Du bois dont on fait l’économie circulaire
Avec l’appui des ministres de l’Environnement, du Climat et du Développement durable, Carole Dieschbourg, et de l’Économie, Franz Fayot, la campagne « Eist Holz » entend soutenir la gestion de la ressource bois au Luxembourg dans un esprit de circularité et promouvoir une filière bois locale qui représente quelque 19.500 emplois.
Le bois, c’est une ressource, abondante et renouvelable. Le bois, c’est aussi une filière économique.
La forêt, avec une superficie d’environ 90.000 hectares, couvre plus d’un tiers du territoire luxembourgeois. Selon les chiffres du ministère de l’Économie, quelque 750.000 m3 de bois sont produits chaque année dans les forêts du pays… dont 500.000 m3 sont concrètement récoltés. Cela laisse un tiers des productions sur le carreau… Or la filière bois au Luxembourg compte, selon les mêmes sources officielles, environ 1.285 entreprises – dont près de 90% sont des PME – et représente au total quelque 19.500 emplois, directs et indirects.
C’est la base d’une réflexion, suivie d’une action de soutien et de promotion, annoncée conjointement par les ministres Carole Dieschbourg (Environnement, Climat et Développement durable) et Franz Fayot (Économie).
« La mise en œuvre d’une économie circulaire repose sur la transformation de notre système économique linéaire en chaine de valeurs dans laquelle le maintien de la valeur de la ressource est au centre », argumentent-ils dans un communiqué faisant suite à la présentation d’une campagne spécifique.
Visibilité, crédibilité, durabilité
Le visuel « Eist Holz » se propose d’être un « chapeau de communication » pour cette approche circulaire de la ressource « bois ». Il s‘agit de donner une sorte de label, un aperçu des acteurs actifs aujourd’hui dans cette chaine de valeur, et de mettre en valeur les outils de soutien à disposition.
« Eist Holz » cherche à connecter davantage la gestion durable des forêts avec le développement d’activités économiques reposant sur les principes d’une économie circulaire régionale.
Ainsi, le « Klimabonus Bësch » souhaite soutenir les propriétaires forestiers privés afin qu’ils participent de façon volontariste à l’action en faveur du climat, en jouant franchement la carte d’une sylviculture proche de la nature. L’objectif ultime est de préserver les multiples services rendus par les écosystèmes forestiers à la société : protection du sol, filtration de l’eau et de l’air, préservation de la biodiversité, lieu de loisirs et de tourisme verts, captation du CO2, fourniture de produits naturels… « Une gestion forestière durable permet de mieux adapter les forêts aux effets du changement climatique et contribue à la mise en œuvre du Plan national intégré en matière d’énergie et de climat ».
Le Klimabonus est donc une prime, destinée aux propriétaires privés, censée récompenser le mode de gestion forestière durable et des techniques sylvicoles exploitant au maximum les processus naturels des écosystèmes forestiers pour produire durablement des bois de valeur, tout en respectant les autres fonctions naturelles de la forêt. Un règlement grand-ducal du 16 avril 2021 institue cette prime à la fourniture de services écosystémiques.
Le bois d’ici, avec traçabilité
Une autre action cible la certification des émissions de transport des produits en bois. Si les émissions causées par le transport d’un produit sont souvent impossibles à retracer pour les clients, la gestion des ressources dans des circuits courts et fermés est un élément clé. Ainsi, dans le domaine de la construction par exemple, le choix des matériaux et des chaines d’approvisionnement permet de réduire considérablement l’émission de gaz à effet de serre. En outre, la gestion circulaire au plus court est un levier important pour le maintien ou la création d’emplois locaux.
Le label « Holz von Hier », mis en place en Allemagne et en Autriche, garantit un système de gestion durable : d’une part, il exige des certificats de gestion forestière (normes FM-FSC, FM-PEFC ou équivalentes) pour 100 % du bois rond qui entre dans le processus ; d’autre part, il est également un certificat pour la protection du climat, car le système de contrôle de « Holz von Hier » enregistre, réglemente et certifie les distances de transport tout au long de la chaine de transformation, du chemin forestier au lieu d’utilisation.
Ce système assure une traçabilité pour les différentes étapes de transformation et impose des limites de transport prédéfinies par le gestionnaire du label, permettent d’assurer la disponibilité des différents types de produits tout en réduisant les distances. Le Luxembourg, pays des « courts chemins », emboîte le pas. L’adhésion au label reste une décision individuelle de chaque opérateur économique mais les ministères précisent que le système pourra être un critère déterminant dans les soumissions pour les appels d’offres dans le cadre de marchés publics. Et puis, clairement, le système sera d’autant plus efficient si un grand nombre d’acteurs y adhère.
Une place de marché digitale
Des ateliers d’information organisés en collaboration avec le Luxembourg Wood Cluster géré par Luxinnovation s’adresseront aux acteurs économiques, aux architectes et ingénieurs, aux porteurs de projets, etc. Le secteur communal sera aussi sensibilisé, en collaboration avec Myenergy, dans le cadre du Pacte Climat. L’Administration des bâtiments publics est aussi associée au processus pour implémenter un projet pilote recourant au label « Holz von Hier » .
Enfin, « e-Holzhaff » sera, dès cet automne, une « place de marché digitale », solution de mise en relation entre l’offre et la demande au sein de la filière bois. Initiative du ministère de l’Économie et du Luxembourg Wood Cluster, cette plateforme sera dédiée au marché des bois bruts (issus directement des forêts luxembourgeoises) et des bois circulaires (bois recyclé). Conçue en étroite collaboration avec les acteurs publics et privés du secteur, la « Digital Timber Trade Platform » proposera un service d’achat et de vente de bois en ligne directe, et sera un lieu d’échange et de réseau, permettant aux entreprises locales de proposer leurs services, sciage, séchage, transport, fabrication etc..
Disponible en allemand et en français, cette place de marché digitale veut permettre une plus grande fluidité dans les échanges, un plus large écho aussi puisqu’elle s’adressera également aux acteurs de la filière bois de la Grande Région.
Alain Ducat
Photos : MECDD/Shutterstock/Luxinnovation