L’environnement en toile de fond du travail de la Fondation IDEA

En dix ans d’existence, la Fondation IDEA a produit des dizaines de publications dans un but : susciter le débat d’idées et créer des rencontres, « sans aucun tabou, avec une approche très concrète », précise le directeur, Vincent Hein. Le think thank s’interroge ainsi sur la manière de garantir le « développement soutenable du Luxembourg », une tâche qui implique forcément de considérer les enjeux liés à la protection de l’environnement.

Depuis 2014, IDEA a de nombreuse fois abordé cette thématique, toujours sous l’angle socioéconomique. Sans être exhaustif, celui qui a commencé à travailler pour le think thank en tant qu’économiste, liste les travaux réalisés.

Les travaux menés…

« Nous avons fait des analyses et des recommandations en matière de mobilité durable, notamment lorsqu’on commençait à parler d’électrification du parc automobile au Luxembourg », déclare le directeur. « Pour nous, donner un avantage extra-salarial avec une voiture de fonction électrique était nécessaire pour verdir ce parc, mais pas suffisant. Et surtout, cela créait une forme d’iniquité vis-à-vis des salariés qui utilisent les transports en commun. Notre proposition - qui n’a malheureusement pas trouvé écho dans les faits - était de mettre en place une prime pour la mobilité durable, qui dépasse les coûts effectifs et qui soit augmentée pour les frontaliers qui payent un abonnement de transports en commun. »

La Fondation IDEA s’est intéressée à la question des finances publiques du Luxembourg. « Notre recommandation était de mettre en place un ‘budget vert’, c’est-à-dire de faire un screening de chaque euro d’argent public budgété, en fonction de son impact écologique. »

Le think thank a fait une analyse du positionnement du Luxembourg par rapport aux autres pays européens concernant la taxe carbone. Au-delà de la question de l’assiette de cette imposition, l’étude en question propose « que les recettes de la taxe soient dépensées pour favoriser la transition écologique », explique Vincent Hein. « Une des manières de le faire serait de faire créer un budget participatif : des comités citoyens décideraient quoi faire de cet argent. »

Une autre « étude d’envergure » s’est concentré sur l’aménagement territorial, en faisait des projections économiques et démographiques à l’horizon 2050. « Nous avons travaillé avec un géographe pour réfléchir à comment accueillir une population qui dépasserait 1,1 million d’habitants sur le territoire luxembourgeois et transfrontalier. Nous avons donc évidement questionné différents aspects environnementaux, par exemple l’artificialisation des sols ou les émissions de CO₂. S’agissant des transports, nous avons fait des propositions qui peuvent paraître un peu révolutionnaires, comme des téléphériques qui iraient de la gare au Kirchberg. »

… et ceux à venir

Mais le travail d’IDEA sur la thématique environnementale est loin d’être fini. « Le 30 septembre dernier, nous avons organisé un séminaire qui avait pour titre « La transition climatique au Luxembourg, un impératif sous contraintes multiples ». Le directeur raconte : « Nous avons réuni les différents ministères concernés, des représentants de l’industrie, du secteur de l’énergie, des ONG ou encore des experts internationaux. » Il ajoute que « la Fondation IDEA prépare un recueil d’experts sur la thématique de ce séminaire, qui sera publié prochainement. »

Le think thank a d’ailleurs renforcé ses compétences s’agissant des questions environnementales. « Nous avons recruté une personne qui travaillera principalement sur la transition énergétique, climatique et le développement durable. Nous avons aussi eu le plaisir d’accueillir Andrew Ferrone au sein de notre conseil scientifique, il représente notamment le Luxembourg au sein du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat). » Vincent Hein précise cependant qu’il n’est pas nécessaire d’avoir un passif professionnel en lien avec l’environnement pour avoir une sensibilité pour la question. Économiste de formation, il a lui-même eu l’occasion d’enseigner l’économie de l’environnement à l’université en France.

Pour le futur à court et moyen terme, la Fondation IDEA a prévu de réaliser « une analyse du chemin parcouru pour atteindre les objectifs du PNEC (Plan national intégré en matière d’énergie et de climat du Luxembourg pour la période 2021-2030, ndlr) en 2030. Ainsi, nous pourrons faire un diagnostic du chemin qui reste à faire. » Plus largement, le programme de travail prévoit « que nous participions assez activement au débat sur le système de retraite luxembourgeois, avec des propositions concrètes. Il y a aussi le sujet de la diversification économique du pays, de la réforme de la fiscalité des personnes physiques ou encore de la coopération transfrontalière. »

Par Léna Fernandes