Des initiatives qui créent de la valeur ajoutée pour la société
Depuis près de 10 ans, le Groupe Tricentenaire emploie des personnes en situation de handicap au sein de ses ateliers protégés (Ateliers du Tricentenaire s.c.). Rencontre avec le directeur général du groupe, Christophe Lesuisse.
M. Lesuisse, le Tricentenaire fête cette année ses 40 ans d’existence et d’évolution continue. Comment expliquez-vous cette belle réussite ?
Je suis depuis 23 ans au Tricentenaire, et ce qui m’a toujours plu et qui explique certainement sa réussite, c’est qu’on a toujours su innover. Lorsque je suis arrivé en 1995, nous étions environ quinze salariés. Aujourd’hui nous en comptons près de 350. Nous avons développé de nombreux services et projets, et on continue à toujours aller plus loin dans les réponses que nous apportons aux demandes des personnes en situation de handicap et de leurs entourages. On prend la balle au bond à chaque occasion qui se présente.
Une chose qui a toujours primé pour moi, c’est que nous sommes très attentifs à être dans du win-win dans les partenariats, ce qui peut ne pas être le cas dans le privé lucratif.
Historiquement, le Tricentenaire a une vocation sociale, dans sa fonction principale d’accueil des enfants et des personnes en situation de handicap. Comment a-t-il évolué pour devenir un véritable acteur de l’économie sociale et solidaire ?
L’ESS concerne particulièrement les Ateliers du Tricentenaire que nous avons ouverts il y a une dizaine d’années, sous la forme d’une société coopérative, membre d’ailleurs de l’ULESS.
Aujourd’hui, quatre services emploient au total près de 50 travailleurs en situation de handicap :
- L’Atelier Chocolaterie (Chocolats du cœur), où 17 personnes produisent, sous l’œil attentif de 3 maîtres chocolatiers. Nous sommes très fiers de voir certains employés s’approprier leur métier au point de former de nouveaux collaborateurs en situation de handicap ;
- L’Atelier Imprimerie, qui emploie 12 personnes, dont deux pour l’accompagnement des graphistes dans des travaux artistiques et un imprimeur ;
- L’Atelier PrestaTri, qui regroupe toutes sortes de prestations d’entreprises (étiquetage, insertion de CD dans des manuels, préparation de sachets Fairtrade pour la Saint-Nicolas, etc.) ;
- L’Atelier Thés (Au cœur du thé), qui consiste en du conditionnement en sachets individuels et en sachets de 80g d’une quinzaine de thés fairtrade et bio.
Ces personnes sont formées en amont au sein de notre centre de formation à Bissen. On y accueille autant des jeunes sortant d’une éducation différenciée que des personnes qui se retrouvent du jour au lendemain en situation de handicap et doivent dès lors adapter leur mode de vie et leur emploi.
Toutes ces initiatives, et d’autres au Luxembourg, créent de la valeur ajoutée dans la société. Ce n’est plus simplement de l’occupationnel, il y a des entrepreneurs sociaux qui créent de très belles choses. Il y a 20 ans, la plupart des emplois en ateliers protégés concernaient de la sous-traitance, mais avec des idées, de l’enthousiasme et de la volonté, on peut faire bien plus.
Nous avons aussi au fil du temps pu proposer des emplois sur le marché ordinaire au sein du Groupe. Ainsi, une personne travaille à la Tridoc SA (cuisine centrale du Parc) et deux serveuses en situation de handicap exercent leur métier au Bar à Chocolat à Walferdange.
Quels sont les prochains projets du Tricentenaire ?
Nous avons un projet de micro-brasserie à Prettingen avec la commune de Lintgen qui devrait ouvrir ses portes d’ici deux ans. Quinze à 20 emplois pour personnes en situation de handicap seront créés. Il y aura une partie production de bière, un restaurant et un atelier de rénovation de cycles, car des centaines de personnes passent chaque week-end sur la piste cyclable Mersch-Steinsel toute proche. Tout cela en voulant intégrer tout ce qu’on fait de mieux en matière d’économie circulaire et bien sûr cela s’inscrit dans l’économie sociale et solidaire.
Nous sommes également en discussion avec un mécène dans les Ardennes. Il souhaite mettre à notre disposition une ferme et des champs et où nous envisageons d’ouvrir une ferme biologique et pédagogique, toujours avec des travailleurs en situation de handicap. S’il se concrétise, ce projet créera 15 à 20 emplois et une nouvelle structure de logement. C’est formidable !
Marie-Astrid Heyde
Photo Christophe Lesuisse : Fanny Krackenberger
Photos Tricentenaire : © Editpress/Fabrizio Pizzolante
Dossier du mois Infogreen « Social Impact »