« Faire du déchet une matière première secondaire »
Que deviennent nos déchets après avoir été déposés au centre de tri d’Ecotec ? Explication avec David Bousrez, directeur.
Ecotec récupère les déchets, les trie et les conditionne pour qu’ils puissent être revalorisés. Ce sont ainsi environ 35 000 tonnes de déchets qui sont gérées par an, dont 80 % proviennent de la construction et le reste de l’industrie et des communes limitrophes. Depuis septembre 2016, le centre récupère aussi les déchets provenant du parc de recyclage de la ville de Differdange qui regroupe quelque 25 000 habitants.
Mais qu’advient-il de nos déchets une fois qu’ils ont été déposés sur le site d’Ecotec ? « Dans notre centre de tri, nous retirons le maximum de ce qui est recyclable », répond David Bousrez, directeur d’Ecotec. « L’idée est de faire du déchet une matière première secondaire. C’est pourquoi nous travaillons sur la qualité pour sortir des matières qui soient directement utiles pour l’industrie du recyclage ».
Quand ils ne sont pas recyclables, les déchets sont valorisés thermiquement, donc utilisés pour produire à la fois de la chaleur et de l’électricité en suivant un procédé de cogénération. En tout dernier recours, lorsqu’ils ne peuvent être ni recyclés ni transformés en énergie, les déchets sont éliminés. Le taux de valorisation dépassait les 90 % en 2016.
Parmi les 35 000 tonnes de déchets traités chaque année, 6 000 tonnes sont des déchets mélangés qui vont être triés dans l’installation. « On remarque un changement significatif depuis quelques années : les déchets destinés à être triés sont de plus en plus pauvres en fractions recyclables. Ceci est dû essentiellement au triage qui est effectué directement sur les chantiers des entreprises de construction ».
La situation se complique lorsqu’il s’agit de certains déchets de plastique. « Depuis peu, nous avons limité le tri des tuyaux en PP (polypropylènes), car des additifs sont ajoutés à ce thermoplastique, comme, du talc et des ignifugeants, afin d’améliorer les propriétés mécaniques de ce polymère, respectivement pour le rendre moins inflammable. Par conséquent, ces adjuvants rendent ce produit très difficile à recycler », explique-t-il.
Une autre problématique à laquelle l’entreprise est actuellement confrontée est le manque de filières de recyclage en Europe qui se fait particulièrement sentir depuis que la Chine a fermé ses portes en bloquant drastiquement les importations d’un certain nombre de déchets. « Il ne faut pas oublier que la Chine était le premier importateur mondial et que, désormais, les frontières chinoises sont closes pour la plupart des matières premières secondaires, telles que les films plastiques, papier/carton, etc., ce qui entraîne une déstabilisation du marché du recyclage. Pour ma part, je considère cela comme une aubaine pour les industries européennes, car il va falloir investir dans des procédés industriels innovants dans un but de créer directement des matières premières recyclées au sein de l’Union européenne », indique-t-il.
Si le Luxembourg reste malgré tout un adepte du recyclage, la situation est différente dans d’autres pays. « En France, il est parfois plus économique d’aller en décharge que d’amener les déchets mélangés dans une installation intermédiaire où les différentes fractions seront triées puis remises sur le marché. Ce sera le cas tant que la taxe générale sur les activités polluantes (TGAP) sur l’enfouissement ne sera pas augmentée », indique David Bousrez. « L’Allemagne, quant à elle, impose depuis l’année dernière des quotas de tri et recyclage à atteindre. De notre point de vue, nous priorisons toujours les voies de recyclage et de valorisation à l’élimination », conclut-il.
La solution pour augmenter le taux de recyclage ? Selon le directeur d’Ecotec, elle se résume en deux mots : l’écoconception du côté des producteurs et la sensibilisation auprès des consommateurs.
Mélanie Trélat