les pays développés se sont engagés à rassembler 100 milliards de dollars en faveur des programmes climatiques dans les pays en développement, et ce pour chaque année de 2020 à 2025. Mais on est fin 2021, et le compte n’y est pas. Le « financement climat » est pourtant un levier de salut, de solidarité et même, selon les experts, de rendement.
La finance verte fait partie de l’arsenal luxembourgeois, mais le petit pays, mal en point dans les classements mondiaux de rapidité pour dévorer les ressources, a d’autres cordes à son arc. La politique a clairement mis une série d’accents, parfois très aigus, sur les mesures encourageant, notamment, la préservation des ressources, la réduction drastique des émissions, l’économie circulaire, les énergies renouvelables, le développement durable, avec l’urgence climatique en point de mire.
La ministre de l’Environnement, Carole Dieschbourg, sera évidemment à Glasgow pour la COP26. Et le Premier ministre Xavier Bettel s’y rendra pour l’ouverture. Il faut défendre, bec et ongles, la position luxembourgeoise, en pointe tout en étant alignée sur les objectifs européens. Atteindre le 1,5 °C de limite au réchauffement climatique en relevant les ambitions sonne comme un leitmotiv. Les moyens existent, la volonté politique y est manifestement aussi, à l’échelle d’un Grand-Duché qui a la taille du colibri… mais qui, comme le petit oiseau, se veut exemplaire et porteur de gouttes salvatrices.
Un plus évident, dans la manière de porter la voix du Luxembourg, serait de faire chœur avec la pression citoyenne, comme peuvent la pousser les manifestations de jeunes, les ONG ou les associations.
Les Luxembourgeois, à ce stade, arriveront-ils à se montrer en gardiens, en rangers de la réserve naturelle planétaire ? Ils ont, en tout cas, des exemples à faire valoir à Glasgow.
UPDATE 29/10 17:28 / Communiqué du gouvernement
La COP 26 présente une unique opportunité pour le monde de décider des mesures nécessaires pour limiter le réchauffement climatique à 1,5 degrés Celsius. Un cadre de financement durable et adéquat doit être établi afin de fournir à tous les pays les moyens nécessaires pour atteindre ces objectifs.
La COP 26 sera également l’occasion de souligner l’importance de la finance pour accélérer et faciliter la transition vers un avenir durable, et d’impliquer davantage le secteur privé dans les financements climatiques. En tant que chef de file européen en matière de finance durable, la place financière du Luxembourg joue déjà aujourd’hui un rôle majeur dans la mobilisation des capitaux privés requis pour financer la transition vers la neutralité carbone d’ici le milieu du siècle.
Première semaine : World Leaders Summit et programme de délégation (01.11-07.11.2021)
C’est dans ce contexte que le Premier ministre Xavier Bettel ainsi que la ministre de l’Environnement, du Climat et du Développement durable, Carole Dieschbourg, participeront au sommet de haut niveau « World Leaders Summit » qui se déroulera du 1er au 2 novembre 2021 et lors duquel le Premier ministre délivrera son discours afin d’illustrer e.a. les efforts menés au niveau national.
Pendant la première semaine, la délégation luxembourgeoise participera à une panoplie de réunions bilatérales et d’événements avec partenaires et pays tiers en fonction des priorités thématiques journalières de la COP 26.
Le ministre des finances, Pierre Gramegna, rejoindra la délégation luxembourgeoise du 3 au 4 novembre.
Quelques temps forts de la première semaine :
- World Leaders Summit avec le discours du Premier ministre Xavier Bettel (1er novembre)
- Table-ronde de l’OCDE sur l’action climat avec la ministre de l’Environnement, du Climat et du Développement durable Carole Dieschbourg et ses homologues des États-Unis (John Kerry), du Japon, de la Corée du Sud et de la Colombie (2 novembre)
- Table-ronde de haut niveau, co-sponsorisée par l’Allemagne, Nauru et le Luxembourg en collaboration avec les think tanks « Munich Security Conference » et « adelphi », intitulée « Climate, Peace and Stability : Weathering Risk through COP and beyond » au sujet des répercussions du changement climatique sur la paix et la sécurité, avec la participation du Secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, ainsi que plusieurs ministres des Affaires étrangères et de la Défense, dont François Bausch. Cette table ronde aura lieu le 2 novembre 2021, de 16 h 30 à 18 h 00 et sera transmise en direct par livestream via https://german-climate-pavilion.de/register
- Pierre Gramegna fera partie du cercle très restreint de ministres des Finances qui participeront physiquement au « COP 26 Climate Conference Finance Day » (3 novembre) sur invitation de leur homologue britannique Rishi Sunak. Les discussions porteront principalement sur comment mobiliser et stimuler les capitaux privés nécessaires pour financer la lutte contre le réchauffement climatique. Le ministre participera également à la réunion de la coalition des ministres des Finances pour l’action climatique, initiative lancée en avril 2019.
Alain Ducat
Photos : UNFCC
Infographie : ecologie.gouv.fr/cop26