Demande de mobilité en hausse, objectifs plus ambitieux
Application et prolongement du Modu 2.0 de 2018, le nouveau « plan de mobilité » du pays, fruit d’une réflexion stratégique à l’horizon 2035, veut anticiper les besoins et les soucis.
Il est arrivé… François Bausch, ministre de la Mobilité et des Travaux publics, a dévoilé le PNM 2035, le plan national de mobilité succédant au Modu 2.0 qui, en 2018, mettait en forme la stratégie du gouvernement pour une mobilité durable. François Bausch préfère d’ailleurs, plutôt que « succéder à », parler de « mettre en application » la stratégie de 2018.
Le PNM 2035, c’est un plan de bataille plus qu’une feuille de route, c’est un document de quelque 200 pages ! Et son leitmotiv est clair : il faut améliorer et surtout anticiper, prévoir une solide hausse de la demande de mobilité en général dans un pays qui croît encore, afin d’éviter de courir derrière les problèmes de saturation… (Infogreen vous invite à relire l’intéressant débat en trois parties, autour du ministre Bausch, mené lors d’un précédent dossier « mobilité » https://www.infogreen.lu/debat-sur-la-mobilite-i-multimodalite-et-sens-des-deplacements-16741.html + https://www.infogreen.lu/debat-sur-la-mobilite-2-raconter-une-autre-histoire-16750.html + https ://www.infogreen.lu/debat-sur-la-mobilite-3-faire-bouger-des-personnes-plus-que-des-vehicules-16758.html)
+40% sur tous les pôles
Pour cette stratégie, le ministère s’appuie sur les études statistiques et prospectives menées à tous les niveaux, depuis des années. « Si le Luxembourg continue de se développer comme on le prédit, on verra une augmentation de 40% des demandes de mobilité d’ici 2035 ». Ce qui ne signifie pas 40% de voitures supplémentaires sur les routes !
C’est évidemment à cet enjeu, de faire plus pour la mobilité de chacun selon ses besoins, avec moins de véhicules personnels sur les infrastructures nationales (et frontalières), que s’attaque le PNM 2035.
Tout en tenant compte des besoins différents et des réalités différentes des grands pôles d’attraction du pays, Luxembourg et sa grande couronne, Esch-Belval et le Sud, et la Nordstad, aux interpénétrations permanentes cependant.
Il faut donc aussi que chacun se donne les moyens : les autorités qui mettent les infrastructures à disposition et les usagers qui peuvent (doivent ?) utiliser les possibilités disponibles et les combiner, pour partager mieux l’espace public. Pour François Bausch, il ne faut plus « voir une route comme un tracé pour les voitures mais plutôt comme un couloir multimodal qui peut être partagé avec les vélos, les trains, les piétons, le tram, les bus… »
La clé reste ces pôles d’échanges qui, judicieusement disposés et pourvus, permettent de rallier le point A au point B en passant le cas échéant d’un moyen de transport à l’autre, avec fluidité et ponctualité.
La qualité pour moteur
La qualité est donc un objectif primordial : « Je suis persuadé que les gens sont prêts à laisser leur voiture au garage si elle n’est pas utile, soit s’ils ont à portée de main une offre alternative qualitative ». Le tram qui a trouvé son public dans la capitale et alentours reste un exemple pour le ministre.
Aller plus loin ? Plus vite ? Plus confortablement ? Plus en sécurité ? Il faut investir, encore. Et convaincre. Beaucoup de projets sortent des cartons, d’autres sont programmés. Et l’ambition est de les mener à terme pour 2030.
Dans le PNM 2035, on reparle donc du réseau de tram étendu, la liaison vers l’aéroport, un 2e axe vers le Kirchberg, sans passer par le centre-ville, la liaison vers le sud, entre Luxembourg et Esch-Belval… On trace 14 projets ferroviaires, dont une nouvelle desserte améliorée entre la capitale et Differdange, 3e ville du pays, mais aussi des stations réaménagées, avec 4 gares pour Luxembourg (gare centrale, Pfaffenthal, Hollerich et Howald).
Au travers de la majorité des projets, il s’agit de changer la mobilité, d’améliorer la qualité de la vie et la qualité de la Ville, car les études montrent que 49% des flux sont centrés sur Luxembourg…
L’ambition est donc au rendez-vous. 2035 est à l’horizon. Et l’enjeu est déjà aux portes du pays. Pour le ministre Bausch, le PNM nouveau n’est pas un guide ou un catalogue, encore moins une contrainte juridique ou autre (le document a vocation a être évalué et adapté tous les 5 ans sur son chemin). « C’est une absolue nécessité pour le développement du pays, sous toutes ses formes ».
Alain Ducat
Le document complet est consultable ici
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Photos/illustrations : MMTP / (c) Sophie Margue