Les entrepreneurs sociaux font bouger le monde
TERRA. C’est le nom de l’entreprise sociale qui a le plus séduit le public lors de la grande soirée de clôture du parcours 1,2,3 GO Social, en présence de leurs Altesses Royales le Grand-Duc Héritier et la Grande-Duchesse Héritière...
Organisé par Business Initiative, devenu nyuko a.s.b.l. suite à son rapprochement avec The Impactory, l’évènement a été marqué par les interventions de l’entrepreneur social Moriz Piffl mais également du ministre Nicolas Schmit et de Nicolas Buck, président de nyuko, alias Nic & Nic.
« Au Luxembourg, 98,5% des fruits et des légumes que nous consommons sont importés. Cela génère de la pollution, des inquiétudes quand à la provenance et aux méthodes de culture, un décrochage total des consommateurs par rapport à la saisonnalité. Bref, on veut de tout et tout le temps. Mais la planète ne fonctionne pas comme ça ». C’est par ces mots que Pit Reichert le cofondateur de TERRA avec Marko Anyfandakis et Sophie Pixius, a entamé sa présentation. Sur son site de 1,5 ha, sis au Eicherfeld à Luxembourg-ville, TERRA produit des fruits et légumes et les distribue à ses membres qui paient une cotisation annuelle pour leur part de la récolte. « Pour l’instant, 150 familles sont inscrites. Cela nous permet de cultiver dans une indépendance absolue, d’avoir de la visibilité et de pouvoir investir. Tous les coûts courants sont couverts dès le début de l’année. TERRA offre aussi des ateliers concernant l’écologie » a précisé Pit Reichert, non sans ajouter que cette coopérative a généré 120.000 euros de chiffres d’affaires depuis sa création, en un an.
« Une idée, beaucoup de passion et être disposé à souffrir »
Au-delà de son intérêt sur les plans écologique, sanitaire, social (les membres viennent personnellement récupérer leur panier ce qui favorise les échanges), TERRA est donc aussi une entreprise indépendante financièrement. Un point important que n’a pas manqué de relever Nikolaus Hutter, le directeur chez Angello Capital Ltd - Impact Investment in Central and Eastern Europe, qui a animé et commenté la séance de pitchs à laquelle ont participé les 7 entrepreneurs sociaux sélectionnés à l’issue de leur participation à la 3e édition du parcours 1, 2, 3 GO Social.
Est-ce cette particularité qui a fait que le public a choisi de voter plus massivement pour TERRA que pour les 6 autres projets (voir encadré) ? Difficile à dire et de toutes façons, les résultats ont été serrés. Serrée l’audience ne l’était pas mais force est d’avouer que l’événement 1,2,3 GO Social « Investing in social impact – Les entrepreneurs sociaux au Luxembourg sous les feux de la rampe », organisé le 12 mars a connu un très vif succès. L’auditorium de la Banque de Luxembourg affichait complet. Le choix de l’endroit ne relevait pas du hasard, la BDL est un fidèle partenaire de Business Initiative, devenu nyuko. « Nous avons été heureux de mettre les responsables de Business Initiative en relation avec La Ruche, une structure qui est la référence en matièrement d’accompagnement des entrepreneurs sociaux, en France », a rappelé Phlippe Depoorter, secrétaire général de la Banque de Luxembourg, lors de son introduction.
Le programme de la soirée était tout particulièrement séduisant. Outre la présentation des 7 finalistes du parcours 1, 2, 3 GO Social, nyuko avait convié un keynote speaker de choix en la personne de Moriz Piffl, le cofondateur de Gebrüder Stitch en 2010, entreprise sociale pour la fabrication de jeans organiques, et du café intergénérationnel Vollpension en 2012, tous les deux situés à Vienne. Il n‘a pas manqué de revenir sur ces aventures entrepreneuriales et notamment sur les difficultés rencontrées pour recruter les mamies qui confectionnent les gâteaux servis à la Vollpension. Mais il en a profité surtout pour donner son avis sur la panoplie que se doit de réunir le porteur de projet désireux de créer son entreprise sociale, à savoir de l’argent, de l’expérience, un plan d’affaires, un cadre légal et une dose de marketing. « Celui qui veut faire quelque chose doit avoir une idée, beaucoup de passion et être disposé à souffrir. Vivez votre rêve plutôt que de rêver votre vie. Il faut toujours privilégier l’action », a notamment indiqué le jeune entrepreneur dans une présentation pleine d’énergie et d’humour.
Les finalistes Terra récompensés
Le Nic & Nic Show
D’humour, les entrepreneurs sociaux n’en n’ont pas non plus manqué lors de leur prestation. Tout comme l’animatrice de la soirée, Hedda Pahlson-Moller, business angel spécialisée dans le secteur de l’entreprenariat social et cofondatrice de « The Impactory ». Le mot de la fin qui réunissait sur scène Nicolas Schmit, Ministre du Travail, de l’Emploi et de l’Economie sociale et solidaire et Nicolas Buck, président de nyuko asbl est ainsi devenu le Nic&Nic Show.
« Je crois que lorsque l’on évoque entrepreneuriat social, il est important de ne pas focaliser sur le mot social mais sur celui d’entrepreneur. J’ai d’ailleurs été sensible ce soir que les intervenants ont tous partagé leurs histoires. Entre un entrepreneur classique et un entrepreneur social, il n’y a finalement pas beaucoup de différences. Ce qui importe aujourd’hui, c’est qu’il y a des problèmes et que nous devons innover et trouver des solutions pour les résoudre », a souligné Nicolas Buck qui a également profité de son passage sur scène pour souligner que l’une des ambitions de nyuko (fruit de la fusion entre Business Initiative et The Impactory) était d’accompagner tous les entrepreneurs et de faire en sorte de « ramener les entrepreneurs classiques qui ont réussi, qui ont du temps et de l’argent à investir dans de nouveaux projets ». Nicolas Schmit, a quant à lui, confié que les 7 entrepreneurs sociaux l’avaient impressionné, notamment par leur capacité à innover. « Et nous devons tous travailler ensemble à parfaire l’écosystème Luxembourgeois pour favoriser l’économie sociale car nous ne sommes pas encore au niveau, comparé à ce qui se fait à Paris notamment. Est-ce que cela passe obligatoirement par un cadre légal spécifique, je n’en suis pas persuadé mais le monde bancaire comme l’Etat doivent réfléchir et collaborer pour développer des outils qui favoriseront la création et le développement de ces entreprises sociales », a souligné le ministre qui a, lui aussi, tout particulièrement apprécié le projet TERRA. Et cela pour une petite précision apportée par Pit Reichert lors de son pitch. Il a précisé que la coopérative agricole fonctionnait sans aides financières publiques et tenait à ce qu’il en soit ainsi.
1,2,3 GO Social
Le parcours 1,2,3 GO Social, créé par Business Initiative en 2011, s’adresse exclusivement à des entrepreneurs portant des projets à finalité sociale ou solidaire. Dans ce cadre, les porteurs de projet bénéficient d’une palette de services afin de construire, d’affiner ou de parfaire leur plan d’affaires : coaching gratuit assuré par des professionnels de l’économie solidaire, workshops, événements et networking. Comme lors des précédentes éditions, les candidats qui sont allés au bout de cette aventure entrepreneuriale ont eu l’opportunité de présenter leur plan d’affaires à un jury afin de participer à la finale du parcours. Sur les 14 candidats, 11 se sont présentés pour défendre leur projet devant ce jury. Ils ont chacun disposé d’une dizaine de minutes de présentation suivies de 5 minutes de questions-réponses, pour expliquer leur concept et convaincre les membres du jury de leur potentiel. Pour juger les projets, le jury dispose d’une grille d’évaluation qui porte sur la motivation du porteur de projet, la définition de la problématique sociale, les solutions avancées et le marché, la pertinence du modèle économique, enfin, l’originalité du produit ou du service. C’est à l’issue de ce parcours que 7 porteurs de projets ont été sélectionnés et dévoilés lors de la grande soirée 1, 2, 3 GO Social.
Pour plus de renseignements, veuillez contacter :
Sylvia Mann (chargée de communication 1,2,3 GO Social)
Tel : +352 42 39 39 274
Email : sylvia.mann@cc.lu
Website : www.123gosocial.lu