Entreprises & Biodiversité : la nouvelle thématique du guide ESR
Érosion de la biodiversité : comment faire face au 5e plus grand risque pesant sur l’économie ?
Les activités humaines ont exercé une pression importante sur la nature, entraînant une extinction massive de nombreuses espèces animales et végétales et une altération des habitats naturels. D’après le Forum Économique Mondial, l’érosion de la biodiversité se classe parmi les cinq principaux risques qui pèsent le plus sur l’économie¹. Aujourd’hui, une entreprise qui a pris conscience de sa dépendance envers la nature, qui évalue et minimise ses impacts négatifs et qui contribue à la restauration de la planète est une entreprise qui a réussi à relever le défi de la crise écologique, en garantissant à la fois sa résilience et sa pérennité économique.
La perte de la biodiversité en quelques chiffres…
Selon les données du WWF² la population des espèces de vertébrés sauvages a connu une baisse de 69% au cours des cinquante dernières années³. De plus, dans les paysages européens où l’agriculture et l’industrie sont présentes, on constate une baisse de près de 80 % de la population d’insectes⁴. L’effondrement des populations d’insectes représente une menace pour la pollinisation des cultures, ce qui a un impact direct sur notre alimentation.
Mieux comprendre permet de mieux se mobiliser
Afin de faire face à l’ampleur de la crise de la biodiversité, il est indispensable d’encourager les entreprises à se mobiliser davantage sur ce sujet. Néanmoins, pour être mobilisé, il est nécessaire de bien comprendre les interdépendances entre les entreprises et la biodiversité.
Ces interdépendances comprennent quatre catégories de services écosystémiques, c’est-à-dire des avantages que les écosystèmes naturels offrent à l’homme :
- Les services d’approvisionnement ;
- les services de soutien ;
- les services de régulation et
- les services culturels.
Les services d’approvisionnement incluent l’eau, le bois, l’alimentation, les combustibles, parmi les matières premières naturelles.
La fresque de la biodiversité peut représenter un excellent point de départ pour sensibiliser ses collaborateurs aux enjeux de l’érosion de la biodiversité.
Évaluer son empreinte Biodiversité en tant qu’entreprise
Il est tout à fait possible pour une entreprise d’évaluer son impact sur la biodiversité dans l’ensemble de la chaîne de valeur. Le Global Biodiversity Score est utilisé pour évaluer l’empreinte biodiversité qui est estimée en MSA.km2 représentant la moyenne d’abondance des espèces par kilomètre carré. Deux types d’impacts sont pris en compte pour le score : les impacts dynamiques (les gains ou pertes sur la période d’évaluation) et les impacts statiques (comprenant les impacts cumulés), à la fois sur les milieux terrestres et aquatiques.
De plus, il est nécessaire de faire preuve de rigueur dans le calcul de l’empreinte biodiversité en ce qui concerne les inputs introduits en menant une recherche documentaire et en rassemblant les données en amont avec l’assistance d’un expert.
Il existe d’autres outils, notamment pour définir des objectifs visant à réduire les pressions sur la nature. Par exemple, le Science Based Target for Nature.
Selon la norme ESRS E4 de la CSRD, les entreprises doivent tenir compte de la Biodiversité dans leur reporting
La CSRD exhorte l’entreprise à analyser et à partager les informations concernant l’ESRS E4, qui aborde les problèmes liés à la biodiversité et aux écosystèmes. Les exigences de ce standard en matière de publication portent sur :
- L’identification des impacts, des risques et des opportunités liés à la biodiversité.
- L’atténuation des impacts négatifs et la gestion des risques.
- Les mesures envisagées pour atténuer les impacts négatifs et contribuer à la conservation de la nature.
- Les conséquences financières des différents impacts, risques et opportunités identifiés comme matériels.
L’ESRS E4 et le Global Biodiversity Score sont des outils essentiels pour s’aligner sur le Cadre Mondial pour la Biodiversité visant à mettre un terme et inverser la perte de biodiversité d’ici 2030, en vertu de l’accord historique de Kunming-Montréal.
En conclusion, l’évaluation de son influence sur la biodiversité et les écosystèmes naturels aide les entreprises à maintenir les limites naturelles tout en garantissant leur pérennité économique et un héritage précieux pour les générations à venir.
Mettre en place une stratégie RSE qui intègre la nature grâce à la nouvelle thématique « Entreprise et Biodiversité » du référentiel de l’INDR
Grâce à la nouvelle version du guide ESR, les entreprises pourront évaluer l’impact de leur activité sur la Nature et découvrir l’avantage d’intégrer la biodiversité à leur activité et de concevoir des projets « Nature-Positifs ».
Cette nouvelle thématique, divisée en trois sous-thèmes, offre la possibilité de s’auto-évaluer sur :
- L’influence de son activité sur la biodiversité et les écosystèmes naturels.
- Les dépendances de son activité par rapport à la biodiversité et aux écosystèmes naturels.
- Et également, la proximité par rapport à des zones à haut intérêt en matière de biodiversité.
L’intégration des enjeux liés à la biodiversité et aux écosystèmes naturels permet à une entreprise d’ajuster sa stratégie et de corriger ses répercussions négatives sur la nature.
De nombreuses initiatives européennes et internationales sont en train de se concrétiser donnant aux entreprises la possibilité de s’impliquer dans des projets de restauration des écosystèmes et de préservation de la biodiversité.
Parmi ces initiatives :
L’initiative Nature Action 100 dont l’objectif est d’impliquer des entreprises dans des secteurs clés considérés comme d’importance systémique pour inverser la perte de la nature et de la biodiversité d’ici 2030. Elle a été élaborée par un regroupement d’investisseurs institutionnels connu sous le nom de Launching Investor Group.
➡️ L’INDR a l’intention de lancer des initiatives nationales dans le cadre de cette nouvelle thématique pour mieux accompagner les entreprises dans leur transition vers la durabilité.
¹ The Global Risks Report 2020, World Economic Forum
² World Wildlife Fund
³ Rapport Planète vivante 2022. WWF
⁴ Comité français de l’UICN
⁵ Les Cahiers de la Biodiv’50
Article rédigé par Lidia Rahal, Senior Adviser RSE à l’INDR (Institut national pour le développement durable et la RSE)
Photo d’illustration : un Ocelot - digne représentant de la biodiversité
Article tiré du dossier du mois « Nature humaine »