Heureux celui qui se contente de peu

Heureux celui qui se contente de peu

Notre société qui ne manque de rien est-elle plus heureuse que les pays en voie de développement ? Une question à laquelle il n’est pas si simple de répondre.

« Il y a des choses plus importantes que l’argent dans la vie. Le problème, c’est qu’elles sont sacrément chères ! » C’est avec cette citation de Groucho Marx que Francesco Sarracino, Senior Economist du Statec, a lancé le 2e volet des « lunch-debates » organisés par Ana-Luisa Teixeira et les équipes de Plaidons Responsable by Caritas.

(le premier volet est à revoir ici)

L’économiste s’est attaqué au lien entre la consommation et le bien-être. Une relation « Je t’aime moi non plus » qui entraîne de nombreux dégâts au cœur de notre société. On ne s’étonne plus de la longueur des files d’attente devant certaines enseignes lors de la sortie d’un modèle de chaussures, de montre, ou encore de smartphone. Mais posséder ces objets ou avoir beaucoup d’argent rend-il la vie plus heureuse pour autant ? Pas certain, selon Francesco Sarracino.

« Le fait de posséder quelque chose est une satisfaction ponctuelle. Le progrès fournit énormément de biens mais nous supprime paradoxalement beaucoup de temps libre. Et cette perte a indéniablement un impact sur nos vies sociales. Dans un monde qui n’a jamais été autant connecté, l’être humain se renferme progressivement sur lui-même.

Un triste constat principalement observé dans des sociétés modernes et riches. « Selon de nombreuses études, on observe un fort taux de solitude, de stress, mais aussi de personnes tristes et qui n’hésitent pas à réaliser de nombreuses heures supplémentaires au travail. » Et c’est là tout le paradoxe ! On a tendance à croire qu’un job bien rémunéré est toujours synonyme de bonheur.

Si le confort financier est présent, il est acquis au prix d’un effort non négligeable pouvant entraîner la propagation de maladies mentales et une consommation exagérée de psychotropes afin de masquer cette triste réalité. Et si les travailleurs n’arrivent pas à gérer la frontière entre la vie professionnelle et la vie privée, leur quotidien peut vite se transformer en un véritable enfer pouvant conduire jusqu’au suicide.

« Les statistiques ne mentent pas. Il existe une véritable opposition entre la pauvreté sociale et la prospérité économique. Les indicateurs sociaux dans les pays développés indiquent des relations sociales de plus en plus rares, une diminution de la confiance envers les autres et envers les institutions, mais aussi une perte de son temps libre. On cesse tout simplement de penser à soi et à son bien-être. Comprendre les causes de la consommation moderne et sa relation avec notre bien-être est certainement le premier pas vers des sociétés socialement et écologiquement durables. »

Que tirer comme enseignement de ce deuxième volet ? Que l’ouverture vers les autres est certainement la plus belle richesse que nous pouvons posséder… et contrôler.

Les interactions entre citoyens sont importantes pour garder du lien et s’épanouir au quotidien. Par contre, le paraître et l’argent -souvent au centre des débats- flattent peut-être notre égo, mais ont également un effet négatif en créant une société de plus en plus individualiste. Où chacun se dépasse pour soi-même et non pour l’intérêt d’un groupe, entraînant un esprit de compétition malsain.

Au final, Jean Gastaldi avait certainement raison quand il soulignait dans son bouquin « Le petit livre des gens heureux » : « être heureux, c’est savoir se contenter de peu et privilégier la qualité à la quantité ».

Le 3e lunch-débat est programmé le 8 novembre (12h00-14h00), toujours à la House of Startups – The Big Bang, à Luxembourg. Pour obtenir plus d’informations et s’y inscrire gratuitement, cliquez ici.

Sébastien Yernaux
Photos : ©Plaidons Responsable by Caritas

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Publié le vendredi 21 octobre 2022
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