Corridors verts à Differdange
La 3e ville du pays est engagée pour l’environnement depuis bien longtemps. L’écologie s’intègre en amont de chaque projet de développement. Couloirs naturels recréés entre forêts périphériques et centre urbain, parcs renaturés, retour d’espèces dans la faune et la flore, gestion de plantations dans la cité… : l’arborescence bien réfléchie porte ses fruits.
La ville de Differdange marquait le coup pour son centenaire, en plantant symboliquement 2007 arbres. « Cela a bien plu à tout le monde et on a senti qu’il y avait un engagement politique et citoyen, à long terme, en faveur du développement durable, de l’importance de la nature jusque dans la ville. 13 ans plus tard, on voit bien les résultats », observe Gilles Wagener, du service écologique de la ville de Differdange, où avec son collègue Michel Drouard, il est un des spécialistes des arbres.
Rien que l’existence de ce service pluridisciplinaire, qui regroupe 7 personnes, est un indicateur d’intérêt par la 3e ville du pays. Le service est impliqué d’emblée, le plus en amont possible de chaque projet de développement – nouveaux quartiers, aménagements urbains, parcs, etc -, dans une reconversion exemplaire au fil des ans.
Espaces naturels
« On a travaillé sur un reverdissement général. Notamment avec des corridors verts, en profitant des ressources naturelles à l’extérieur de la ville, pour ramener de la biodiversité dans la ville », explique M. Wagener. Ainsi, l’espace où passaient les anciennes conduites d’air liquide de l’Arbed a été réaménagé, devenant un couloir naturel, connecté aux friches sidérurgiques reconverties. Du côté du plateau du funiculaire ou du quartier résidentiel Arboria, le vert domine, au cœur de quartiers d’habitation et de services.
Le nouveau parc de la Chiers a été pensé comme un espace de respiration, un site naturel plus qu’un terrain de golf ! « Il y a de vieux arbres, morts ou presque, qui ne présentent pas de danger. On aurait pu les évacuer. On les a laissés. Et les pics y sont de retour ». Le lieu boisé a aussi vu revenir quelques chevreuils qui y trouvent refuge en période de chasse alentour...
La flore se manifeste aussi : « À côté du plateau du funiculaire, près du chemin de fer et de la route, on a trouvé une espèce d’orchidée, plutôt habituée des prairies sèches, que l’on ne voyait plus que dans la réserve naturelle Prënzebierg - Giele Botter. On pratique le fauchage tardif et on essaie de favoriser l’habitat naturel de cette plante, mais aussi d’insectes, de papillons… »
Le pouvoir des arbres
Partout en ville, la fonction des arbres est vue différemment, pas seulement comme un embellissement. « On choisit les essences, indigènes ou/et qui favorisent le lien à la faune et la flore. Pour la taille, on se contente d’orienter la pousse des branches et des feuillages, pour permettre aux arbres de faire leur gros travail : capturer le carbone et les poussières, donner de l’ombre, apporter de l’humidité, filtrer lentement les précipitations et donc participer à la prévention d’inondations par exemple ».
Et les arbres sont envisagés dans tout leur cycle de vie, à très long terme. « Ils vivent plus longtemps que les humains et leur carrière professionnelle », sourit Gilles Wagener. Et quand l’arbre voit la fin, il sert encore. Un « vieillard » en ville, plutôt qu’un problématique déracinement, a connu une coupe à 2 mètres et le travail d’un artiste sculpteur. Les débris de coupe et les branchages finissent en chaufferie collective. Rien ne se perd. Et tout gagne à être pensé.
Alain Ducat
Photos : Le parc de la Chiers, espace naturel de respiration / Michel et Gilles, spécialistes des arbres (Ville de Differdange)
Article tiré du dossier du mois Nature humaine