Exploitées, violées et rejetées - quel avenir pour les « sans-voix » ?

Exploitées, violées et rejetées - quel avenir pour les « sans-voix » ?

2016. Agée de 16 ans et originaire de la région de Koulikoro au centre du Mali en Afrique de l’Ouest, les parents de l’adolescente se sont séparés depuis longtemps. Sa mère s’est remariée, mais la jeune sentait qu’elle n’était plus la bienvenue à la maison – l’affection de la mère pour elle n’y était plus. Ainsi, à la suite d’une situation conflictuelle avec sa mère la teenager quittait le foyer et se retrouvait dans la rue. Seule, sans toit sur la tête, sans protection parentale, elle plongeait cruellement dans la réalité quotidienne des jeunes qui vivent dans la rue. Ses besoins de base (vêtements, nourriture…) la poussaient et la livraient dans les mains d’un proxénète.

Lors des tournées régulières de l’équipe mobile d’aide du Samusocial (une association partenaire d’ECPAT Luxembourg) sur un site de regroupement des enfants et des jeunes en situation de rue à Bamako dans la capitale malienne, l’adolescente a été repérée et identifiée par les agents sociaux. Son état physique était gravement détérioré : victime de multiples agressions de la part de son proxénète pour qu’elle lui rapporte plus d’argent, elle souffrait en plus d’une fracture post-traumatique au niveau du bassin. La jeune était logée chez ce dernier qui avait investi une importante somme d’argent (1.000.000 FCFA, donc quelque 1.525 euros) dans l’achat d’habits, d’autres objets de parure et de prostitution pour la fille. À part payer pour son logement, la fille devait également rembourser la somme de ce premier investissement à son proxénète dans les meilleurs délais.

Exaspérée au bout d’un moment par cette situation inhumaine, la fille a voulu prendre ses distances avec le tyran. Elle lui faisait la promesse de rembourser son argent jusqu’au dernier centime. Ce qu’elle voulait était d’en terminer avec cette dépendance, cet esclavage. Or le proxénète l’a rejetée violemment, car il perdait la personne qui générait son revenu et au-delà il ne voulait plus se passer des abus sexuels qu’il commettait régulièrement sur la fille. La soif de liberté poussait la jeune à faire une fugue. Or, au moment de s’échapper, l’homme s’en prend brutalement à elle. Des violents coups abattaient la fille. Avec ses dernières forces, elle se jetait de la maison du proxénète et tombait du 2e étage de l’immeuble. Le proxénète la transportait vers un site où il s’est débarrassé d’elle comme si de rien n’était.

Repérée par l’équipe du Samusocial Mali, la jeune était transportée à la brigade des mœurs pour constat et autorisation de sa prise en charge. Une correspondance a été adressée à la direction régionale de la promotion de la femme, de l’enfant et de la famille du District de Bamako pour attirer leur attention sur les abus faits aux enfants en situation de rue à Bamako, y compris leur exploitation sexuelle. Un communiqué de presse a été déposé auprès des différents médias, signé par le Samusocial Mali, ECPAT Luxembourg. Une procédure judiciaire a été engagée contre le proxénète par un avocat pris en charge par le projet d’ECPAT Luxembourg.

Après 45 jours d’hospitalisation au centre hospitalier universitaire de Kati, l’état de la fille s’est amélioré. Pendant ce temps, le Samusocial Mali a pu contacter sa famille pour une éventuelle réinsertion familiale. Les médiations menées de façon conjointe avec le service social de la localité ne laissent pas supposer un retour rapide en famille de l’adolescente auprès de sa mère. En attendant que sa maman soit prête à l’accueillir et à la prendre dans ses bras, elle poursuit son traitement dans un cabinet médical partenaire de l’association Samusocial Mali.

Plus d’informations sur les interventions d’ECPAT Luxembourg au Mali sont disponibles sous http://ecpat.lu/nos-actions/mali-3.

Crédit photo : A. GROJEAN

Communiqué par ECPAT Luxembourg

Communiqué
Publié le lundi 7 novembre 2016
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