L’économie circulaire et son impact sur la construction
Si l’économie circulaire s’impose aujourd’hui comme une forme d’évidence recouvrée et qu’elle s’impose à l’ensemble des secteurs économiques, elle présuppose de l’appréhender sous une forme parfois disruptive.
Son impact sur la construction est très large et pousse à une remise en question majeure de la manière dont l’acte de construire est aujourd’hui compris. Elle ne concerne pas uniquement les thèmes relatifs au recyclage des déchets dont le secteur de la construction est un important émetteur.
Ainsi, elle peut prendre des dimensions multiples qui touchent tant au projet de construction, qu’au processus de construction et l’usage ou l’exploitation des bâtiments. Elle met donc à l’honneur le cycle de vie du bâtiment et de ses composantes (matériaux et équipements, …). Ainsi, il nous appartiendra d’organiser les principes de l’économie circulaire autour de challenges nouveaux :
- Une approche multifonctionnelle : celle-ci se déclinera dans des bâtiments aux fonctions multiples, combinées et non uniques. Le concept des fonctions nobles des bâtiments souscrit ainsi pleinement à ce principe impératif. Le bâtiment devient ainsi actif (au sens des multiples fonctions qu’il supporte), produisant stockant et distribuant de l’énergie, acteur actif de la dépollution de l’air, de l’eau est des déchets, producteur d’agriculture urbaine sans parler de sa connectivité. Il conviendra encore d’aborder le concept de la refonctionnalisation des bâtiments, en l’occurrence un changement d’affectation des bâtiments en tout ou partie tout au long de son usage (un bâtiment de bureaux devenant ainsi un immeuble résidentiel et vice versa). Cette mutation des usages engendrera une nouvelle approche conceptuelle, spatiale architecturale et en termes d’ingénierie des équipements faisant la part belle à la démontabilité/flexibilité.
- L’économie de ressources sera au concept de cette nouvelle construction « circulaire » avec une conception peu énergivore en ressources et moyens mettant en évidence la nécessaire industrialisation/préfabrication optimisée, autant que la notion de Building databank dans laquelle le bâtiment est également une source potentielle de matériaux et ressources en vue d’usages futurs. Cette approche nécessitera une décomposition des bâtiments en différents ensembles techniques et constructifs démontables et transposables. L’intégration de matériaux innovants biosourcés ou de matières premières recyclées de qualité viendra compléter cette approche noble.
- L’émergence d’usages et donc de services nouveaux devrait suivre cette approche circulaire avec la création de nouveaux métiers, de nouvelles niches professionnelles et de sous-secteurs économiques, d’une évolution des compétences des maîtres d’ouvrage, de la maîtrise d’œuvre et des entreprises d’exécution sans parler des usagers futurs. De nouveaux business models viendront soutenir cette approche avec une croissance de la notion de BAAS – Building ou CAAS-Construction As A Service.
Cette vision circulaire est éminemment holistique et présuppose que le secteur l’aborde avec une logique de nouvelles opportunités plutôt que d’attentisme, il lui faudra donc une fois de plus « ré-évoluer ». En cela, le secteur de la construction se profilera comme un pro acteur positif des changements climatiques en intégrant ses activités dans une forme de boucle économique plus vertueuse
Bruno Renders
Photo : Fanny Krachenberger
Illustration : CSTC
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