Gouvernance transversale pour une stratégie solide
L’économie circulaire est au cœur des débats pour améliorer notre quotidien et la gestion des ressources. Sans faire de bruit, le Luxembourg se hisse en haut du classement des pays les plus actifs grâce à une politique ambitieuse.
L’économie circulaire concerne tout le monde. Particuliers, entreprises, ou encore administrations, nous sommes tous concernés par cet élan de protection de nos ressources. Le Luxembourg n’est pas un grand pays au niveau de sa superficie, mais les idées ne manquent pas pour améliorer le quotidien des résidents.
Afin de concentrer tous les efforts, une stratégie nationale « Économie circulaire » a été présentée en 2021. Cette dernière s’intègre dans le plan gouvernemental 2018-2023. « Des discussions avaient déjà eu lieu avec le gouvernement précédent, et elles ont été concrétisées au niveau de la stratégie zéro déchet publiée en 2020 », souligne Paul Rasqué, conseiller auprès du ministère de l’Environnement, du Climat et du Développement durable. « Nous avons donc développé une approche pour la gestion des ressources au Luxembourg. Ce fut le point de départ pour mieux structurer les démarches au niveau de l’économie circulaire au Luxembourg en élaborant une stratégie partagée entre les différents ministères. »
Et c’est là qu’est la complexité de la méthode luxembourgeoise. Complexité extrêmement bien maîtrisée d’ailleurs. « Contrairement à d’autres pays, la stratégie LetsGoCircular est gérée adroitement par quatre ministères : Énergie et Aménagement du Territoire, Économie, Finances, et enfin Environnement, Climat et Développement Durable », précise Christian Tock, attaché au ministère de l’Économie. « Et cela fonctionne très bien. Quand nous avons fait une première étude en 2013, nous nous sommes rapidement rendu compte que c’était un sujet très complexe. Il fallait modifier tout le système et tous les acteurs intéressés devaient travailler dans la même direction. C’est pour cette raison que nous avons créé le « Groupe stratégie économie circulaire ». C’était un effort commun qu’il fallait coordonner. D’où la rédaction d’un document qui permettait de suivre les différentes actions -anciennes et nouvelles- et que celles-ci se complètent pour élaborer une stratégie solide chapeautée par une gouvernance. »
Cette stratégie s’adresse évidemment à tout le monde. « Elle donne une certaine visibilité de ce que le gouvernement souhaite mettre en place », explique Paul Schosseler, conseiller auprès du ministère de l’Énergie et de l’Aménagement du territoire. « C’est également un moyen de permettre à chacun de réagir aux mesures gouvernementales et de mettre en pratique cette stratégie de la meilleure manière qui soit. C’est une belle vitrine qui met en valeur tous les efforts menés au Luxembourg dans cette transition économique et écologique. »
Uniquement au Luxembourg ?
Le Luxembourg est ouvert sur le monde. Même si, dans cette stratégie, on retrouve certaines valeurs propres au Luxembourg, les responsables se doivent de toujours regarder vers les pays voisins avec lesquels il existe une importante collaboration.
« Tout le monde est d’avis que cette économie circulaire correspond au futur d’une bonne gestion », explique Christian Tock. « C’est au niveau de la mise en œuvre que beaucoup d’efforts doivent encore être fournis. Ceux-ci sont alignés avec la vision de promouvoir une transition verte et digitale qui se traduit bien dans le projet « Product Circularity Data Sheet », qui rencontre un vif succès au niveau national et à l’international. »
Chaque ministère a ainsi ses propres travaux à réaliser. Le ministère de l’Environnement, par exemple, est notamment concentré sur l’élaboration de la loi sur les déchets qui contribue aux efforts décrits dans cette stratégie. Le ministère de l’Énergie travaille sur des volets en lien avec le cycle biologique de l’économie circulaire comme la construction saine ou les matériaux de construction biosourcés. Mais pour que toutes les entités fonctionnent correctement, il existe une plateforme de coordination. Elle se réunit régulièrement et recueille de nombreuses informations du terrain qu’elle peut ensuite partager vers les bons acteurs afin d’ajuster certaines mesures et développer de nouvelles pistes de transition.
Et les autres pays ?
Les pays scandinaves, Finlande en tête, et les Pays-Bas sont considérés comme les plus avancés dans l’économie circulaire. « Les Pays-Bas ont mis beaucoup de moyens dès le départ », confirme Christian Tock « C’est également le cas pour la Finlande qui bénéficie du fonds d’innovation SITRA qui investit également dans des activités d’économie circulaire. Elle a notamment mis en place en 2017 le World Circular Economy Forum qui réunit chaque année des milliers de personnes dans différentes parties du monde. C’est donc une très belle vitrine. »
« Mais nous n’avons pas à nous cacher », poursuit Paul Schosseler. « Au final, nous ne sommes pas loin derrière. C’est plus une question de marketing que de savoir-faire. Sans chauvinisme, vu les différents travaux en commun, le Luxembourg fait partie du peloton de tête. Nous sommes assez loin dans nos démarches et nous observons une nette avancée dans la connaissance de nos actions par rapport à 2017. »
Le Luxembourg est tout de même envié dans sa politique d’économie circulaire. C’est notamment dû au fait que quatre ministères ont pu s’accorder en 2020 pour travailler ensemble, dont celui des finances. Entretemps d’autres ministères participent à la concertation régulière comme le Ministère du Travail, de l’Emploi et de l’Économie Sociale et Solidaire et le Ministère de la Protection des Consommateurs. « A l’étranger, rares sont les pays à en intégrer deux », explique Christian Tock. « Une autre différence de taille vient du fait que contrairement à d’autres nations qui accueillent de grosses entreprises nationales, comme Philips aux Pays-Bas, le Luxembourg avance via des projets publics. » Le secteur du logement public est ainsi bien développé avec différents chantiers qui sont alignés avec les objectifs de la stratégie économie circulaire et répondent aux attentes des citoyens.
Sébastien Yernaux
Photo : ©LetsGoCircular