Economie sociale et solidaire : le rôle sociétal des maisons relais
Les maisons relais ne remplissent pas uniquement un rôle de garde mais également un rôle d’éducation
L’expansion des maisons relais au cours de ces dix dernières années marque un changement dans la prise en charge des enfants. En effet, avec l’introduction des chèques services, la question de savoir si une famille pouvait prétendre à une place pour son enfant dans une maison relais ne se posait plus, le principe voulait que chaque enfant ait droit à une place et ceci indépendamment de la situation économique des parents. Les crèches privées se sont développées à grand pas, nombreuses entreprises commerciales ont vu un manque à gagner grâce à l’introduction des chèques services. L’Etat et les communes ont également investi dans ces structures et dans la promotion de la qualité de service.
Lors du lancement des chèques services, nous avons pu assister à une augmentation des demandes qui a submergé les structures existantes. Nombreuses structures ont dû être réaménagées, afin de répondre aux normes d’accueil. Le personnel a également dû s’adapter dans la mesure où le nombre d’enfants à encadrer a également augmenté. Ceci ne s’est pas fait sans difficultés.
Les chiffres sont éloquents, plus de 50.000 enfants sont pris en charge par des structures d’accueil professionnelles. Les enfants passent beaucoup de temps dans ces structures d’où l’importance de s’adapter aux besoins des enfants, afin de promouvoir leur développement et leur épanouissement. Toutefois, ceci n’est pas une tâche facile et les gestionnaires ont dû souvent revoir leur modèle de prise en charge qui n’était plus adapté.
Ainsi, par exemple ce n’est pas la même chose de déjeuner avec un groupe de 10 enfants que de déjeuner avec un groupe de 50 enfants. Le déjeuner peut se transformer en un moment extrêmement stressant pour un enfant qui mange dans un environnement bruyant. Afin, de remédier à cette situation, certains gestionnaires ont mis en place un système de buffet qui a permis de réduire ce stress en permettant aux enfants de choisir dans un laps de temps le moment où ils souhaitent déjeuner. Ce système crée un flux qui permet ainsi de réduire le bruit et par conséquent le stress dans les cantines.
D’autres modèles de prise en charge ont de plus en plus vu le jour. Alors qu’autrefois les enfants étaient plutôt encadrés dans des groupes fermés, nous assistons au développement de groupes ouverts permettant ainsi à l’enfant de choisir l’activité et les copains avec qui il souhaite jouer.
Ce modèle développe la prise de décision auprès de l’enfant étant donné qu’il apprend à faire des choix et à développer ses compétences. Le rôle de l’éducateur change également dans ce nouveau modèle de prise en charge. Il a un rôle de coach et d’accompagnateur dans le développement de l’enfant. Grâce à l’observation il va pouvoir détecter les compétences mais aussi les points à développer. Ce changement ne se fait pas sans crainte parmi le personnel encadrant puisque leur rôle est redéfini.
Nous sommes dans l’éducation non-formelle. Les structures d’accueil ne remplissent pas uniquement un rôle de garde mais également un rôle d’éducation. Ceci ne veut pas dire que les parents sont dé-saisis de leur rôle, au contraire, il y a une complémentarité qui doit s’installer dans l’intérêt de l’enfant, d’autant plus lorsque les enfants sont issus d’un milieu socioprofessionnel défavorisé.
Aujourd’hui plus que jamais, les maisons relais ont un rôle sociétal majeur étant donné qu’elles ont pris une place dans la société qui contribue au développement économique et social de notre pays. Souvent elles sont perçues comme un lieu permettant aux parents de déposer leurs enfants, afin de pouvoir se rendre au travail, hors leur rôle va bien au-delà du simple accueil. Enfin, derrière ces structures se cachent des professionnels qui s’engagent chaque jour pour le développement du bien-être des enfants - qui un jour seront les adultes - c’est-à-dire ceux qui constitueront notre société d’où l’importance de leur donner les meilleurs atouts, afin d’en faire des adultes responsables et épanouis.
Article de Maria GREINDL-RAMIREZ chargée de mission ULESS asbl
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